Grande répétition pour les Bleus du canoë-kayak : "Si c’était si facile de gagner des titres olympiques, ça se saurait"

C'est une date qu'ils ont cochée dans leur calendrier depuis des mois. A moins d'un an des Jeux Olympiques de Paris 2024 (à suivre en intégralité sur Eurosport), les Bleus du canoë-kayak sont de sortie sur leur bassin domestique, celui qui accueillera la grand-messe estivale l'année prochaine, pour les Finales de la Coupe du monde (à partir de ce jeudi et jusqu'à dimanche). Après avoir rassuré sur son état de forme pendant les Championnats du monde à Londres en septembre, l'équipe de France de slalom est attendue au tournant pour négocier cette sortie capitale.

Car ces Finales, indirectement classées comme test event de la discipline, sont l'une des dernières opportunités pour les Tricolores de se tirer la bourre pour les strapontins olympiques. A quelques heures de l'événement, le directeur technique national Ludovic Royé s'est confié à Eurosport sur la feuille de route et les ambitions de ses ouailles.

Nation phare du canoë-kayak, la France avait subi un (petit) coup de massue lors de la dernière olympiade tokyoïte. Les résultats de cette cuvée 2023 ont de quoi valider l'important chantier qui a été lancé, comme l'explique le DTN. "Le premier bilan de 2023 est positif. On avait vraiment fait une grosse remise en question après Tokyo pour analyser ce qui s’était passé. On avait dessiné une route pour monter en pression progressive jusqu’à Paris. On est dans les standards. C’est une saison qui nous conforte pour passer l’étape suivante pour les 10 mois qui nous restent."

Des changements, la FFCK en a instigué pléthore depuis deux ans. Le travail commence à payer. "Il y a eu un renouvellement du staff, des athlètes, mais aussi de la philosophie de préparation. On est passé d’une logique de cellules à une logique d’équipe de France. On commence à en récolter les fruits dans des volumes qui sont très intéressants."

La moisson londonienne des derniers Mondiaux a été le meilleur miroir des travaux de cette "nouvelle" équipe de France. Avec l'or en C1 par équipe et quatre médailles d'argent dont trois dans des disciplines olympiques (Nicolas Gestin en C1, Camille Prigent et Boris Neveu en kayak cross), la copie est belle. "Les médailles d’argent auraient pu être encore plus nombreuses, on avait des bateaux dans certaines catégories qui avaient la possibilité de 'matcher', notamment en kayak cross. On a du potentiel pour transformer l’argent en or", insiste Ludovic Royé.

Les Finales de Vaires-sur-Marne en sont la suite logique. "C’est un moment fort de la saison", confirme le dirigeant. "Ce sera la dernière compétition majeure sur ce site. Tout le monde est hyper concentré pour montrer qu’ils sont les meilleures chances de médailles pour la France en 2024."

Ces Finales, c'est le test final grandeur nature avant Paris 2024. Les places sont chères. Une performance de choix dans le Val-de-Marne aurait fière allure sur le CV des candidats. "À l’issue de ces Finales, on va se muer en mode sélectionneur. On va analyser les performances des sportifs pour voir si on peut identifier un bateau dans chaque catégorie. Au vu des résultats récents, je pense qu’on sera en mesure d’identifier les quatre premiers bateaux qui seront à Paris 2024", explique le DTN, qui rappelle les quelques quotas à aller chercher en kayak cross lors du TQO de Londres en juin prochain.

Même si les Bleus brillent en ce moment, Ludovic Royé n'hésite pas à mettre le holà. Comme pour maintenir ses troupes à flot. "La haute performance, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Si c’était facile de gagner des titres olympiques, ça se saurait. On a vraiment fait des choix majeurs qui ont pu être discutés ou incompris. Ce qui compte dans la performance, ce sont les résultats. Ceux des Mondiaux de Londres et Duisbourg (ndlr, en slalom et en ligne) confortent cette stratégie."

Paris 2024 est déjà dans toutes les têtes, le directeur technique national le sait, mais préfère ne pas encore tout dévoiler sur les ambitions des siens, notamment sur les objectifs de médailles. "On en a un dans la tête, mais on communiquera un peu plus tard pour ça…"

Mais le slalom n'est pas l'unique cheval de bataille en vue de l'olympiade parisienne. Le Breton s'est également félicité des progrès et des belles sorties tricolores sur la course en ligne, qui part de plus loin. "On est très lucide, on connaît notre potentiel. En gros, on ramène une médaille tous les deux ans en sprint. Notre objectif, c’est de ramener au moins une médaille."

Avant de faire une autre piqûre de rappel sur l'importance du para-canoë dans la stratégie de la fédération. "On a un collectif de para-canoë qui produit une belle montée en puissance. On a fait deux médailles à Tokyo, l’argent et le bronze avec Nélia Barbosa et Rémy Boullé." Oui, les chantiers du canoë-kayak français sont nombreux pour les prochaines semaines. Mais ces Finales de Vaires devraient déjà permettre d'y voir plus clair.