E3 Classic - Flandrien en croissance et ambitieux : Valentin Madouas, une nouvelle campagne de Flandre pleine d'appétit
ParFabien Esvan
Mis à jour 24/03/2023 à 00:20 GMT+1
E3 CLASSIC - Le Breton est aussi un Flandrien. Catalogué comme grimpeur et friand des courses ardennaises, Valentin Madouas s'est trouvé un autre amour pour les classiques flandriennes depuis deux ans. Auteur d'une belle campagne en 2022 avec sa 3e place sur le Tour des Flandres en point d'orgue, le Brestois veut confirmer en 2023. Avec de bonnes raisons de croire à quelque chose de grand.
Ma Doue Madouas… L'expression bretonne de la surprise et de l'émotion n'aurait pas pu mieux coller au coureur de la Groupama-FDJ sur le Tour des Flandres l'an passé. Magnifique sur le Monument, le Brestois a fait plus que répondre aux assauts répétés de Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar. Si le Batave a pris le meilleur sur la meute dans un final haletant à Oudenaarde, le Breton est parvenu à s'accrocher pour monter sur la boîte juste derrière Dylan van Baarle et devant l'ogre slovène.
Un an après une cuvée prometteuse, Valentin Madouas aborde les échéances flandriennes bourré d'ambition. Multi-tâche, le coureur de 26 ans a plusieurs fois soufflé son amour du Tour des Flandres, qu'il érige comme l'un des grands objectifs de sa carrière. S'il se sait scruté, le Finistérien est bien déterminé à prouver que sa campagne 2022 n'était pas qu'un feu de paille.
Le couteau-suisse breton
Car la trajectoire du Brestois a pris une nouvelle forme ces derniers mois. Conquérant, Valentin Madouas a signé un exercice 2022 prometteur. "J'ai progressé partout. Je me sens capable de gagner un Tour des Flandres comme je suis capable de gagner une étape de montagne du Tour de France", expliquait-il à Ravito, l'émission cyclisme du Télégramme en novembre dernier.
Des propos confirmés par Jacky Durand qui le connaît depuis ses premiers pas. "J’ai l’impression qu’il franchit des paliers d’année en année. Maintenant, il pèse dans le final." Le Breton s'est mué en coureur moderne par excellence. À l'aise partout, à l'image des autres gros poissons du peloton. Ce sont pourtant les Flandriennes qui le font rêver. "Elles peuvent mieux me correspondre. Beaucoup d’autres paramètres entrent en ligne de compte : la tactique, la chance, la vision de la course…"
Cette polyvalence le rend difficile à classer pour notre expert. "J’ai du mal à le situer. Pour moi, ce n’est pas un coureur de Grand tour, même s’il a prouvé sur le Tour de France qu'il était capable d’obtenir de bons résultats en accompagnant ses leaders. Sur le papier, les Ardennaises lui conviennent mieux avec de longues ascensions qui se montent au train. Les Flandriennes, c’est vraiment du jump sur un temps très, très court. J’ai quand même le sentiment que son amour va plus vers les Flandriennes."
Se faire une place derrière les deux (trois ?) golgoths
Mais la concurrence est colossale autour du Finistérien. "Il y en a vraiment deux au-dessus, c’est van der Poel et van Aert. Je ne peux pas mettre Pogacar en flandrien. De toute façon, on peut le mettre partout… Valentin est dans une période où ‘il n’a pas de chances’. À une époque, on a eu Cancellara, Boonen et tous les costauds étaient dans l’ombre de ces deux coureurs. Là, c’est pareil", concède l'ancien vainqueur du Tour des Flandres 1992.
C’est un diesel par rapport aux turbo diesel
Derrière le Nérlandais et le Batave, le Tricolore est loin d'être ridicule. "Il est toujours là, il ne se fait pas lâcher", continue Jacky Durand, ancien coéquipier et ami de Laurent, papa de Valentin. "C’est un diesel par rapport aux turbo diesel, mais il lui manque un petit truc. Sur des ascensions courtes, quand il y a une violente accélération, il n’est pas capable de suivre un Van der Poel, un Pogacar ou un Van Aert. Il lui manque cette petite accélération, mais il est capable de rentrer au rythme." Il l'a montré l'an dernier.
Les cannes, le Breton les a. L'expérience, il doit en engranger pour pouvoir définitivement rivaliser avec les deux monstres. Le Français le concédait après le Ronde il y a un an. "Je pense que le placement reste le point principal à régler pour moi. Je manque encore un peu d'expérience sur ces courses, je ne sais pas trop à quel moment remonter."
Un nouveau statut à assumer, une nouvelle carte à jouer
Le tempérament bretonnant du coureur lui permet toutefois de toujours être dans le coup sur les rendez-vous flandriens. "Valentin ne lâche jamais rien. Sur une attaque dans le Paterberg de l’un des deux Flandriens, ce serait surprenant qu’il arrive à les suivre. Je ne dis pas qu’il ne pourra pas le faire, il a la tête dure", continue notre consultant. "On ne sait jamais ce qui peut se passer dans le final en direction de Oudenaarde. On l'a vu sur les Strade Bianche. Dès qu’il y avait des accélérations, il rentrait au train."
Ce n'est pas le coureur qui va se contenter d’une place d'honneur
Surtout, Van der Poel et Van Aert peuvent se retrouver dans des situations où ils se marquent de près. Une habitude, lorsque les deux sont de sortie. "Il est dans la situation où il peut profiter d’un marquage des Van Aert, Van der Poel qui ne se quittent pas. S’ils sont au top de leur forme, il y aura cette configuration. Valentin peut être ce coureur, il sent très bien la course, il ne s’affole jamais."
Deuxième sur les Strade Bianche, sur une typologie proche des classiques flandriennes, Madouas a de belles chances dans cette nouvelle campagne. "Il est dans la bonne équipe française pour ça. Il a été baigné dedans. Ce n’est pas par la famille parce que le papa n’était pas un grand fan des Flandriennes", se remémore Jacky Durand.
Flanqué d'une nouvelle étiquette, celle d'outsider assumé, le coureur a appris à n'avoir aucun regret. Le double champion de France 1993 et 1994 confirme. "Le Grand Prix E3 est une course qu’il peut ajouter à son palmarès. Les ascensions sont assez éloignées de la ligne d’arrivée. C’est le coureur maintenant qui, quitte à tout perdre, ne va pas courir pour faire sixième du Grand Prix E3. Ce n'est pas le coureur qui va se contenter d’une place d'honneur, s’il en a une tant mieux."
Offensif, le Breton ouvre le chapitre flandrien avec de l'appétit. Et toujours bercé par le rêve de "passer devant Jacky" sur le Ronde. Notre consultant en a un sourire quand on lui en souffle deux mots. "J’en rêve. Tout Français, je prends." Valentin Madouas a les moyens de parvenir à ces ambitions.
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