Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Tadej Pogacar, le Giro plutôt que la Grande Boucle : "Le cyclisme, ce n’est pas que le Tour de France"

Mis à jour 19/12/2023 à 14:00 GMT+1

Il sera l'un des grands bonhommes de la saison, comme souvent. Toutefois, le millésime 2024 aura une saveur différente pour Tadej Pogacar. Battu sur la Grande Boucle depuis deux ans, le Slovène se lance le défi d'un doublé rocambolesque Giro-Tour de France. A Calpe, où UAE Team Emirates a posé ses valises pour son stage, le phénomène a livré sans détour les contours de sa saison à la presse.

Gilbert : "Pogacar ? Il faut remonter à Hinault pour voir un coureur avec un tel tempérament"

Tadej, quel est votre rapport avec le Giro ?
Tadej Pogacar : Le Giro est une de mes courses préférées parce que c’est proche de la Slovénie. On adorait la regarder et y aller quand j'étais jeune. L’un de mes meilleurs souvenirs, c’est quand Luka Mezgec a remporté l’étape à Trieste et j’y étais (ndlr, en 2014). C’était un moment inoubliable. Je n’ai jamais vraiment eu de temps à consacrer pour le Giro à cause du Tour de France et de la Vuelta. Je ne suis plus tout jeune, je pense que je peux désormais faire deux Grands Tours. Je pense que c’est le bon moment pour avoir ce nouveau challenge dans ma carrière.
Marco Pantani est le dernier à avoir réalisé le doublé Giro-Tour, en 1998. C'est dans un coin de votre tête ?
T. P. : Je pense que tout le monde rêve de faire le doublé. C’est l’une des choses les plus compliquées à réaliser. L’objectif pour ceux qui ont gagné des Grands Tours, c’est de remporter les trois. On va déjà voir comment ça se passe au Giro avant d’envisager le Tour de France.
Les Mondiaux, c’est un grand objectif pour l’année prochaine.
Quel est votre objectif principal pour la saison à venir : le Giro ou le Tour de France ?
T. P. : Les Championnats du monde ! (rires) Les Jeux Olympiques, c’est aussi un bon objectif. Le parcours n’est pas idéal pour moi, mais on ne sait jamais, ça va être des courses très dures. Les Mondiaux, c’est un grand objectif pour l’année prochaine (ndlr, avec un parcours montagneux autour de Zurich).
Jonas Vingegaard peut se dire que ça va être plus simple sur le Tour avec la fatigue que vous aurez accumulée sur le Giro…
T. P. : Je ne sais pas, il faut lui demander (sourire). J’ai quand même du temps pour récupérer après le Giro, je n’ai pas un programme trop chargé. C’est une préparation différente de celle habituelle pour le Tour. Il faut être solide, on peut essayer de nouvelles choses. Je veux juste profiter.
Est-ce que ça vous a surpris que l’équipe vous donne son accord pour aller au Giro ?
T. P. : Je le dis chaque année que je vais y aller (rires). Je sentais qu’ils avaient aussi envie que je tente quelque chose de différent, ne pas avoir le même schéma chaque année avec le même rythme, varier le programme. Si je fais toujours la même chose, je pense que ce ne serait pas bien pour mon corps. Quand je leur ai proposé, ils m’ont directement dit oui.
Le général pour Wout (van Aert) sur le Giro ? Je ne pense pas qu’il a ça en tête. Il veut viser les étapes et les plus belles...
Les conditions météorologiques du Giro vous sont plus convenables que sur le Tour de France…
T. P. : Ma forme a toujours été bonne au printemps. Je performe mieux dans des conditions plus fraîches. Après, ce n’est pas forcément agréable quand il pleut pendant 20 jours sur le Giro. J’espère qu’on aura une bonne météo pour ne pas trop souffrir. Le dernier Giro était plutôt horrible au niveau des conditions. Il faut être préparé à tout.
Wout Van Aert sera au départ du Giro. Est-ce que vous pensez qu’un coureur de classique comme lui peut jouer quelque chose au général ?
T. P. : On a vu que quand il se préparait pour des courses d’une semaine comme Tirreno, il pouvait faire deuxième (ndlr, en 2021 derrière Pogacar). Il y avait beaucoup d’ascensions. Pendant le Tour de France, il montait très, très bien. 2020 et 2022 ont montré qu’il pouvait être parmi les meilleurs grimpeurs. Pour jouer le général, c’est différent. Je ne pense pas qu’il a ça en tête. Il veut viser les étapes et les plus belles.
picture

Quand Van Aert se gare... puis revient de nulle part

C’est difficile de me changer et de me dire de ne pas me soucier des performances (rires).
Votre équipe pour le Tour de France est l’une des plus fortes que vous ayez eue, peut-être l'une des meilleures de l'histoire…
T. P. : Le Tour est très loin. Beaucoup de choses peuvent se passer, mais c'est sûr que nous avons une super équipe. Je ne pense pas que les noms soient importants. On a toujours eu de grosses équipes.
Est-ce que vous vous imaginez délaisser le Tour à l’avenir ?
T. P. : Je ne l’ai jamais dit, parce que je sais à quel point le Tour de France est important pour l’équipe, mais aussi pour moi. Oui, je me vois le faire. Le cyclisme, ce n’est pas que le Tour de France. C’est la plus grande course du monde, mais il y a tellement de choses excitantes à faire. Il y aura une année où je ne ferai pas le Tour de France.
Comment est-ce que vous vous améliorez ?
T. P. : Il y a l’entraînement d’abord, l’expérience, apprendre de nouvelles choses. Bien sûr, la progression est moins exponentielle avec le temps car le corps est fatigué. Il y a toujours moyen de progresser dans la tête et dans d’autres aspects. Je pense qu’il faut que je progresse encore un peu partout. Le contre-la-montre, c’est parfois bon, parfois moins. il faut travailler sur ça.
L’année dernière, les équipes esquissaient des plans sur "comment battre Tadej Pogačar". C’est aussi la même chose pour Jonas Vingegaard chez vous ?
T. P. : Non, je ne pense pas que c’est le genre de mentalité que nous avons au sein de l’équipe. On prend les choses différemment, on se concentre sur nous-mêmes, on s’entraîne beaucoup ensemble, comme un groupe. On essaye de créer des liens entre nous. On veut faire de notre mieux peu importe ce qui se passe. Il ne faut pas battre quelqu’un en particulier, il faut battre tout le monde. Il faut se préparer à ce que quelqu’un soit meilleur que vous.
picture

Tonne d'attaques, suspense haletant… puis piétiné : c'était Vingegaard vs Pogacar, édition 2023

Est-ce que vous êtes prêt mentalement à attaquer la saison différemment de ce que vous avez connu jusqu’à présent : ne pas se focaliser sur toutes les courses pour les gagner, mais être prêt au bon moment ?
T. P. : C’est difficile de me changer et de me dire de ne pas me soucier des performances (rires). C’est pourquoi le programme est un peu différent des autres années.
C’est la bonne année pour être à fond sur le Giro et sur le Tour.
Beaucoup de personnes estiment que le Giro va amenuiser vos chances pour le Tour de France. Est-ce que vous ne pensez pas plutôt que ça va vous booster ?
T. P. : Je me connais plutôt bien maintenant. Si tout va bien dans ma tête, je peux aller courir les trois Grands Tours. Les faire à 100% mentalement, c’est différent. C’est la bonne année pour être à fond sur le Giro et sur le Tour. Ça peut très bien, comme ça ne peut pas l’être…
À la fin du mois de juillet, qu’est-ce que ce serait le succès pour vous ?
T. P. : Je ne vais pas dire uniquement avoir le maillot jaune à Nice, mais se battre avec les meilleurs pour y être, livrer de bonnes batailles. Avec Jonas, on est plutôt du même niveau. On ne sait jamais ce qui peut se passer. On ne pourra définir le succès qu'après la course.
picture

Pogacar, "le coureur du 21e siècle !"

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité