Cyclisme - UAE Team Emirates-XRG version 2025, la plus belle saison d'une équipe au 21e siècle ?

L’argent fait-il le succès ? Pour la formation UAE Team Emirates-XRG, la réponse est sans nul doute oui. Le plus gros budget du peloton (avec 60 millions d'euros estimés) domine le circuit World Tour cette saison. Il l'écrase même. Avec neuf victoires sur les douze courses à étapes World Tour courues depuis le début de l’année civile, l’équipe de Tadej Pogačar a déjà fait mieux que la saison dernière. Et ce chiffre s’élève à quinze si l’on compte même les courses aux échelons inférieurs.

Si le collectif émirati continue sur sa lancée, l’année 2025 pourrait être celle des records. Au 10 août, UAE Team Emirates-XRG compte 72 victoires, soit neuf de plus que l’an dernier à ce même stade de la saison. Aucune formation ne rivalise dans le peloton : Lidl-Trek, deuxième de la hiérarchie, a décroché moins de succès (38), Soudal-Quick Step en a glané 29, et Visma | Lease-a-bike en a obtenu 27 pour le moment.

Et ce chiffre est d’autant plus fou que Pogačar a moins couru cette saison : 43 jours contre 52 à la même époque en 2024, pour cinq bouquets de moins (16 contre 21) alors qu'il venait d'enchaîner deux razzias sur le Giro - auquel il n'a pas pris part en 2025 - et le Tour de France. Le signe de la profondeur XXL de l'effectif autour du champion du monde slovène.

En 2025, les neuf courses à étapes de niveau World Tour remportées par UAE Team Emirates-XRG ont été l'œuvre de cinq coureurs différents. Le Giro (Simon Yates, Visma | Lease a bike), Paris-Nice (Matteo Jorgenson, Visma | Lease a bike) et le Tour de Catalogne (Primoz Roglic, Red Bull - BORA - hansgrohe) sont les seules à avoir échappé à la suprématie UAE. Et la fin de la saison pourrait s’annoncer similaire, alors que la Vuelta, le Tour du Benelux et le Tour de Guangxi n’ont pas encore été disputés. On voit mal comment cette série pourrait s’arrêter, alors que l'équipe émiratie va par exemple s'appuyer sur Juan Ayuso (six victoires en 2025) et João Almeida (neuf victoires en 2025) lors du Tour d'Espagne.

Alors comment expliquer de tels résultats ? "UAE a un budget jamais vu dans l’histoire du vélo. Et si une équipe a plus d’argent, cela veut dire qu’elle pourra s’offrir le staff qui va avec. Non pas que l’entraîneur ou le nutritionniste soient meilleurs que dans une autre équipe, mais simplement qu’il va y en avoir plus, et que ceux-ci auront donc beaucoup plus de temps à consacrer à leurs coureurs", explique Nicolas Fritsch, ancien coureur professionnel aujourd’hui devenu consultant pour Eurosport.

Avec 29 coureurs dans son effectif, UAE Team Emirates-XRG peut se permettre de s’engager sur un grand nombre de courses, et donc faire augmenter son nombre de victoires, c’est mathématique. Mais encore faut-il avoir les coureurs capables de gagner des courses. Et c’est là que le savoir-faire de l’équipe entre en jeu. "Ce qui est important, c’est la façon dont on a su optimiser le calendrier pour saisir toutes les opportunités et gagner, expliquait le manager sportif de la formation, Joxean Fernandez Matxin, dans les colonnes de L’Équipe l’an dernier. On a bonifié les profils des vainqueurs de notre équipe, mais aussi les jeunes." Un discours plus que jamais d’actualité lorsque l’on pense au cap franchi par Isaac Del Toro, neuf victoires à lui seul cette saison.

Le glouton UAE ne compte évidemment pas s’arrêter là. "Pour Matxin, c’est important d’être l’équipe au sommet. Ils communiquent beaucoup dessus, et assument pleinement le fait de vouloir être les meilleurs, en gagnant beaucoup de courses. Au contraire de Visma | Lease-a-bike, où l’on court beaucoup moins", note notre consultant.

D’ici à la fin de l'année, le collectif des Emirats Arabes Unis pourrait décrocher le record du nombre de victoires sur une saison depuis le début du World Tour, détenu jusqu’à présent par l’équipe HTC-Columbia à l’issue d’une saison 2009 qui avait été exceptionnelle avec 85 succès (82 pour UAE en 2024). À l’époque, Mark Cavendish (23 victoires), André Greipel (20) et Edvald Boasson Hagen (13) avaient porté l’équipe américaine, en grande partie sur des arrivées massives. "L’exploit, finalement, c’est d’avoir réussi à obtenir toutes ces victoires sans sprinteurs. Avec deux sprinteurs parmi les meilleurs du monde, ça pourrait rapporter une quinzaine de victoires. Et eux, ils n’en ont pas, car ils misent sur un registre différent. Mais ils réalisent malgré tout des résultats impressionnants", avance Nicolas Fritsch.

Et en voyant le programme d’UAE Team Emirates-XRG jusqu’à la fin de l’année, on se dit que ce record n’est sans doute plus qu’à quelques coups de pédale.