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NBA - Phoenix Suns, tout ça pour ça : retour sur un fiasco annoncé

Antoine Pimmel

Mis à jour 29/04/2024 à 18:51 GMT+2

Très ambitieux cette saison, les Phoenix Suns sont les premiers éliminés des playoffs, sortis en quatre manches sèches par les Minnesota Timberwolves. Un échec terrible mais pourtant assez prévisible pour une équipe qui a tout misé sur trois superstars. Sans, dans le même temps, prendre soin de construire un effectif cohérent autour de leur talent.

Kevin Durant (Phoenix Suns) face aux Minnesota Timberwolves, vendredi 26 avril 2024. / NBA

Crédit: Getty Images

La réalité est froide, implacable : les Suns ont pris un coup de balai au premier tour des playoffs. Ils ont été dominés sèchement (4-0) par des Minnesota Timberwolves plus athlétiques, plus dynamiques et tout simplement plus forts. Cela faisait 25 ans que Phoenix n’avait pas pris une telle correction. Mais les ambitions de la franchise étaient bien différentes à l’époque. Là, les joueurs parlaient de titre. Bradley Beal affichait ses objectifs en annonçant qu’il venait chercher une bague.
Les Suns ont changé une équipe qui est passée tout près de gagner. Devin Booker est le dernier rescapé d’un groupe des Suns qui a remporté les deux premiers matches des finales 2021, avant de finalement s’incliner en six manches contre les Bucks. Puis Matt Ishbia est arrivé à la tête de la franchise de l’Arizona après que Robert Sarver est poussé vers la sortie suite à divers scandales. Le jeune milliardaire a voulu marquer les esprits et frapper un grand coup. Trois jours après l’officialisation du rachat de l’organisation, Ishbia œuvrait personnellement pour faire venir Kevin Durant à Phoenix en l’échange de trois joueurs et cinq tours de draft.
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Mat Ishbia

Crédit: Getty Images

Le proprio ne s’est pas arrêté là. Comme KD et Booker n’ont pas pu éviter l’élimination au second tour contre les Denver Nuggets, futurs champions, lors des playoffs 2023, Ishbia les a entourés de Bradley Beal, récupéré en cédant Chris Paul et les quelques derniers atouts disponibles lors des prochaines drafts. Deandre Ayton a aussi été sacrifié un peu plus tard pendant l’intersaison. Les Suns ont donc monté sur pied une super team construite à la hâte tout en nommant un nouveau coach sur le banc – Frank Vogel, Monty Williams ayant été renvoyé malgré 194 victoires en 309 matches – chargé de trouver une solution miracle en quelques mois. Mais comment penser que ça pouvait finir autrement que par un échec retentissant ?

Du talent, oui, mais pas d'équipe

Matt Ishbia rêvait des sommets en relançant la mode des associations de superstars à une époque où les équipes qui gagnent se reposent sur des collectifs bien huilés autour de leurs joueurs majeurs. Les dirigeants ont pris le problème dans le mauvais sens et le résultat est sans appel. Phoenix a gagné 49 matches, certes, mais en alternant les hauts et les bas tout au long de la saison. Un irrégularité chronique qui ne présageait rien de bon et qui ne pouvait pas juste s’expliquer par les absences temporaires de Booker, Beal ou Durant. Ce groupe n’avait pas d’âme. Pas de leaders. Pas d’identité de jeu. Et tout ça a été exposé au grand jour par les Timberwolves au moment où ça comptait le plus.
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Devin Booker lors du match entre le Magic d'Orlando et les Phoenix Suns, le 28 janvier 2024 en NBA

Crédit: Getty Images

Sans vrai meneur pour organiser l’attaque, les Suns ont pratiqué l’un des baskets les plus pauvres des équipes qualifiées pour les playoffs. Ils se sont reposés bien trop souvent, si ce n’est uniquement, sur le talent de leurs futurs Hall Of Famers et leur capacité à faire la différence seul. Ça n’a pas fonctionné. Phoenix avait l’attaque la moins prolifique de la ligue dans les quatrièmes quart-temps. Ces moments où la balle est dans les mains d’un seul homme avec peu de mouvement autour. Beaucoup trop prévisible. Presque même trop facile pour des défenseurs aussi hargneux que Jaden McDaniels et Anthony Edwards, surtout avec Rudy Gobert en couverture derrière. Minnesota a limité son adversaires sous les 100 points lors des deux premiers matches de la série.
Ce n’est pas comme si les hommes de Frank Vogel pouvaient se reposer sur leur défense pour gagner. Là aussi, ils accusaient de sérieuses lacunes. Parce que pas assez longs – logique avec Beal et Booker dans le cinq majeur – pas assez frais (Durant va avoir 36 ans, il ne peut plus être aussi impactant défensivement) et pas assez athlétiques. La différence d’intensité avec les Wolves était particulièrement marquante. Le staff avait peu d’options au-delà de ses trois stars. Derrière, c’était le désert d’Arizona ou presque. Surtout après la blessure de Grayson Allen.

Un avenir... inexistant, ou presque

Les super teams gagnent rarement du premier coup de toute façon. Même le Miami Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh a connu son lot d’échecs. Mais les Floridiens sont tout de même allés en finales. Les Suns viennent d’encaisser un 4-0 dès le premier tour des playoffs. L’échec est retentissant. Surtout, cette équipe a été construite dans le but d’aller au bout le plus rapidement possible. Le temps presse.
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L'absence de Devin Booker (Phoenix Suns) s'est révélée préjudiciable contre les 76ers.

Crédit: Getty Images

KD prend de l’âge et il serait frustré par son rôle. Beal est régulièrement sujet aux blessures. La masse salariale de la franchise pour la saison prochaine bat tous les records. 150 millions investis sur les trois meilleurs joueurs, c’est plus que quatorze autres équipes de la Ligue. 205 millions au total, largement au-dessus de la taxe du la fortune prévue dans le CBA. Ce qui signifie que les Suns seront très limités pour recruter. Le règlement prévoit en effet plusieurs restrictions et les dirigeants devront probablement compléter l’effectif avec des joueurs signés au minimum salarial. La marge de manœuvre est réduite, voire inexistante… à moins de transférer l’un des méga contrats (Beal – qui dispose d’un droit de veto – Booker ou KD).
Ce n’est pas au programme. En revanche, les journalistes américains affirment que les Suns réfléchiraient déjà à changer de coach et à licencier Vogel un an après lui avoir offert 31 millions sur cinq saisons. Après tout, pourquoi changer complètement une équipe qui perd après avoir détruit celle qui était proche de gagner ? Qui sait, sur un malentendu, ça peut passer.
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