Kern au nom des siens

Yes he Kern ! On attendait Thomas Voeckler vendredi aux Gets, arrivée au sommet à la pente modérée, prête à s'offrir aux puncheurs au moins autant qu'aux purs grimpeurs. Mais c'est un autre larron de l'équipe Europcar qui a surgi. Christophe Kern a démarré seul à 2,5 kilomètres de l'arrivée et personne ne l'a plus revu. Ce Dauphiné réussit décidément aux hommes sevrés de victoires depuis longtemps. Lundi, Jurgen Van den Broeck avait décroché la toute première victoire de sa carrière. Pour Kern, il s'agit de la... troisième, près de sept ans après le sa victoire d'étape au Tour de l'Avenir. C'est dire si ce succès d'étape au Critérium a valeur de consécration.

Ce succès (qui lui assure sa place pour le prochain Tour de France) est évidemment le sien, mais c'est aussi celui de toute l'équipe Europcar. Les hommes de Jean-René Bernaudeau ont donné une leçon de vélo vendredi. Ils ont longtemps résisté à la tentation de rouler derrière l'auteur de l'unique échappée du jour, Jason McCartney. Parti seul devant à 110 kilomètres de l'arrivée après un début d'étape frénétique (100 kilomètres couverts en deux heures par un peloton toujours groupé !), le vétéran américain de RadioShack a compté jusqu'à 12 minutes d'avance. Bernaudeau est resté ferme: pas question de rouler les premiers. Résultat, les Katusha ont cédé, prenant l'affaire en main. Quand les Europcar ont pris le relais, il restait moins de 30 kilomètres à couvrir et seulement six minutes à combler. Ils ont achevé le pauvre McCartney.

Mais c'est dans la dernière ascension que les Vendéens ont été parfaits. Ils ont sauté sur tout ce qui bougeait, à l'image de Pierre Rolland, qui a marqué Tony Martin de près. Puis ce fut au tour de Christophe Kern d'en faire autant à six kilomètres de l'arrivée. On pensait alors qu'il préparait le terrain pour l'estocade de Thomas Voeckler. Mais c'est tout le contraire qui allait se produire. Lorsque Kern est parti dans les trois derniers kilomètres, il a pu compter sur son ange gardien derrière. Voeckler a contrôlé toutes les accélérations, celles d'Alexandre Vinokourov ou de Joaquim Rodriguez notamment. Une protection à distance parfaite pour Christophe Kern. Et lorsque Voeckler a laissé filer Chris Anker Sorensen (Saxo Bank) après la flamme rouge, il savait que le Danois ne pourrait revenir. Kern s'est ainsi imposé avec une bonne marge, Voeckler ne laissant à personne le soin de régler le groupe des ténors pour la troisième place. Voilà ce qu'on appelle un triomphe complet.

Comme on pouvait s'y attendre, si la perspective de la victoire d'étape a donné du relief à la montée vers les Gets, celle-ci n'était en revanche pas assez sélective pour déclencher une grande bagarre en vue du classement général. Du coup, Bradley Wiggins, à l'aise et bien entouré, a passé une après-midi relativement tranquille. Il conserve toute sa marge de manœuvre avant un week-end qui s'annonce beaucoup plus compliqué. La hiérarchie n'a donc subi aucune modification. Seul Geraint Thomas, qui a fini en roue libre après avoir travaillé pour Wiggins, a disparu du Top 10. Mais tout le monde n'a pas rigolé pour autant. Et si les Europcar ont vécu une journée de rêve, elle a viré au cauchemar pour AG2R La Mondiale. Du forfait matinal de Blel Kadri (incertain pour le Tour de France) à la lourde chute ayant impliqué Nicolas Roche (et le malheureux Belge de l'équipe Quick Step, Andy Capelle, durement touché), Vincent Lavenu a vécu des jours plus heureux.