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"Pourquoi pas un podium?"
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Publié 12/06/2011 à 19:49 GMT+2
Bradley Wiggins a signé sa première grande victoire dans une course par étapes majeure en remportant le Dauphiné. Cette victoire change-t-elle les ambitions de l'Anglais dans l'optique du Tour de France? Oui, dans une certaine mesure. Il se sent capable de lutter pour le podium. Mais pas au-delà.
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Pour la première fois de la semaine, Bradley Wiggins a levé les bras dimanche à La Toussuire. Lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée dans la station des Sybelles dimanche, une poignée de secondes après le vainqueur de l'étape Joaquim Rodriguez, le Britannique a enfin pu se lâcher. Cette victoire dans le Dauphiné, à 31 ans, frappée avant tout du sceau de la régularité, tient une place spéciale dans son gotha personnel. "C'est la victoire dont je suis le plus fier, avoue le leader de l'équipe Sky. Inscrire son nom à un palmarès comme celui du Dauphiné... il n'y a qu'à voir les noms !"
Wiggins est en effet en bonne compagnie. Plus qu'il ne l'a jamais été. Son remarquable Tour de France, voilà deux ans (il avait terminé 4e derrière Contador, Andy Schleck et Armstrong), l'avait révélé sur le tard comme un coureur complet, capable de briller sur de très grandes courses par étapes. Il a eu un peu de mal à confirmer ces dispositions ("l'an dernier, je m'étais trop axé sur le Tour. Cette année, je me suis concentré dès Paris-Nice sur le plaisir de faire du vélo" explique-t-il), mais ce probant succès dans une épreuve aussi prestigieuse et relevée que le Dauphiné a valeur de référence, sans le moindre doute. "C'est vraiment fantastique de gagner une telle course, explique le Londonien, qui ne se fait pas prier pour établir sa propre hiérarchie: "C'est de loin la plus belle victoire de ma carrière. Bon, je n'en ai pas tant que ça, c'est vrai, mais celle-ci sort du lot."
En forme trop tôt?
Au départ de Saint-Jean-de-Maurienne, il y a tout juste une semaine, il comptait parmi les outsiders, mais les noms de Cadel Evans, Alexandre Vinokourov ou Jurgen Van den Broeck, les trois coureurs qu'il a devancés au classement final, revenaient davantage que le sien. Tout comme celui de Janez Brajkovic, à qui il succède au palmarès. Comme si certains doutaient, d'ailleurs légitimement, de sa capacité à rivaliser en haute montagne. Or ce Dauphiné était très montagneux. Même s'il a construit sa victoire dans le chrono de Grenoble, il fallait répondre présent en altitude pour s'imposer dans cette 63e édition. C'est donc sur ce point que l'Anglais se montre le plus satisfait. "Le contre-la-montre, c’est une performance qui correspond à ce que je fais habituellement, mais je suis surtout content de mon comportement dans les montées les plus dures. Je peux grimper avec les meilleurs et même défendre le maillot dans de vraies étapes de montagne", précise-t-il.
C'est vrai, on ne l'attendait pas forcément à ce niveau sur des pentes aussi exigeantes que celles du Collet d'Allevard. Sa victoire dauphinoise pose évidemment la question de son statut sur le prochain Tour de France. Un garçon qui a flirté avec le podium il y a deux ans et qui vient de remporter une des deux principales épreuves de préparation à la Grande Boucle est forcément à prendre au sérieux. Pas de quoi en faire un favori. D'abord parce qu'il manquait du monde sur ce Dauphiné (Contador, les Schleck) et que certains des présents n'étaient manifestement pas à 100%, à l'image d'Evans, Basso, Sanchez ou Van den Broeck. A l'inverse, Wiggins, lui, n'est-il trop fort, trop tôt? Il réfute cet argument. "Non, je ne pense pas, a-t-il rétorqué. Je n'étais pas terrible aujourd'hui dans la dernière montée. Ma condition n'est pas encore à 100%. On suit un plan d'entraînement. Je peux encore m'améliorer".
En admettant que le Bradley Wiggins soit plus fort que celui aperçu cette semaine sur le Dauphiné, que pourrait-il y espérer? "Remporter le Tour face à Contador et Schleck, c’est un pari sans doute exagéré, concède-t-il. Le Top 10 a toujours été mon objectif, mais avec ce que je viens de faire sur le Dauphiné, je peux penser au Top 6." Et plus haut? Pourquoi pas, à condition que tout se goupille bien. "Je dois faire ma course, ne pas me mettre dans le rouge en essayant de suivre Contador et Schleck. Mais, oui, pourquoi pas le podium?", finit-il par lâcher. Le défi est lancé.
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