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Liège-Bastogne-Liège : Alexey Lutsenko, mini-Vino, mais encore ?

Benoît Vittek

Mis à jour 26/04/2019 à 11:03 GMT+2

LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE - Aussi discret en marge de la course qu’offensif sur la route, Alexey Lutsenko (Astana) semble avoir encore progressé en 2019. Suffisamment pour s’imposer à part entière et dépasser les comparaisons avec son patron ?

Alexey Lutsenko of Kazakhstan and Astana Pro Team / Celebration / Jakob Fuglsang of Denmark and Astana Pro Team / during the 54th Tirreno-Adriatico 2019, Stage 4 a 221km stage from Foligno to Fossombrone

Crédit: Getty Images

Il y a bien longtemps qu’Alexey Lutsenko (Astana) impose ses talents de coureur cycliste au monde entier. Et tout aussi longtemps qu’on en a fait un “mini-Vino”, disciple du peu recommandable Alexandre Vinokourov, son prédécesseur au moment de porter haut le drapeau kazakh et aujourd’hui son patron. Les progrès constants de Lutsenko et son style agressif en course l’ont petit à petit installé parmi l’élite du peloton… et ont renforcé certaines comparaisons avec Vino le roule-toujours.
Cette filiation s’est imposée avant même qu’on ne sache grand chose de Lutsenko. Sa victoire fondatrice, devant Bryan Coquard aux Championnats du monde Espoirs de 2012, intervenait au moment où Alexandre Vinokourov prenait sa retraite de coureur, tout juste auréolé de son titre olympique. Le demi-dieu kazakh devenait alors officiellement le grand patron de la structure créée pour lui dans la foulée de l’affaire Puerto, mais qu’il a un temps partagée avec Bruyneel, Armstrong et Contador. Et Lutsenko était la meilleure incarnation du renouveau kazakh, renouveau qu’il incarne toujours avec ses progrès constants.
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Lutsenko, avec le maillot de champion du Kazakhstan, derrière Vinokourov, lors de la présentation de l'équipe Astana 2019

Crédit: Getty Images

L’instinct de victoire

Pour ma part, c’est seulement quatre ans plus tard, à l’occasion du Tour de Hainan 2016, que je l’ai rencontré pour la première fois. Nous sommes alors au bout du bout de la saison (fin octobre), en Chine, et les quelques équipes World Tour qui ont fait le déplacement affichent un degré de motivation aléatoire. Les jeunes Matej Mohoric et Max Walscheid en profitent pour signer leurs premiers succès pros, mais c’est bien Lutsenko qui impressionne (chez Astana, on fait le boulot tout au long de la saison, notamment pour les épreuves du circuit asiatique). Plus que sa victoire au général, je retiens la deuxième étape où il emmène le sprint pour le modeste Ruslan Tleubayev, sort tout le peloton de sa roue et prend la deuxième place derrière son partenaire kazakh.
Lutsenko est un garçon bien élevé, qui sait partager le leadership et les prix. Il a aussi un vrai instinct de la gagne, illustré par ses 21 victoires en pro (5 en 2019) et récemment attisé par un drame familial. Mi-février, sur le Tour d’Oman, Fabien Grellier (Direct Énergie) est encore en tête à 200 mètres de l’arrivée sur Green Mountain quand le directeur sportif d’Astana Dmitriy Fofonov dit à Lutsenko qu’il n’a pas besoin de se dépouiller pour une troisième victoire d’étape en quatre jours (et avec le général déjà assuré). Pourtant, le Kazakh s’arrache sur la pente et signe sa victoire en pointant le ciel du doigt. Ce jour-là, dans un anglais qu'il s'efforce d'étoffer (son italien est limpide), il révèle la signification de ce geste, et surprend même au sein de son équipe :
Avec ma femme Elena, nous avons perdu deux enfants. Cette victoire est pour elle, rien que pour elle. Elle était enceinte de deux mois. C’est terrible de perdre deux enfants comme ça. Je voulais tout donner pour ma famille

A Liège... pas pour les mêmes raisons que Vino

Surclassée à Oman, la concurrence n’a pas manqué de souligner que Lutsenko présentait un état de forme bien avancé pour le mois de février, à l’instar des Quintana, Bernal et Lopez qui s’écharpaient en Colombie au même moment. Mais depuis, Lutsenko n’a pas faibli. Dans le top 10 sur le Het Nieuwsblad et les Strade Bianche, il a signé une victoire épique dans Tirreno-Adriatico, réglant au sprint les coureurs qui l’avaient repris dans le final à la faveur de ses deux (!) chutes en direction de Foligno.
Mercredi, on l’a vu prendre quelques relais appuyés lorsque le peloton s’est morcelé à mi-course sur la Flèche Wallonne puis lorsqu’il chassait à pleins tubes avant la dernière ascension du Mur de Huy, où il a finalement fini 31e. “Il a dû s’arrêter derrière un coureur qui a eu un problème mécanique et ensuite il était trop tard pour revenir sur le premier groupe”, explique son équipe. “Il se sentait très bien mais jusqu’à présent il a manqué de chance.”
Dimanche, il lui reste une dernière chance (peut-être la meilleure au vu de ses qualités et de la pancarte accrochée au dos de Jakob Fuglsang) dans la campagne des classiques, à Liège, où Vinokourov s’est imposé deux fois (2005 et 2010). Et où il est attendu le 7 mai devant le tribunal correctionnel, pour répondre des soupçons selon lesquels il aurait acheté à Alexandr Kolobnev la victoire dans la Doyenne en 2010. Lutsenko sera bien loin de ces tourments : après une petite coupure, un stage en altitude doit le lancer vers son deuxième objectif de la saison, le Tour de France.
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Alexey Lutsenko et Enric Mas, à l'arrivée de la Flèche Wallonne 2019

Crédit: Getty Images

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