Jeux Olympiques - Paris 2024 - Equipe de France basket - A un tournant, les Bleus ont une chance unique avec Wembanyama

Vincent Collet l'a annoncé d'emblée quelques minutes après cette finale mémorable face à Team USA (98-87), samedi soir. Les Bleus sont à "la croisée des chemins". Cette médaille d'argent ramenée n'est pas la fin de l'histoire, mais elle annonce un tournant qui va être pris dans les prochaines années. Alors, il y a une petite peur présente comme souvent à l'heure de se lancer dans une nouvelle aventure. Mais il y a aussi de l'excitation de se dire que la nouvelle ère des Tricolores peut être celle de l'inimaginable dans le sillage de Victor Wembanyama évidemment.

L'équipe de France sait déjà qu'elle va perdre des piliers clefs de ces dernières campagnes. Nicolas Batum, le capitaine exemplaire, a notamment choisi de tourner la page. "Il est temps de laisser la place et de passer le flambeau aux jeunes qui arrivent. Je n'ai plus rien à donner", a lancé samedi soir l'ancien Manceau, qui va laisser un sacré vide aussi bien sur le parquet que dans le vestiaire. Nando de Colo, relancé en finale ce samedi avec brio, va lui aussi s'arrêter là. Et ne plus avoir ces deux-là, c'est tout sauf anodin. "On a pris quatre médailles sur les cinq dernières compétitions. Alors bien sûr, on a raté la Coupe du monde 2023. Mais sur les cinq dernières compétitions, ça montre notre constance, notre régularité" a résumé Batum. Mais ce n'est pas fini.

 

Avec eux, un autre cadre et non des moindres devrait plier les gaules : Vincent Collet. Tard dans la nuit après cette finale face à Team USA, le sélectionneur des Bleus a laissé entendre qu'il ne poursuivrait pas son bail à la tête des Bleus débuté en 2009 ! "Normalement, je termine", a déclaré le technicien de 61 ans. "J'ai été pendant 15 années un grand privilégié", a poursuivi le Normand, qui a ajouté une deuxième médaille d'argent olympique à sa collection (huit podiums), qui compte également un titre de champion d'Europe (2013), seul trophée de l'histoire des Bleus. S'il ne rempile pas, l'équipe de France va perdre l'architecte de ses plus belles années. Un leader d'hommes mais aussi et peut-être surtout un technicien aussi fin que pointu.

Véritable chef d'orchestre, l'ancien coach de Strasbourg ou encore des Mets 92 a rappelé durant ce tournoi olympique toute sa science pour faire taire les mauvaises langues après avoir été critiqué pour sa sélection puis sur le niveau de jeu affiché en première phase. A partir des quarts de finale, il a opéré des choix forts pour signer des "masterclass" face au Canada puis à l'Allemagne. Et même en finale face à Team USA, il a su pianoter avec efficacité pour permettre aux Bleus de conserver leur intensité et d'y croire jusqu'au bout. La fédération française risque de devoir lui trouver un successeur. Et le défi s'annonce vertigineux.

 

Alors, faut-il craindre la peur du vide alors que d'autres précieux leaders – Evan Fournier et Rudy Gobert – ont connu un été plus ou moins mitigé même si l'arrière a su être crucial à plusieurs moments ? Ce serait oublier que la France a déjà incorporé un phénomène que toute la planète basket lui envie : Victor Wembanyama. Et sa finale majuscule à 20 ans (26 pts et 7 rbds) a démontré que l'avenir pouvait être radieux pour les Bleus. "Ce n'est que le début. Je n'ai que 20 ans. Je suis décidé à porter cette équipe de France le plus haut qu'il me sera permis", a d'ailleurs annoncé la star des San Antonio Spurs.

Pour l'accompagner dans cette quête ultime et alléchante, l'équipe de France possède en plus déjà de quoi faire. Impérial dans cette phase finale, Guerschon Yabusele n'a que 28 ans et de nombreux étés devant lui. Matthias Lessort (28 ans) n'est pas en reste. Et à 31 ans, Evan Fournier, qui va devoir retrouver un club pour se relancer, n'a sûrement pas encore dit son dernier mot tout comme Rudy Gobert, qui n'a pas été à la fête cet été mais reste un défenseur d'exception. "Aucune idée de ce que je vais faire. Après Victor (Wembanyama), Guerschon (Yabusele)... J'aimerais être avec eux. Avec tout le reste du groupe, tout ceux qui arrivent derrière. L'équipe de France a un bel avenir", a déjà prévenu l'arrière des Bleus. Il faudra aussi suivre Isaïa Cordinier, qui a marqué les esprits, ou encore Nadir Hifi, qui a montré de belles choses en préparation et doit confirmer en Euroligue. Mais le plus alléchant se trouve peut-être ailleurs.

Même s'ils n'ont pas encore confirmé tout leur talent, la France a vu arriver d'autres prodiges ces derniers mois. Zaccharie Risacher (1er, Atlanta), Alex Sarr (2e, Washingthon) ou encore Tidjane Salaün (6e, Charlotte) viennent d'être sélectionnés aux premières places de la dernière draft NBA. Et s'ils sont moins matures que Wemby, ils ont le potentiel pour devenir des joueurs de premier plan à moyen ou long terme. S’ils répondent aux attentes, ils seront des atouts clefs en plus à cette équipe de France. Aperçu au début de la préparation, Nolan Traoré (18 ans, Saint-Quentin) est lui déjà présenté comme le "meneur de demain" et affole les scouts NBA, alors que d’autres jeunes Bleus poussent.

De quoi se dire que la France possède de quoi faire, après avoir surfé sur les générations Parker puis Fournier-Gobert. "Il faut apprendre, grandir et faire confiance à la nouvelle génération, comme on a fait confiance à l'expérience cette année, annonce Victor Wembanyama. On a des diamants qui sortent de notre pays, donc on a toutes nos chances. Si ce n'était pas cette fois, ce sera la prochaine. Il faut continuer à être des chiens, continuer à imposer notre rythme. Comme on a fait toute la compétition : être nous-mêmes. Chaque fois qu'on a été nous-mêmes, personne n'a pu nous arrêter". Un discours de leader déjà. Et la principale chance des Bleus est bien là : posséder ce joueur "générationnel" qu'est Wemby. Une star qui peut permettre aux Tricolores de poursuivre sur cette lancée historique. Et de devenir ceux qui vont briser le plafond de verre sur la scène internationale.