Julian Alaphilippe : "Je vais tout faire pour remettre les pendules à l'heure"

Avant sa rentrée médiatique, effectuée en Espagne pendant le stage de son équipe, vous n'avez que peu entendu parler de Julian Alaphilippe, si ce n'est deux ou trois photos sur les réseaux sociaux avec sa femme, Marion Rousse, et son fils, Nino. C'est que le désormais ex-double champion du monde en titre avait besoin de ça. La saison 2022 fut trop difficile émotionnellement et physiquement et Alaphilippe avait besoin de ce break. Pour faire un "reset" et pour se lancer vers 2023. L'année, il l'espère, de son retour au meilleur niveau.

Même la dernière charge de Patrick Lefevere - une main ne suffira bientôt plus pour les compter -, n'a pas pu le faire dévier de sa ligne. Alaphilippe n'en veut à rien, ni personne, il compte juste retrouver son niveau, le plaisir et la victoire, dans cet ordre. Les deux derniers n'iront de toute façon pas sans le premier. "Je suis concentré, je ne m'arrête pas aux dernières saisons qui n'ont pas toujours été à la hauteur de mes attentes, réplique-t-il. Je suis dans un super bon état d'esprit. J'ai une grande motivation pour tout ce qui va arriver."

Si Alaf' se trouve dans cet état d'esprit, c'est que pour une fois l'hiver a été bon. Même le traditionnel petit virus qu'il attrape courant janvier l'a épargné cette fois. Croyez-le, il le répète, il a fait un "reset mental et physique", chez lui en Andorre auprès de femme et enfant et il a repris quand il en a eu envie, c'est à dire à la suite d'un bon et long break. Pas une première pour lui mais un bien nécessaire après les chutes, les maladies et donc les mauvais résultats et les critiques de 2022.

"Ma saison dernière a été rythmée par les pépins, à côté de ça la saison continue, les objectifs sont là, tu n'es pas au niveau. C'est un cercle infernal bien grossi par les médias et certaines déclarations, pointe le Français. Sans le maillot de champion du monde, ça aurait été différent. Quand on est un coureur lambda, tout le monde s'en fout mais quand on a le maillot, c'est plus dur à vivre J'en ai pris plein la tronche, maintenant je vais tout faire pour remettre les pendules à l'heure."

En 2022, Alaphilippe fut dépossédé de son beau maillot qui l'accompagnait depuis deux ans. Un soulagement. "Ne plus l'avoir va me permettre de retrouver un peu cette liberté que j'avais avant. J'en avais besoin après deux saisons". La liberté de pouvoir entreprendre, de passer, si ce n'est inaperçu, au moins parfois peut-être au second plan derrière d'autres stars du peloton. Son annus horribilis devrait, pendant un temps, au moins lui servir à ça. Jusqu'à qu'il redevienne lui-même.

Après ce "reset", un bon hiver et une bonne préparation, Julian Alaphilippe a toutes les cartes en main pour briller, peut-être pas dès le Challenge de Majorque où il reprend mercredi mais plus tard, où son programme l'amènera notamment aux Strade Bianche, à Tirreno, Milan-Sanremo où le Tour des Flandres, son gros objectif de la première partie de saison. Qu'il les ait remportées ou non, Alaf' a brillé sur toutes les courses citées. "Qu'on oublie ou pas, je m'en fous. J'ai des bons souvenirs de ce que j'ai fait et j'ai la rage pour ce que je vais faire encore", avance le puncheur de Soudal-Quick Step.

Et qu'importe la pression qu'on veut bien lui mettre ou lui promettre. Alaphilippe, jure-t-il, n'a que faire de ce qu'on peut dire de lui. "C'est l'une des premières saisons où je me sens si libre, si relax, tranche-t-il au contraire. Je ne ressens pas de pression, je veux juste profiter. Je suis heureux et motivé de commencer la saison." Heureux, sans doute, parce qu'un nouveau chapitre permet de découvrir une nouvelle page blanche. Une page à écrire.