Mathieu van der Poel le détonateur, Tadej Pogacar l'apprenti et Wout van Aert le tueur : ce Grand Prix E3 était marquant
Mis à jour 24/03/2023 à 21:39 GMT+1
E3 SAXO BANK CLASSIC - Vendredi à Harelbeke, Wout van Aert a remporté une splendide édition du GP E3. Mathieu Van der Poel a lancé les hostilités. Tadej Pogacar a montré à quel point il était fort et perfectible sur ce type de course. Van Aert a courbé l'échine puis porté l'estocade. Trois premiers rôles différents pour un film dont la suite promet d'être grandiose, dans neuf jours lors du Ronde.
Est-ce le plus beau podium de l'histoire de cette course ? "Je suis d'accord… parce que je suis au milieu." Wout van Aert, hilare, a érigé à sa façon cette 65e édition du Grand Prix E3 au rang de mémorable. Mais outre sa boutade, le caractère majestueux de l'épreuve nous a sauté au visage, vendredi, autour d'Harelbeke. Le Belge y a devancé son grand rival de toujours, Mathieu van der Poel, et l'incontrôlable Tadej Pogacar, à l'issue d'une intense joute qui nous fait saliver.
Van der Poel a passé son bac blanc
Si ce mini Tour des Flandres a été si haletant, c'est en partie dû à une initiative de Mathieu van der Poel. Après une escarmouche d'un Julian Alaphilippe vite absent des débats, le récent lauréat de Milan-Sanremo a mis le feu aux poudres et a réduit le peloton en miettes dans le Taaienberg, à 80 bornes de l'arrivée. Seul Van Aert a réussi à le suivre, puis Tadej Pogacar a recollé, avec quelques outsiders aux basques. La course d'usure désirée par "MVDP" était lancée.
"Je voulais que l'explication finale soit longue et difficile, pour me préparer pour la semaine prochaine", a justifié Van der Poel, comme rapporté par le Het Nieuwsblad. Je pense que j'ai été un peu trop impatient." Mais dans l’optique avouée, donc, de briller sur le prochain Monument au programme, il a pleinement rempli sa mission du jour : "Cela a fonctionné, je me sentais bien dans tous les monts." C'est en continuant son forcing qu'il a opéré une sélection décisive, à 58 km du but.
Van Aert a retenu la leçon
Wout van Aert, lui, s'est contenté de pointer l'homme dont il semble indissociable. Il l'a fait avec une certaine aisance, au contraire d'un Tadej Pogacar à nouveau à contretemps. Puis le redoutable enchaînement Paterberg - Vieux Quaremont a exposé une légère faiblesse, du côté du chef de file de la Jumbo-Visma. "J'étais à la limite", a-t-il volontiers concédé à l'issue de son succès. Mais en ne craquant pas à ce moment clé, il a forgé sa victoire.
La suite ? Un final qu'il a mieux négocié que Pogacar, peu avare en efforts pour essayer d'éviter un sprint à trois, et que Van der Poel, qui n'avait donc pas compté ses coups de pédale depuis deux heures déjà. "J'ai pensé que j'étais le plus frais des trois. Et comme le vent était favorable, je me suis lancé, raconte Van Aert. Les Mondiaux de cyclo-cross m'ont servi de leçon (il avait été battu par l'explosif néerlandais, en février à Hoogerheide, NDLR). Je ne voulais pas d'un sprint trop court."
Pogacar a une leçon à retenir
"Je ne fais pas ces courses si souvent", a de son côté expliqué Pogacar, encore impressionnant de force mais ô combien perfectible parmi les "flahutes", ce vendredi. Le quatrième du dernier Tour des Flandres a regretté de "ne pas s'être retrouvé dans la meilleure position", lorsque les choses sérieuses ont débuté : "J’étais proche de l'avant… mais pas aussi proche que j'aurais dû l'être."
L'attaque tranchante du Slovène dans le Vieux Quaremont a un temps désarçonné le futur vainqueur. Ce dernier a pu compter sur un petit coup de pouce du destin, avec la chute d'une moto (voir tweet), mais sa capacité à gagner sans se montrer dominateur a été remarquable. "Pogi" pouvait-il faire plus que le mettre dans les cordes ? "C'était la meilleure ascension pour moi, celle qui me convenait le mieux, la plus longue, a-t-il détaillé, concernant le moment et le lieu choisis pour accélérer. Mais distancer Van der Poel et Van Aert, c'est dur, n'importe où."
Il ne lui a pas manqué grand-chose. Peut-être l'énergie gaspillée à combler l'écart par deux fois, en catastrophe et sans profiter de la moindre aspiration, quand "MVDP" et "WVA" s'employaient, certes, mais précisément à l'instant voulu. On en revient à l'art de dompter ces épreuves d'un genre à part, qui n'est pas qu'une question de puissance du jarret. "J'ai commis des erreurs de placement que je ne commettrai pas dimanche (2 avril)", finit par promettre Pogacar. Pour nous offrir un des plus beaux podiums de l'histoire du Ronde ?
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