Battu par Fenerbahçe en finale de l'Euroligue, le bizuth Monaco a reçu la leçon
ParLoris Belin
Publié 26/05/2025 à 00:14 GMT+2
L'AS Monaco devra encore patienter pour espérer décrocher son premier titre en Euroligue, après sa défaite en finale dimanche contre Fenerbahçe. Sans être passée à côté de son sujet, la Roca Team n'a pas livré le match plein espéré. Rageant certes, mais pas réellement surprenant. Ni même inquiétant tant ces dernières années, le club du Rocher a aussi gravi les échelons sur la base de ses échecs.
Matthew Strazel (Monaco) lors de la finale de l'Euroligue contre Fenerbahçe, le 25 mai 2025
Crédit: Getty Images
Drôle de première ce dimanche pour l'AS Monaco. Pour sa première finale d'Euroligue, le club du Rocher aura eu le droit à une expérience quasi complète d'un pareil événement : une certaine tension, un public adverse déchaîné, et au final une déception légitime sans non plus être complètement amère. Il y a dans la prestation monégasque le paradoxal sentiment du "si près, si loin". Si près au score, longtemps. Si loin, tant le moindre petit ingrédient qui ferait défaut prend des proportions aussi gigantesques que l'est l'enjeu. Monaco a eu le droit à son rite de passage de ce qui le sépare encore du gratin européen.
C'est dans le fond un retour à la normalité comme ce club n'en connaît que peu en apparence. Avec la Roca Team, tout va tellement vite, de la quatrième division au gratin du basket français, de l'Eurocoupe au Final Four de l'Euroligue que l'on avait peut-être imaginé que les sommets du continent ne seraient qu'un obstacle de plus à survoler. Dimanche à Abu Dhabi, cela en a pris le chemin pendant environ 20 minutes. Le temps d'une première période pas pleinement aboutie, mais pourtant sur le point d'être conclue en étant en tête à mi-parcours contre Fenerbahçe, un poids lourd européen. Puis les failles monégasques du soir ont pesé de plus en plus lourd.
Du coeur, mais un manque d'intensité
"Quand nous avons mené de neuf points dans le deuxième quart-temps, nous avons raté la dynamique, a estimé l'entraîneur monégasque Vassilis Spanoulis. Ils ont mis des gros tirs. Mais nous avons les mêmes statistiques dans presque tous les secteurs. Les seules différences, ce sont les balles perdues et les lancers-francs." La lecture froide de la feuille de stats ne dit sans doute pas tout de ce match, où la Roca Team a eu les rênes du score mais sans vraiment poser des premières phalanges sur le trophée.
Monaco a eu du cœur, ses soldats de luxe Alpha Diallo et Jaron Blossomgame en tête, les internationaux français Matthew Strazel et Mam Jaiteh aussi, par séquences. Mais il lui a manqué un supplément d'envie, celui qui fait tenir le cap même quand le jeu n'est pas vraiment au rendez-vous, et qui préserve la foi en soi. Demandez à Fenerbahçe, complètement déréglé au tir en première période (3/11 à trois-points), mais qui n'a pas dévié de son plan de jeu et en a été récompensé (6/11 derrière l'arc après le repos). De l'espoir sont né les efforts, puis la confiance dans le cercle vertueux que connaissent de nombreux champions.
"Quelques regrets tactiques"
L'ASM a vu sa propre confiance s'étioler, à force d'attaques trop sclérosées et peu inspirées, que la défense n'a pu compenser. "On peut avoir quelques regrets tactiques sur le match, analysé Mam Jaiteh en zone mixte. Ils ont commencé à changer sur les écrans notamment, ce qui nous a ramené sur du jeu statique en attaque. On n'a pas réussi à se trouver, on a eu beaucoup de tirs dans des conditions difficiles. On n'a pas réussi à trouver l'énergie pour surfer sur un certain rythme. Ce qui fait que défensivement cela a été plus dur, les jambes sont plus lourdes, le rythme est un peu moins fluide."
"Les deux équipes méritaient de gagner, mais une seule gagne à la fin, a abondé Vassilis Spanoulis. Je pense qu'on n'a pas bien fait tourner le ballon, et ils ont mis quelques gros tirs, tout en défendant bien. Mais leur attaque était simplement meilleure." À l'inverse, le maître à jouer monégasque Mike James a trop voulu forcer la décision par lui-même (6/19 au tir, 2 passes décisives seulement), lui qui avait jusque-là passé un cap d'altruisme sous les ordres de Spanoulis. Elie Okobo est, lui, passé à côté avec un 0/8 au tir coûteux.
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Elie Okobo (Monaco) au tir face à Fenerbahçe en finale de l'Euroligue, le 25 mai 2025
Crédit: Getty Images
Ils ne seront ni les premiers, ni les derniers à ne pas montrer leur meilleur visage pour leur toute première grande finale en carrière. Idem pour Spanoulis, arrivé sur le banc fin novembre pour sa toute première campagne en Euroligue. Son grand copain d'en face, Sarunas Jasikevicius a enfin soulevé son premier titre de C1 comme entraîneur pour sa sixième participation au Final Four.
"Nous avons beaucoup de joueurs qui n'ont pas connu leur meilleur jour, mais nous nous sommes bien battus, a expliqué Vassilis Spanoulis. Pour Monaco, une finale, c'est crever le plafond et dépasser les attentes placées en nous. Nous étions vraiment proches du trophée. C'est la vie. Vous vous battez toute votre vie pour gagner des trophées. Parfois, cela marche du premier coup, parfois c'est à la dixième tentative, la deuxième, la cinquième, peu importe."
"Nous avons joué dur et que nous avons été pénalisés, alors que Fenerbahçe jouait dur et était autorisé à le faire"
S'incliner pour sa première tentative répond à une forme de logique. Monaco est à "sa place", celle de celui qui a encore des choses à apprendre. Sans qu'il y ait de scandale arbitral à signaler, et comme un nouveau clin d’œil au contexte de double titre de Limoges et de l'OM en 1993 avant celui espéré de Monaco et du PSG 32 ans plus tard, Spanoulis a d'ailleurs un peu pris des airs de Bernard Tapie post-scandale Vata, quand le président phocéen assurait que "manager l'environnement d'une Coupe d'Europe", il n'avait "pas compris".
"Le match était très physique, a analysé Spanoulis en conférence de presse dimanche. Dans de nombreuses situations, je trouve que nous avons joué dur et que nous avons été pénalisés, alors que Fenerbahçe jouait dur et était autorisé à le faire. C'était évident. Mais c'est comme ça. Nous aurions dû faire un meilleur travail pour limiter nos balles perdues, et pour faire bouger le ballon."
On ne devrait plus les y reprendre. Car c'est aussi comme cela qu'avance la Roca Team. De ses deux premières participations à une Coupe d'Europe, la troisième puis la deuxième place de la Ligue des champions en 2017 et 2018 a suivi la victoire en Eurocoupe en 2021. Ses défaites en finale du championnat de France dans le costume du favori en 2018, 2019 puis 2022 ont aidé à construire les sacres nationaux de 2023 et 2024. Et le trou noir terrible dans le troisième quart-temps de la demi-finale de l'Euroligue 2023, contre l'Olympiakos (27-2, pour une défaite de 14 points) a nourri l'envie de revanche cette année, pour cette même affiche, au même stade, avec cette fois la victoire au bout. Il se pourrait donc bien que dans un futur pas si lointain, Monaco recroise Fenerbahçe.
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