Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Quentin Fillon Maillet vs Johannes Boe, Emilien Jacquelin, règlement... Six questions avant la saison de biathlon

Simon Farvacque

Mis à jour 28/11/2022 à 17:31 GMT+1

COUPE DU MONDE - Le biathlon, c'est reparti. La saison 2022-23 débute ce mardi, à Kontiolahti. Elle sera différente des précédentes, ne serait-ce qu'en termes réglementaires. De la perspective d'un duel entre Johannes Boe et Quentin Fillon Maillet à un leadership à définir chez les Françaises, voici six questions que l'on se pose, avec l'éclairage de notre consultant Loïs Habert.

Fillon Maillet, le roi a toujours faim : "Je n’ai pas moins d’exigence"

Que penser du nouveau règlement ?

Adieu les calculs interminables. L’IBU a renoncé à sa controversée règle du retrait d’un certain nombre de résultats, à l’issue de la saison. Le classement n’en sera que plus lisible, au fur et à mesure de la Coupe du monde 2022-23, qui débute ce mardi à Kontiolahti. L’instance a annoncé ce changement majeur en juin dernier. Il est accompagné d’un ajustement du barème. Une victoire rapportait 60 points lors de l’exercice précédent. Elle passe à 90. La deuxième place n’augmente que de 54 à 75. L’écart se creuse donc, de 6 à 15 unités. Prime au succès.
La fédération internationale a justifié cette augmentation de la différence de points attribués entre les meilleures performances. Elle estime que "si des athlètes sont obligés de manquer une course, pour cause de maladie, ils conservent l’opportunité de remporter des globes", grâce à cette modification. Un argument recevable qui n’empêchera pas les impasses de peser bien plus lourd qu’avant. Globalement, ne pas avoir deux classements (potentiellement différents) en tête à partir de la mi-saison facilitera la lecture et l’analyse de la hiérarchie.
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"Je pense que ce n'est pas une mauvaise chose. Il faut bien coupler les deux règles. Tout va ensemble. Comme la victoire compte plus, l'impasse compte moins, pour les 'top athlètes'. J'ai noté un autre changement : le retrait des courses des Mondiaux, dans le calendrier de la Coupe du monde. Certains bons athlètes, dans les grosses nations, sont cinquièmes de leur équipe alors que le quota est de quatre représentants par pays - plus le tenant du titre -, et ne peuvent pas s'aligner sur les courses des Championnats du monde. Pour eux, c'est hyper important."
picture

Un dernier podium pour Jacquelin, le petit globe pour Bakken : le résumé de la mass start

Qui est le meilleur biathlète du monde ?

"J’ai toujours considéré cela comme la récompense ultime." Johannes Boe est déterminé à reconquérir le gros globe de cristal, qu’il a glané trois fois de suite, entre 2019 et 2021. La saison passée, il l’a plus ou moins délaissé, tourné vers les Jeux Olympiques. Quentin Fillon Maillet s’est engouffré dans la brèche et a survolé la Coupe du monde, repoussant Sturla Laegreid, son dauphin, à 248 points. Mais "QFM" n'a pas juste été opportuniste. Il a été énorme, y compris lors des JO, où Boe et lui ont fait peu ou prou jeu égal. D’où cette question légitime : qui est le boss ?
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"Le patron, c'est Johannes Boe. C'est lui le plus fort. Au moindre faux pas, il y a trois biathlètes qui peuvent lui tomber dessus : deux Français et un Norvégien... Quentin Fillon Maillet, Emilien Jacquelin et Sturla Laegreid. (...) Mais il faut prolonger la question. Si tout le monde fait sa course parfaite : le meilleur est Johannes Boe. Dans ces conditions, le 2e n'est peut-être même pas Quentin Fillon Maillet, parce qu'Emilien Jacquelin est capable d'aller plus vite que lui. Tandis que Quentin (Fillon Maillet) a une régularité que peu d'athlètes ont."
picture

Deuxième de la mass-start, Quentin Fillon-Maillet remporte le gros globe de cristal

Jacquelin, l’année de la maturité ?

Il fait figure d’outsider plutôt que de favori, pour le gros globe, en marge du duel entre Johannes Boe et Quentin Fillon Maillet. C’est logique, à l’aune de son meilleur classement général : 5e, "seulement", en 2019-20 et 2021-22. Mais Emilien Jacquelin, fort de ses fulgurances, suscite toujours le même sentiment : un déclic, et il peut devenir la référence de son sport. Cette année, à 27 ans, il ne cache pas son envie d’une consécration de cristal, sans pour autant fanfaronner : "Je pense que j’arrive petit-à-petit à maturité, pour pouvoir être plus régulier."
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"L'année de la maturité ? Je n'en sais rien. Il a eu un été assez chaotique. Physiquement, il n'était pas dans le coup, il a eu beaucoup de bas au niveau du tir, il a été en difficulté sur les courses nationales... et là, il arrive, en Suède, première course sur les skis : il est devant. Il n'a pas fini de nous surprendre. Il peut être très fort mais il n'a pas encore montré qu'il pouvait tenir une saison complète. Ceci-dit, il était jeune et il ne va faire que progresser de ce côté-là."
picture

Jacquelin : "Je me suis trop forcé à vouloir devenir un autre biathlète"

Quelle leader pour les Bleues ?

Anaïs Bescond à la retraite, Justine Braisaz-Bouchet enceinte et absente toute la saison : il y a (d’autant plus) une place à prendre au sein de l’équipe de France, conjuguée au féminin. Celle de leader. Anaïs Chevalier-Bouchet, double médaillée d’argent lors des derniers JO et cinquième du général en 2022, n’ambitionne pas d’être une locomotive. "Cette cinquième place, je ne m’en rappelle pas. J’ai plus envie de titre. C’est pour ça que je suis repartie pour cette saison", annonce-t-elle, concentrée sur des coups d’éclat plutôt que sur une accumulation de places d’honneur, à 29 ans.
Julia Simon (26 ans) est l’autre biathlète qui se dégage dans le groupe tricolore. Elle se retrouve à un moment de sa carrière où gravir les échelons via de la consistance lui semble primordial : "J’ai l’objectif d’être régulière, dans le haut de tableau (…) d'aller chercher le plus de podiums et de victoires possibles." Douzième mondiale, en 2021-22, elle veut faire mieux, en filigrane. "Je ne mise pas tout sur les Championnats du monde", appuie-t-elle. C’est peut-être plus de son côté qu’il faudra donc se tourner, pour "guider" un collectif non plus coaché par Frédéric Jean mais par Cyril Burdet.
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"Julia Simon a un petit plus. Elle est jeune et capable d'aller vraiment très vite en ski. Après, il y a leader pour les médias, leader dans le domaine sportif, leader au sein du groupe... En équipe de France, chez les filles, on n'a pas une leader qui remplit tous ces rôles. Elles se répartissent les tâches. Sportivement : la plus belle carte est Julia Simon, suivie de très près par Anaïs Chevalier-Bouchet."
picture

Chevalier-Bouchet : "J’avais le 'flow', le sentiment que tout allait bien se dérouler"

Norvégiennes en retrait, Suédoises au top ?

Marte Olsbu Roeiseland, en méforme, va manquer le début de saison, avec les Mondiaux à l’esprit. Sa compatriote norvégienne, Tiril Eckhoff, a annoncé faire une pause relative à "une période difficile". Les deux dernières lauréates du gros globe de cristal prendront ainsi, a minima, du retard dans la course au dossard jaune. Celle-ci s’effectuera peut-être même sans elles, avec les sœurs Elvira et Hanna Oeberg en grandes favorites, un cran devant Dorothea Wierer, tandis que les espoirs norvégiens reposeront beaucoup sur Ingird Tandrevold.
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"Olsbu Roeiseland et Eckhoff absentes, c'est une vraie perte pour la bagarre (...) Je ne pense pas que l'on se dirige vers un duel entre les soeurs Oeberg, qui ont des irrégularités, tant sur le plan physique qu'au niveau du tir. Les Françaises ont une équipe assez incroyable, avec ce même problème de régularité. C'est ouvert."
picture

Incroyable : Oeberg privée du petit globe de la mass-start... à cause de sa compatriote !

Qui sera la révélation de la saison ?

Sturla Laegreid en est le dernier exemple frappant : dans un microcosme où les têtes d’affiche sont souvent durablement installées, il y a parfois quelques biathlètes qui émergent à vitesse grand V. Du côté norvégien, encore, il y a des candidats au statut de révélation de la saison. Victime d'un problème de santé, Sivert Bakken risque de ne pas être "l’élu" mais les frères Andersen (Aleksander et Filip), ses compatriotes, ont le profil. Eric Perrot (21 ans) et Emilien Claude (23 ans) partent de plus loin mais ont de l'avenir, chez les Tricolores. Et sur le circuit féminin, la Française Lou Jeanmonnot (24 ans, lauréate du gros globe 2022 en IBU Cup) sera aussi à surveiller.
  • L’avis de notre consultant Loïs Habert :
"Il faut bien garder un oeil sur Eric Perrot et Emilien Claude, deux jeunes qui sont vraiment très forts. Eric Perrot a déjà fait 8e d'une Coupe du monde la saison dernière (à Ruhpolding, ndlr), avec un dernier tour de folie (...) Lou (Jeanmonnot) est sûrement une des meilleures tireuses de la planète. En ski, il lui en manque un petit peu... Mais les progrès, on y croit, à cet âge-là. Avec un changement de méthode, d'entraîneur, il se peut qu'elle passe un cap et qu'elle aille chercher les 30/40 secondes qui lui font défaut."
picture

Jacquelin : "J'ai vraiment fait attention le 1er août, la date emblématique..."

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité