NBA - Quel poste pour Victor Wembanyama (San Antonio Spurs) en NBA ?

Les San Antonio Spurs ont pioché trois fois en première position à la draft dans leur Histoire. Et à chaque fois, ils sont repartis avec un pivot présenté comme "générationnel", un joueur susceptible de révolutionner le poste, voire carrément le basket. David Robinson en 1987 (arrivé en NBA deux ans après). Une montagne de muscles capable de courir aussi vite que les ailiers d’un bout à l’autre du parquet. Tim Duncan en 1997. Il s’est d’abord écarté en ailier-fort, pour évoluer avec son aîné, avant de revenir en pivot et de s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps. Puis maintenant Victor Wembanyama en 2023. "From France, Center." L’avenir dira s’il peut avoir un impact similaire aux deux Hall Of Famers, tous les deux sacrés avec la franchise texane.

Le jeune homme de 19 ans est donc listé comme un pivot par la ligue, à en croire le "C" inscrit sur le panneau géant affiché derrière l’estrade installée au Barclays Center de Brooklyn, où avait lieu la draft la nuit dernière. Logique, après tout, pour un joueur mesuré à 2,21 mètres. Les Spurs ont même les profils parfaits pour entourer le géant. Jeremy Sochan, drafté l’an passé, est l’ailier-fort atypique, très mobile, polyvalent et bon passeur. Keldon Johnson et Devin Vassell les ailiers capables de prendre feu et d’assurer le scoring. Tre Jones est lui le meneur organisateur et gestionnaire qui alimente tout ce petit monde. Tous ont moins de 24 ans et leurs profils sont complémentaires autour d’un poste cinq comme Wembanyama. Ça donne un noyau dur très intéressant.

Mais justement, quel type de pivot le Français va-t-il devenir ? Une machine à mettre des points en un-contre-un comme Joel Embiid ? Un sniper qui s’écarte du cercle comme Kristaps Porzingis ? Un protecteur d’arceau capable de poser des écrans, de rouler fort vers le panier et de finir de près comme Jarrett Allen ? La grande force du natif du Chesnay réside justement dans sa capacité à faire un peu de tout. La combinaison de ses caractéristiques physiques et de sa qualité technique font qu’il peut vraiment devenir un joueur unique en NBA.

Laissons de côté les étiquettes de "pivot", "ailier", etc. La majorité des coaches et des dirigeants ne voient en réalité plus que trois postes, ou plutôt trois rôles sur le terrain, et c’est aussi pourquoi ils souhaiteraient que les récompenses comme les All-NBA Teams ne prennent plus en compte les positions traditionnelles. Pour résumer simplement, il y a maintenant les joueurs qui jouent des picks-and-roll balle en main, ceux qui posent les écrans et ceux qui étirent les lignes en attendant de réceptionner une passe derrière la ligne à trois-points. Là encore, même dans ces nouvelles définitions, Victor Wembanyama peut remplir toutes les cases.

Sa taille et ses longs bras en font une cible parfaite pour des lobs conclus en alley-oops ou par des gros dunks après avoir été le porteur d’écran sur un extérieur. Sa mécanique de tir et son aptitude à dégainer plus haut que tout le monde laissent imaginer qu’il puisse devenir une potentielle menace de loin. Enfin, son aisance en dribble et sa mobilité devraient lui permettre d’attaquer les défenses en partant de la ligne à trois-points, en défiant ses vis-à-vis ou en les prenant de vitesse, notamment s’il est défendu par des pivots plus conventionnels et donc plus lourds et moins véloces. Le jeune homme a déjà répété plusieurs fois qu’il s’inspirait de Kevin Durant et Giannis Antetokounmpo, deux "grands" qui évoluent différemment des clichés réservés aux joueurs de leur taille… tout en faisant dix centimètres de moins que le Français. Ce dernier a aussi avoué qu’il admirait Russell Westbrook. De là à jouer un jour meneur ?

"Vincent Collet m’a beaucoup fait travailler le poste de meneur et il m’est arrivé de l’occuper. Je ne vois pas ça comme une révolution. C’est une vision personnelle, ma personnalité. Personne ne m’empêchera d’évoluer à tous les postes", confiait l’intéressé à L’Equipe. Dans les faits, il n’a jamais vraiment joué meneur à Boulogne-Levallois et ça n’arrivera pas non plus à San Antonio. Rien que défensivement, il serait dommage de se priver de son envergure massive pour protéger le cercle. Mais des attaquants adverses vont essayer de l’attirer au large et lui ne veut refuser aucun challenge : "Quand j’étais à l’ASVEL, on a eu cette idée que je pouvais défendre sur le meneur adverse." Par séquences, oui. Sur tout un match, sans doute pas. L’idée étant d’exploiter au maximum toute sa palette.

De toute façon, il aura la balle entre les mains en attaque. Comme toutes les stars. Parce que au-delà de son poste, c’est avec ce statut qu’il débarque à San Antonio. Les stars ont des ballons, des possessions à exploiter comme bon leur semble. "Laisser Victor être Victor ? Bien évidemment, je crois que je l'ai déjà dit. Je vais le regarder. Vous ne pouvez pas transformer les joueurs en ce que vous pensez qu'ils doivent devenir. Vous devez comprendre ce qu'ils sont et en profiter", note déjà Gregg Popovich, qui devrait donc laisser des libertés à son nouveau poulain. Nikola Jokic, par exemple, est un pivot. Mais il est le meilleur playmaker des Nuggets. Bien souvent, il se retrouve en position de meneur et s’il veut remonter la balle et organiser le jeu, libre à lui.

La NBA va lister Victor Wembanyama parmi les "5" et il sera parfois aligné par les Spurs avec un autre intérieur autour de lui, selon ce que l’autre équipe propose. Mais dans le jeu, en revanche, il aura carte blanche pour se tester. Au final, c’est presque tout ce qui compte pour lui. "J'aimerais bien que quand on me scoute, on ne sache pas quoi dire, ce sera ça l'objectif final. Que le coach dise à son joueur 'vas-y fais des fautes'. J'aimerais que ce soit systématique et pouvoir m'adapter à toutes les situations. [...] Si je faisais ne serait-ce que 10 centimètres de moins, ce ne serait pas possible. J'ai cette opportunité et si je ne la saisis pas j'aurai des regrets", déclarait-il en avril dernier lors d’un entretien accordé à First Team. S’il y parvient, Victor Wembanyama ne sera pas simplement l’un des grands pivots draftés par les Spurs mais bien l’une des légendes de cette ligue, comme Robinson ou Duncan.