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Cyclisme - World Tour : Vive la course aux points !

Benoît Vittek

Mis à jour 13/10/2022 à 20:52 GMT+2

POINTS UCI - Cette semaine, nous revenons sur le système de promotion et relégation qui voit Alpecin-Deceuninck et Arkea-Samsic intégrer la division d'élite aux dépens d'Israel Premier Tech et Lotto Soudal. Deuxième volet : comment cette réforme, d'abord ignorée puis critiquée, a apporté un nouvel intérêt à la saison sur route.

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Trois ans de compétition, des dizaines de graphiques et tableurs, des centaines de courses, des dizaines de milliers de points distribués… et d’innombrables commentaires, souvent négatifs. Le nouveau système de promotion et de relégation au sein du World Tour mis en place par l’UCI livre son premier verdict cette semaine, au bout d’un cycle de trois ans couvrant les saisons 2020, 21 et 22 : les équipes Alpecin-Deceuninck et Arkea-Samsic sont promues, Israel Premier Tech et Lotto Soudal déchues.
D’abord observée avec distance et un peu de moquerie, comme de nombreuses règlementations de l’UCI, la “course aux points” a fini par donner toute sa mesure cette saison. Elle a pu sembler cruelle, parfois injuste - c’est la nature du sport, qui plus est cycliste - mais elle a aussi fini par passionner. Et, espérons-le, par poser les fondations pour une nouvelle bataille acharnée dont chacun (les suiveurs mais aussi les acteurs) maîtrise désormais les tenants et aboutissants.

Fil conducteur

Le classement mondial restera toujours nébuleux. Chaque semaine, des centaines de points sont attribués à des dizaines de coureurs selon un barème qui présente des équations aux nombreuses variables. Devant la télé ou au bord de la route, on continuera de s’enflammer pour les vainqueurs, de surveiller nos chouchous et d’encourager les coureurs qui s’échinent à tous les échelons de la course.
La question des points intervient plus tard (en début de semaine, avec l’actualisation des classements UCI). Et elle offre un fil conducteur à la saison cycliste, traditionnellement éclatée entre pôles indépendants, voire opposés. Il y a une quinzaine d’années, au moment de poser les fondations de ce qui est devenu le World Tour, les organisateurs de Grand Tour faisaient valoir leur indépendance dans un conflit ouvert avec l’UCI. Ils sont aujourd’hui pleinement intégrés à la course aux points, avec les Monuments, les courses d'une semaine, les classiques plus ou moins prestigieuses, les courses dites exotiques, les championnats nationaux et continentaux...
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Le Tour, le Giro ou la Vuelta n’ont pas besoin de ce nouvel enjeu pour attirer toute la lumière. Ils occupent le statut de gros pourvoyeurs de points et y participer est une récompense à conquérir sur la route. Ça chiffonne les équipes dites "historiques" et de certains acteurs rapidement intégrés à l'entre-soi de l'élite cycliste. Mais ça fait le bonheur de nouveaux venus ambitieux et des organisateurs de courses dites “petites”.
Depuis plusieurs mois, on fantasme au sein de l’organisation du Tour du Langkawi sur une potentielle grande finale entre équipes concernées par la relégation. Finalement, l’épreuve malaisienne ne joue pas ce rôle décisif mais elle a attiré six équipes World Tour (ce n’était plus arrivé au Langkawi depuis 2014), ainsi qu’Alpecin-Deceuninck et Uno-X.

Une "folie" qui redynamise

“La course aux points a rappelé aux équipes ce qui est le coeur de leur métier : courir et gagner”, s’amuse ainsi une éminence grise du cyclisme, habituée à jouer les intermédiaires entre équipes et organisateurs. Un directeur sportif concédait pendant la saison : “Nous avons toujours considéré que l’entraînement spécifique était plus intéressant que d’aller sur des épreuves pour faire des points, c’est sûr qu’il a fallu s’adapter.”
La “folie” dénoncée par Eusebio Unzué, patron historique de la Movistar, a fini par sourire à l’équipe espagnole. Confrontés à un bilan famélique, Valverde et les siens ont revu leur approche pour signer un très bel été, non seulement en termes de points mais aussi de victoires. La menace d'une relégation a lancé une nouvelle dynamique (et peut-être accéléré la recherche d'un nouveau sponsor pour accompagner Movistar et renforcer l'équipe), là où elle a révélé les fragilités des projets d'Israel Premier Tech et Lotto Soudal, sans pour autant les condamner.
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Souvent au coeur des critiques, le barème apporte aussi des éléments intéressants. Les courses d'un jour de second plan seraient surévaluées par rapport aux étapes sur les plus grandes courses du monde ? Une étape reste un succès partiel, qui s'intègre à des jeux tactiques bien plus larges, là où une course d'un jour ramène à l'essence de la course : tout le monde part sur la même ligne pour se disputer la victoire, à Roubaix ou à Camembert. Établir les classements en fonction des dix meilleurs coureurs de chaque équipe permet également d'équilibrer les débats entre immenses armadas et structures plus modestes, tout en limitant l'intérêt d'une éventuelle course aux placettes pour les équipiers.
Face aux critiques tardives, l'UCI a beau rôle de rappeler que les règles du jeu sont connues depuis longtemps. Le président David Lappartient se dit toutefois ouvert aux propositions pour ajuster le système. Il faut faire vite. Un nouveau cycle de trois ans commence bientôt et, cette fois, tout le monde est prêt à suivre la course aux points.
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