Mondiaux Nove Mesto I Les Bleus décrochent enfin une médaille sur le relais, la Norvège s'écroule, la Suède s'impose

Complètement fou. Le biathlon a livré un scénario comme il sait si bien les écrire, ce samedi aux Mondiaux de Nove Mesto. Alors que le titre semblait promis à la Norvège, Vetle Christiansen, fort d'une minute d'avance, a craqué sur le dernier tir en partant trois fois sur l'anneau de pénalité. La Suède en a profité pour aller chercher sa première médaille d'or en République Tchèque, tandis que la France, en perdition après les trois premiers tirs, accroche une médaille de bronze non moins miraculeuse à l'issue d'un dernier tour endiablé, où Quentin Fillon Maillet s'est fait souffler la 2e place d'un rien par Christiansen, à 12" de la victoire à la peine.

C'est l'une des dures lois du biathlon. Tout peut encore basculer sur le dernier tir. Personne n'est à l'abri de craquer. La Norvège y compris. Après avoir raflé huit des neuf médailles distribuées sur les trois courses individuelles messieurs disputées depuis le début des Mondiaux, la nation scandinave faisait évidemment figure de favorite de ce relais. Elle restait invaincue dans la discipline cet hiver. Un piédestal dont elle est tombée brutalement ce samedi, à l'heure où ça comptait le plus.

Après l'entame très poussive de Sturla Laegreid (12e à 45" de l'Estonie, 1 tour de pénalité), les frères Boe ont créé des différences conséquentes pour mettre la Norvège sur orbite. Tarjei (2 pioches) a pris les commandes juste avant de lancer son cadet Johannes (2 pioches), qui a fait croître son avance de 2" à 30" sur son premier poursuivant. En dernier relayeur, Christiansen n'avait plus qu'à conclure le travail. Il l'a bien poursuivi sur le couché. Son 5/5 lui a permis de posséder plus d'une minute d'avance sur Samuelsson. Avant qu'il ne perde tout sur le dernier tir, ses larges épaules trop fragiles face à la pression d'un titre que personne n'imaginait échapper à la Norvège.

En sortant de son (triple) tour de manège, Christiansen n'était plus que 3e, à 25" de Samuelsson et 5" de Fillon Maillet. Si le Suédois était hors de portée, le Norvégien a pu revenir sur le Français, non sans difficulté. Ce n'est qu'au pied de la dernière bosse qu'il a pu opérer la jonction, avant de battre au sprint QFM pour "sauver" la médaille d'argent côté norvégien. Les Bleus, eux, se contenteront allégrement du bronze vu leur début de course assez cauchemardesque.

Après les six pioches et le tour de pénalité d'Eric Perrot dans le premier relais (8e à 30"), Fabien Claude a sombré sur son couché en visitant par deux fois l'anneau. La France était 17e à 1'10" de la tête. Le Vosgien a relevé la sienne au debout (5/5) pour maintenir les Bleus en vie et transmettre le témoin à Emilien Jacquelin avec moins d'une minute de retard (9e à 57").

L'Isérois a certes ajouté trois balles de pioche dans la besace des erreurs tricolores. Mais sur la piste, il a soufflé tout le monde, Johannes Boe y compris. Il a skié deux secondes plus vite que le roi norvégien, et mis 15" à Martin Ponsiluoma, pour remettre les Bleus totalement dans le match pour le podium. Lorsque Quentin Fillon Maillet a pris le départ, la France était revenue au 5e rang, à 12" de la 3e place provisoire occupée par l'Allemagne.

Fort d'une forme physique retrouvée, le quintuple médaillé olympique est vite revenu sur Benedikt Doll. Les deux hommes ont fait le plein au couché puis se sont présentés ensemble au debout, avec 16" de retard sur Samuelsson et 1'19" sur Christiansen. Avant la révolution que l'on connaît... Sacrés l'an passé à Oberhof, les Bleus ont certes perdu leur titre. Mais c'est une médaille, surtout, qu'ils ont gagnée. Inespéré vu les premières pages du scénario de ce relais.

Au cours d'une saison particulièrement compliquée pour eux et des Mondiaux traversés jusque-là sans éclat, ce bronze a un goût d'or pour les hommes de Simon Fourcade. Pour l'équipe de France, il s'agit de sa 10e médaille. Une de plus et le record d'Oslo (2016) sera égalé. Les deux mass-starts de dimanche, en conclusion des Mondiaux, s'annoncent comme deux dernières très belles opportunités.