Le coup de Greis

La boucle est bouclée. Après avoir remporté l'individuel 20km, première épreuve au programme du biathlon masculin des JO de Turin, Michael Greis a décroché le titre olympique du mass start 15km, dernier rendez-vous chez les hommes et pour la première fois à l'honneur des Jeux. Entre temps, Greis s'est également imposé lors du relais 4 x 7,5km avec l'Allemagne.

A l'arrivée, l'Allemand (un pénalité), qui restera l'homme de ces JO concernant le biathlon, devance le Polonais Tomasz Sikora (une pénalité) et le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen (trois pénalité), qui repart de cette XXe Olympiade sans médaille d'or, lui qui visait le record de son compatriote Bjorn Daehlie (huit médailles d'or individuelles).

Dans le clan tricolore, on fait la grimace puisque Vincent Defrasne, champion olympique de la poursuite, est relégué à la 11e place, juste devant Raphaël Poirée et quelques rangs devant le troisième engagé français Julien Robert (16e). Tout avait mal commencé pour Defrasne victime d'une chute dès les premiers mètres. A la sortie du premier tir, l'homme de Pontarlier a refait son retard (5e) en rendant une copie parfaite sur ses cinq premières balles.

Ce qui n'est pas le cas de Raphaël Poirée qui ressort en 27e position après un tour de pénalité. Les Norvégiens Frode Andresen et Ole Einar Bjoerndalen prennent le commandement et, bien que n'ayant pas de reéls atomes crochus, se relaient pour faire la différence. Le duo devance d'une dizaine de secondes les Allemands Wolf et Greis, et donc Defrasne.

Lors du 2e tir, OEB prend seul la tête après un nouveau tir parfait. Tout comme Greis, Sikora, Wolf et Tchoudov. Defrasne et Poirée commettent une faute chacun se voyant rejetés loin de la tête. On croit alors que Bjoerndalen ne sera plus rattrapé mais au 3e tir, le Norvégien pioche une fois. Le Polonais Sikora, 21e du 20km, 20e du sprint et 18e de la poursuite et champion du monde de l'individuel en 1995, ressort dans les mêmes temps que Bjoerndalen. Defrasne se rate une fois comme Greis qui, bien que 3e, accuse un retard de près de 30 secondes sur les deux hommes de tête.

Courageux, Sikora s'accroche et parvient à garder le contact avec l'ogre norvégien. Arrivés groupés sur le pas du 4e tir, ils ne repartiront pas ensemble. Bjoerndalen craque et commet deux fautes pendant que Sikora concède un tour de pénalité. L'Allemand Michael Greis (29 ans) saisit sa chance en sortant un beau cinq sur cinq de sa carabine. L'écart entre Sikora et Greis n'est que de trois secondes, l'Allemand étant supérieur sur les skis au Polonais. OEB ne ressort qu'en 4e position derrière l'étonnant Finlandais Paavo Puurunen. Les Français se ratent une nouvelle fois, laissant s'envoler les derniers espoirs de podium.

Dans la montée finale, Greis dépose Sikora qui, en cas de podium, deviendrait à 32 ans le premier biathlète polonais médaillé aux Jeux olympiques d'hiver. L'or est promis à l'Allemand, royal sur les skis sur ce 15km. La fusée Bjoerndalen ne parvient pas à rattraper son retard sur le duo de tête mais grille néanmoins la politesse à Puurunen, finalement quatrième, le meilleur résultat de sa carrière. A l'arrivée, Michael Greis peut célébrer son 3e titre olympique à Turin. Du côté des Français, c'est un tir groupé décevant puisque Defrasne, Poirée, qui a confirmé à l'arrivée qu'il ne prendrait pas sa retraite à la fin de la saison, et Robert se classent respectivement 11e, 12e et 16e. Quant au Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, victorieux de cinq médailles d'or (dont 4 en individuel) entre Nagano et Salt Lake City, il doit lui se contenter de deux médailles d'argent et une de bronze à Turin. Bien loin de ses espérances. Bien loin du record de Bjorn Daehlie...