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L’insubmersible Alejandro Valverde

Benoît Vittek

Mis à jour 14/04/2018 à 10:31 GMT+2

AMSTEL GOLD RACE - Lui-même se dit “surpris” par ses performances après sa grave blessure à l’été 2017. À 38 ans, Alejandro Valverde (Movistar) reste l’homme à battre sur l’enchaînement Amstel - Flèche - Liège à partir de dimanche.

Alejandro Valverde

Crédit: Getty Images

"Tant que je gagne, je continue." Alejandro Valverde ne semble donc pas près de s’arrêter. À 38 ans, le vétéran espagnol a toutes ses jambes. Une calvitie difficilement cachée par une coupe au gel, des traits légèrement creusés par l’âge… C’est en dehors de la route qu’il faut chercher pour voir les marques du temps s’imposer à Alejandro Valverde. Sur son vélo, l’Imbatido est plus imbattable que jamais : neuf victoires en 2018, personne ne fait aussi bien. Monstre de constance, il est encore l’homme à battre pour son 17e printemps de coureur professionnel. Parce que ses jambes répondent toujours, mais aussi la tête.
"J’adore le vélo d’aujourd’hui, je m’éclate et j’ai changé moi aussi", expliquait-il fin février, lors d’un entretien mené avec un confrère de Vélo Magazine dans un salon d’hôtel sur le circuit de Formule 1 d’Abou Dabi. "Avant, j’étais un jeune coureur avec beaucoup de choses à accomplir dans le cyclisme et aujourd’hui je suis un coureur avec la même passion, ou peut-être plus encore, avec la même tranquillité… Non, pas la même, une tranquillité supérieure."
Quand j’ai vu mon genou, j’ai cru que c’était la fin de ma carrière
Il faudrait convoquer les mémoires encyclopédiques de la Petite Reine pour déterminer si le cyclisme professionnel a déjà vécu des périodes d’évolutions plus marquées que sur les quinze dernières années. Le matériel et l’entraînement ont vu des innovations majeures émerger. L’emprise tactique des équipes s’est affirmée plus que jamais. La lutte antidopage a été révolutionnée. Et Alejandro Valverde a traversé les âges, seulement mis sur la touche par l’acharnement du Comité olympique italien à lui faire payer son implication dans l’affaire Puerto, puis par sa grave blessure sur le dernier Tour de France.
À chaque fois, il est revenu, au moins aussi fort qu’avant d’être stoppé dans son élan, et il a gagné, encore et encore et encore. C’est plus impressionnant aujourd’hui qu’en 2012. Combien auraient mis un terme à une carrière aussi riche que la sienne après s’être fracturé la rotule à 37 ans ? Lui a fait comme à son habitude : il a travaillé comme un acharné pour faire voler en éclats toutes les attentes des médecins et retrouver la victoire à son cinquième jour de course en 2018. Une performance avec laquelle il s’est "un peu surpris. Je ne pensais pas pouvoir gagner aussi vite."
Voir Valverde gagner ne devrait plus surprendre mais tout de même, quel retour... "Quand j’ai vu mon genou, j’ai pensé que c’était la fin de ma carrière", confesse-t-il. L’une de mes toutes premières pensées lorsqu'il hurla sa douleur, à terre sur le bitume détrempé de Düsseldorf, était tournée vers les Mondiaux. Il ne les remporterait donc jamais, cela me semblait assez clair après cette lourde chute. Désormais, il se dit "intéressé" par le parcours d’Innsbruck, tout en rappelant que septembre est encore loin et qu’il ne serait pas le seul prétendant au sein d’une équipe d’Espagne toujours dotée en grimpeurs, même après les départs d’Alberto Contador et Joaquim Rodriguez.

Rebellin, Alaphilippe, Quintana… Tous ont subi sa loi

Il n’empêche, Valverde est un favori naturel à chaque Mondial ou presque et la concurrence n’a jamais été un problème pour lui. Parmi ses rivaux, il distingue Davide Rebellin, Philippe Gilbert, Julian Alaphilippe, Dan Martin… Autant d’hommes qu’il a régulièrement condamnés à la deuxième place sur les Ardennaises qu’il retrouve ce week-end. En signant sur une seule semaine le triplé Amstel - Flèche - Liège, Rebellin et Gilbert ont bien réussi un exploit qui lui a toujours échappé. Mais l’Italien l’a fait avant que Valverde ne découvre ces rendez-vous (2004) et Gilbert lorsqu’il était suspendu (2011). "C’est vrai, mais j’ai toujours considéré que c’était un coureur dangereux", précise le recordman de victoire sur les Ardennaises (9, une de plus que Merckx) au sujet du Belge.
En interne aussi, Valverde a toujours régné. Encore récemment, Nairo Quintana a bien vu qui était le patron historique et à peu près indéboulonnable de la dernière équipe World Tour espagnole. Mikel Landa n’aime pas s’écraser devant plus leader que lui, mais le Basque sait tout ce que Valverde représente. Son retour immédiatement victorieux a également permis au vétéran d’asseoir son autorité dans les rangs de la Movistar, avec qui il est encore sous contrat jusque fin 2019.
En un an et demi, Valverde a le temps d’agrémenter sa collection de plus de 100 victoires et celle de ses vélos. "J’en ai gardé de toutes les années", explique-t-il. "Chaque vélo a son histoire, ils sont tous particuliers pour moi." Avec son petit musée personnel, celui qui a débuté avec la Kelme, à une époque où l’US Postal, Rabobank ou la ONCE dominaient les pelotons, peut témoigner : "Un vélo d’hier n’a rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Maintenant ils sont beaucoup plus légers, beaucoup plus rigides. Il y a eu des changements électroniques. Les roues sont nettement meilleures." Mais le plus important est ailleurs : sur les roues d'hier comme d'aujourd'hui, Valverde continue de filer vers la victoire.
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Valverde wins Abu Dhabi Tour with victorious queen stage finale

Crédit: Eurosport

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