Oberhof - Lou Jeanmonnot retrouve des couleurs et la victoire sur la poursuite : "Un soulagement"

Sans vivre un véritable déclassement, Lou Jeanmonnot n’a que peu goûté son passage fantomatique dans la station du Grand-Bornand, où des dizaines de milliers de drapeaux français n’attendaient qu’une chose, une étincelle venant de la cheffe de file des Bleues. Dauphine de Lisa Vittozzi l’hiver passé, la Franc-Comtoise étrennait en ce début de saison un paletot de grande favorite pour le globe de cristal, en l’absence de l’Italienne, forfait à cause de problèmes de dos. Revigorée mentalement après avoir ressassé l’échec de l’étape à domicile, Jeanmonnot a confirmé sa renaissance en s’imposant avec autorité sur la poursuite d’Oberhof samedi.

"C’est un soulagement parce que ça ne s’était pas très bien passé pour moi au Grand-Bornand, a confié la Française après la course. Je tenais vraiment à montrer mon meilleur visage en ce début d’année. J’ai réussi à le faire aujourd’hui, c’est très cool." Méconnaissable sur les skis et hors du coup au tir, Jeanmonnot avait traversé l’étape bornandine comme une âme en peine, supplantée par des compatriotes inspirées par l’air local (victoire pour Justine Braisaz-Bouchet, podium pour Julia Simon et 4e place de Jeanne Richard).

Un délitement (35e du sprint, 18e de la poursuite et 14e sur 30 de la mass-start) dont l’origine tient dans l'apprentissage cru du très haut niveau, celui qui doit mener la Franc-Comtoise à la bataille pour le gros globe. Si les sensations semblent revenues sur les spatules (5e temps de ski du sprint), Jeanmonnot devait encore parfaire son tir debout, à l’origine de son unique faute jeudi (9/10). Aux prises avec trois coéquipières sur les tapis au premier debout, la Française a corrigé la mire (10/10 au debout).

"Je me suis juste concentrée sur mon tir, expliquait Jeanmonnot après sa victoire. Je m’attachais surtout à contrôler ma carabine avec le vent, à me concentrer sur mes sensations physiques, pour ne pas gamberger." Final des courses, Jeamonnot sort seule en tête, laissant derrière elle le trio Simon-Botet-Rchard tourner sur l’anneau de pénalité. Ne restait alors qu’à donner le coup de grâce sur le dernier debout, comme pour acter le retour au premier plan de la patronne.

"Elle était en difficulté sur le mois de décembre, plutôt au niveau mental sur son tir debout, sur des tirs qui comptent, rappelle notre consultant sur Eurosport Tom Lahaye-Goffart. On se posait la question de son approche sur ces tirs qui comptent en cette nouvelle année. Là, elle sort un 5 sur 5, donc la pression, elle ne la connait plus. Elle s’impose comme une patronne. Il faut passer par ces moments de doute, de difficulté pour trouver les clés, avoir une palette un peu plus large, notamment au niveau de la gestion des émotions. Et ça lui sert. On la voit capable de gérer des nouvelles situations."

Une palette élargie, et le spectre d’une lutte au général relancée : voilà comment démarre 2025 pour Jeanmonnot. Les premières volutes fleurent le succès, mais la route est encore longue. Si la Franc-Comtoise a raboté 69 points au matelas confortable de Franziska Preuss samedi (20e de la poursuite), son retard sur l’Allemande reste important (116 points). Néanmoins, les courbes de forme sont en train de s'inverser.