Coupe du monde de biathlon Messieurs | La Norvège écrase tout : doit-on s’en inquiéter ?
COUPE DU MONDE - Huit courses, sept victoires, 2/3 des places sur les podiums occupées : la Norvège plane sur le circuit masculin, cette saison, avant le sprint de Pokljuka, ce vendredi. Selon notre consultante Sandrine Bailly, il est encore trop tôt pour craindre une baisse d'intérêt de la compétition. Mais le biathlon ne sortirait pas grandi d'un exercice complet soumis à une telle hégémonie.
Triplé Norvégien, 3 Français dans le top 10 : les temps forts de la poursuite
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La première course de la saison a été ô combien trompeuse. La victoire du Suédois Martin Ponsiluoma lors de l’individuel de Kontiolahti, devant Niklas Hartweg (Suisse) et David Zobel (Allemagne), pouvait timidement suggérer la fin du duopole franco-norvégien, qui régit globalement le biathlon masculin depuis une quinzaine d’années. Mais ce léger vent de fraîcheur a laissé place à un coup de froid, pour les amateurs d’éclectisme. Depuis cette épreuve inaugurale, la Norvège ne laisse plus que des miettes à la concurrence, au sein de laquelle les Français résistent péniblement.
Le contingent norvégien a ainsi empoché sept des huit premières courses individuelles de la saison, chez les messieurs. Seize des vingt-quatre places sur le podium ont été occupées par ses représentants, malgré ce 0/3 initial. Les deux relais ? Dans l’escarcelle de la Norvège. "Ils sont un cran au-dessus du lot collectivement. Johannes (Boe) revient bien, ce qui n’était pas gagné, (Sturla) Laegreid est en pleine force de l’âge à 25 ans… mais il y a aussi (Johannes) Dale et (Vetle) Christiansen", note Sandrine Bailly, sans même avoir à citer Filip Andersen (23 ans), 10e du général.
La domination norvégienne est plurielle. Implacable. Voire préoccupante ? "On n’y est pas encore et j’ai confiance en l’équipe de France (…) Il ne faudrait pas en arriver à toute une saison comme ça, considère notre consultante. C’est beaucoup moins attractif quand ce sont toujours les mêmes devant. Ponctuellement, c’est sympa, mais pour toute discipline - on le voit en ski de fond et en combiné - quand il n’y a pas de confrontation entre plusieurs nations, et des personnalités de différentes nations, ce n’est pas bon pour les autres équipes, les partenaires, le public."
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La mobylette Boe, la mitraillette Jacquelin : le résumé du sprint
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Ne pas se tromper de combat
Lauréate du gros globe en 2005, Bailly a vécu l’emprise d’une délégation sur le circuit : "Je me souviens d’avoir parfois été la seule Française au milieu de toutes les Allemandes (qui ont empoché le classement général les trois saisons suivantes, avec trois biathlètes différentes, ndlr). C’était un peu une lutte contre la grosse équipe d’Allemagne." Et attention, cela peut tourner à l’obsession : "Les Norvégiens ont un tel ascendant psychologique… Le risque pour les autres, c’est d’être toujours à leur poursuite, de chercher à enfin les battre. Cela peut faire perdre pied, pousser à la faute."
Durant la razzia norvégienne au Grand-Bornand (un doublé, deux triplés, ndlr), Antonin Guigonnat a évoqué ce possible écueil, chez nos confrères de L’Equipe : "La consigne des coaches était de ne pas se focaliser sur les Norvégiens." Pendant que ces derniers ne risquent pas de se polluer l’esprit en pensant à leurs poursuivants. "Pour eux, la vie est belle. Ils s’amusent, ça joue, ils rigolent, énumère Bailly. Quand on est derrière, c’est frustrant, pas mal d’émotions viennent se greffer. On se dit qu’on s’entraîne autant qu’eux… alors pourquoi ça ne marche pas pour nous ?"
"Il faut savoir garder confiance. Je pense que les Français, avec leurs années d’expérience, savent que le vent va tourner, que le boulot va payer", rassure-t-elle, concernant la gestion de ces pensées parasites. D’autant plus que le tableau n’est pas si sombre, chez les Tricolores, entre un Emilien Jacquelin sur le podium de la course au gros globe (3e), un Fabien Claude à peine plus loin (5e) et un Quentin Fillon Maillet qui semble en phase de digestion de sa saison glorieuse (8e). Une victoire pour lancer la machine et l’ordre bicéphale pourrait bien être à nouveau d’actualité.
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Fillon Maillet, le roi a toujours faim : "Je n’ai pas moins d’exigence"
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Déjà qu’un tandem pouvait lasser…
"Aucun Allemand dans le Top 10 du général (Benedikt Doll est 11e, ndlr), cela pose question, peut-être plus encore que la domination norvégienne, parce qu’à ce sujet, on fera le bilan à la fin de l’année", soulève Sandrine Bailly. Elle pense que "le problème est profond", pour des nations fortes qui sont en déclin : "L’Allemagne n’a peut-être pas su évoluer dans ses méthodes (...) Elle est allée chercher un entraîneur norvégien, Sverre Olsbu Roeiseland (mari de Marte Olsbu Roeiseland, triple championne olympique, ndlr) pour son équipe féminine, ce qui ne se faisait jamais avant."
Depuis 2007 et le sacre de Michael Greis, le gros globe messieurs n’a plus échappé au duo France-Norvège. Loïs Habert, également consultant sur nos antennes, le déplorait en partie avant la saison : "Le duel franco-norvégien, c’était rigolo au début… mais ça commence à me lasser, j’espère qu’il y aura d’autres nations, des Allemands, des Autrichiens etc. qui vont revenir aux avant-postes." Un vœu qui n’a pas été entendu, puisque ce duel semble s’étioler sans qu’aucune autre entité ne s’invite dans l’équation. Après trois étapes, seulement. Rééquilibrage des débats ce vendredi, avec le sprint de Pokljuka ?
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Laegreid coiffe Christiansen au dernier tir, Claude 4e : revivez la fin de la poursuite
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