Le succès de Jungels porte le sceau d'une toute-puissante Quick-Step

Sur la Flèche Wallonne, Julian Alaphilippe n’a pas levé les bras en passant la ligne. Il l’a en revanche fait sur Liège-Bastogne-Liège. Le Tricolore a pourtant remporté la première, pas la seconde. Ce dimanche, c’est le nom de Quick-Step Floors qu’il a fièrement mis en avant aux yeux de tous pour saluer la victoire de son coéquipier, Bob Jungels, nouveau sacre pour la meilleure équipe du début de saison, et de loin.

La force de Quick-Step est-elle physique ou tactique ? Un peu des deux évidemment car la tactique ne peut être efficace dans de telles proportions sans des coureurs de (très) haut niveau. Mais, arrêtons-nous un instant sur le plan, une nouvelle fois parfait, de Quick-Step pour porter Jungels sur la plus haute marche du podium. Dans l’équipe belge, on surveillait plutôt les actions de Philippe Gilbert, vainqueur en 2011, et de Julian Alaphilippe, qui avait la pancarte après son succès à la Flèche mercredi. Une nouvelle fois, Quick-Step a su surprendre.

Il y a fort à parier qu’avec l’attaque de Jungels à un peu moins de 20 kilomètres de l’arrivée, Patrick Lefévère et ses hommes jouaient sur deux tableaux. Exactement comme avec celle de Gilbert quelques hectomètres plus tôt dans la Roche-aux-Faucons. L’idée était la même qu’à la Flèche avec Maximilian Schachmann : placer un homme à l’avant pour faire travailler les adversaires d’Alaphilippe. Sauf que Bob Jungels, 8e du Giro en 2017, n’est pas Schachmann et que le final de Liège-Bastogne-Liège n’est pas tout à fait non plus celui de la Flèche Wallonne. En bon rouleur, le Luxembourgeois a enfoncé les pédales et a profité du marquage d’Alaphilippe dans le groupe des costauds pour creuser l’écart et s’assurer le plus beau succès de sa carrière. "Julian était le leader après ce qu'il a fait mercredi, a déclaré Jungels. J'ai essayé d'anticiper, de partir à l'avant pour le mettre en bonne position et personne n'est revenu".

Comme sur le Tour des Flandres, quand Gilbert et Stybar avaient protégé la fuite de Terpstra, comme sur le Grand Prix E3 quand le même Gilbert a travaillé pour le même Terpstra tout en allant terminer 2e derrière le Néerlandais, la Quick-Step a profité de son avantage numérique et physique dans le final à Liège. Avec le succès du Champion du Luxembourg sur la “Doyenne”, la formation belge porte son total à 27 cette saison. Sa plus “proche” poursuivante, la Sky, en a remporté 15. Un gouffre.

C’est peu dire que la campagne de classiques de Quick-Step est un modèle de réussite. Du Samyn en février à Liège, les hommes en bleu ont levé les bras sur onze courses d’un jour. Dans le même laps de temps, seuls les Bora-Hansgrohe de Sagan (Gand-Wevelgem et Paris-Roubaix), les Astana de Valgren (Het Nieuwsblad et Amstel) et les Lotto-Soudal de Benoot et Wellens (Strade Bianche et Flèche Brabançonne) ont remporté deux classiques. Tout sauf un hasard pour la toute puissante Quick Step, d’autant plus quand, à côté des Alaphilippe ou Terpstra, les vainqueurs se nomment aussi Cavagna, Hodeg ou Jakobsen. Loin d'être les plus attendus, donc.

Le savoir-faire de la bande à Lefévère sur ces courses d’un jour n’est plus à démontrer mais depuis quelques temps, l’entente entre les différentes composantes de cette armée bleue est parfaite. Le malin Terpstra sait parfaitement jouer du dévouement de ses coéquipiers mais les Gilbert, Alaphilippe ou Stybar, pourtant toujours fanny sur les très grandes courses, n’ont aucun état d’âme à se mettre au service de celui qui a attaqué au bon moment. La marque des grands.