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Mondiaux 2023 - Relais messieurs : Pour les Bleus, le sacre de l'amitié et de la persévérance

Laurent Vergne

Mis à jour 18/02/2023 à 17:53 GMT+1

CHAMPIONNATS DU MONDE 2023 – La Norvège semblait intouchable. Mais en calant au tir dans des conditions terribles, la bande à Johannes Boe a dû se contenter de l'argent cette fois, derrière une magnifique équipe de France. A la peine sur le plan individuel, les Bleus se sont transcendés samedi à Oberhof pour conquérir le titre. La victoire d'un groupe toujours uni, quoi qu'il arrive.

Le vent a soufflé sur la Norvège et la France en a profité : le résumé du sacre tricolore

Toutes les médailles d'or sont savoureuses, mais celle-ci porte en elle un goût encore plus appréciable pour le biathlon français. Dire que ces Mondiaux d'Oberhof étaient jusqu'ici frustrants pour l'équipe masculine serait une vision aseptisée des choses. Avant ce dernier week-end, le spectre d'un zéro pointé pour ces messieurs flottait dangereusement au-dessus des têtes tricolores. C'eut été une première depuis 2009. Alors ce titre dans le relais fait un bien fou à tout le monde. Antonin Guigonnat, Fabien Claude, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon Maillet ont réussi ce que tout le monde pensait impossible : battre l'intouchable Norvège et son extra-terrestre Johannes Boe.
Il fallait que quelque chose de spécial se passe pour qu'une autre nation puisse envisager de décrocher l'or samedi. Ce quelque chose, ce fut le vent. Dantesque, soufflant en violentes rafales, au point que la décision de maintenir les épreuves du jour n'a été prise que deux heures avant le départ, il a nivelé les valeurs et transformé cette course non seulement en une bataille entre équipes, mais aussi de chaque athlète sur lui-même. "C'était un combat, a souligné le premier relayeur français, Antonin Guigonnat. Sur la piste, il y avait un gros vent de face et j'ai dû demander le relais à des adversaires pour pouvoir récupérer un peu."
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Boe laché, Fillon-Maillet retrouvé pour chercher le titre de champion du monde : l'arrivée en vidéo

Lucidité

Mais c'est bien sur le pas de tir que les biathlètes ont connu l'enfer. Ils s'y étaient préparés, mais pour beaucoup, le couché et, surtout, le debout, ont tourné au cauchemar. "Je ne voyais pas d'équipes finir sans aller tourner sur l'anneau de pénalité", a confié Fabien Claude au micro d'Eurosport. De fait, tout le monde a tourné. Une fois pour les Bleus, via Emilien Jacquelin dans le troisième relais. Heureusement, face à lui, la machine Sturla Holm Laegreid a dû passer par l'anneau, lui aussi.
Cette victoire, c'est celle de la maîtrise. Celle de l'équipe de France a été supérieure à celle des Norvégiens. Tous ont galéré un moment ou un autre au tir. Y compris Johannes Boe sur son couché, où, après avoir manqué trois de ses cinq premières balles, il a réussi à rentrer ses trois pioches. Mais le mal était fait.
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Tempête sur le 4e tir du relais... la Norvège avait perdu gros

Les Tricolores, eux, ont constamment été devant et sont toujours restés lucides, à l'image de Fabien Claude sur son deuxième tir : "Sur le debout, j'étais content de m'installer au milieu du paquet (il est arrivé en compagnie du Suisse et du Tchèque dans ce qui constituait alors le trio de tête). Le fait d'être au milieu était important, car ça abrite un minimum. Il ne fallait surtout pas être le dernier de ton groupe, parce que le vent venait de la gauche vers la droite. J'avais bien ça en tête."
C'est la victoire de tout le biathlon français
Ils ont aussi eu un petit coup de pouce du destin sur le tir debout du deuxième relais. Fabien Claude a tiré dans des conditions délicates mais pour ceux qui sont arrivés juste après le départ du Vosgien, le vent s'est déchaîné pour se transformer en tempête. C'est là qu'ils ont fait un break sans doute décisif. "On a bénéficié d'un petit créneau de chance sur ce tir, mais pour moi, ils ont fait un relais à l'attaque et c'est ce qu'il fallait aujourd'hui. Ils ne se sont pas laissé démobiliser face aux conditions", souligne Sandrine Bailly, la consultante d'Eurosport.
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Fillon-Maillet en mode "Lucky Luke" offre le titre de champion du monde : son dernier tir en vidéo

Ce titre tombe donc à pic pour effacer, ou au moins atténuer, l'ensemble décevant de ces Mondiaux, et même de cette saison. C'est peut-être encore plus beau qu'il émane du relais, consacrant tout le monde en même temps. "C'est la victoire de tout le biathlon français, juge Antonin Guigonnat. Un vrai résultat d'équipe car on passe beaucoup de journées ensemble dans l'année pour s'entraîner."
Émilien Jacquelin ne dit pas autre chose. Le double champion du monde de poursuite savoure cette dimension collective. "Il y a une réelle amitié entre les athlètes, on a un groupe qui vit super bien, insiste-t-il. Cette année, il ne s'est peut-être pas tiré vers le haut comme on pouvait l'espérer mais, justement, cette médaille montre que cette équipe a une âme, elle a un cœur et toute l'énergie de l'amitié a parlé aujourd'hui. On le sait très bien, les relais, ça a toujours une saveur particulière. Ça récompense quatre athlètes mais quand je vois la joie des deux jeunes de l'équipe, Eric et Oscar celle des techniciens, du staff, c'est tout le petit monde du biathlon français qui est récompensé."
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"C'est la plus belle !", Guigonnat et Claude savourent le titre de champion du monde

On s'accroche, on a cette faculté-là
L'union a fait la force pour ces individualités plus ou moins à la peine ces derniers temps. "C'est comme dans tout, reprend Jacquelin, dans le haut niveau, il y a des moments plus difficiles que d'autres, mais malgré le mauvais temps d'Oberhof, il y a toujours des rayons de soleil. Il faut savourer, car ça a été des Championnats compliqués. Mais on s'accroche, on a cette faculté-là. On s'est battu contre nous-mêmes et c'est comme ça qu'on va chercher les choses. C'est peut-être ce qui nous avait manqué depuis le début de saison, même au plan individuel."
C'est le troisième titre planétaire pour le relais masculin. Le dernier en date était tout frais. C'était en 2020, pour l'ultime saison de Martin Fourcade. "C'est presque une autre génération, selon Jacquelin. Le titre d'Antholz récompensait les années Martin Fourcade, ça faisait 15 ans à l'époque qu'on n'avait pas eu l'or en relais du Championnat du monde. Le faire presque aussi rapidement derrière, c'est une réelle fierté." Même dans le dur, le biathlon français a de la ressource.
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