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Jakob Fuglsang, la consécration inattendue d'un classicman qui s'ignorait

Julien Chesnais

Mis à jour 29/04/2019 à 10:58 GMT+2

Auteur d'une incroyable semaine (3e de l'Amstel, 2e de la Flèche, vainqueur à Liège), Jakob Fuglsang restera comme le grand monsieur du triptyque 2019 des classiques de côte. Un avènement sur le tard et inattendu pour le Danois qui n'avait, avant ce printemps, jamais brillé de la sorte sur les classiques. À 34 ans, le leader d'Astana se découvre encore.

Jakob Fuglsang, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège le 28 avril 2019

Crédit: Getty Images

En général, quand la course s'emballe et s'approche du moment de vérité, les informations que peuvent s'échanger deux grands favoris à la victoire ne peuvent appartenir qu'au domaine de l'intox, d'un jeu de poker menteur. Rarement d'une confidence bienveillante. Pourtant, c'est à peu près ce qu'il s'est produit ce dimanche dans le final de Liège-Bastogne-Liège. Jakob Fuglsang s'en est expliqué après l'arrivée. Dans la descente de la Redoute, alors qu'il sentait que les forces allaient lui manquer, Julian Alaphilippe est venu auprès de son grand rival. "Il m'a dit : "J'espère que tu vas gagner aujourd'hui"" raconte le Danois, vainqueur de la 105e édition de la Doyenne en ayant attaqué un peu plus tard, dans la Roche-aux-Faucons.
Encourager son meilleur ennemi, alors que rien n'est encore joué, est une rareté qui dit bien la bienveillance qui anime les deux meilleurs ennemis du printemps (les déclarations de la semaine en avaient déjà montré un aperçu). Se sachant probablement battu d'avance, Alaphilippe (finalement 16e) a ainsi exprimé le souhait de voir s'imposer celui qui le méritait le plus à ses yeux. A cet égard, le Français ne se trompait pas vu l'incroyable feuille de stats du Danois depuis le début de l'année.
À 34 ans, Fuglsang s'est subitement découvert une nouvelle corde à son arc. Formé au VTT, venu au plus haut-niveau sur la route en 2009, le Danois brillait jusque-là sur les courses par étapes (victoire au général du Dauphiné 2017). En revanche, son registre n'a jamais été les classiques. Sa victoire sur Liège-Bastogne-Liège est la 20e de sa carrière. Mais c'est sa première sur une course d'un jour, hormis deux titres nationaux en contre-la-montre.

Aucun podium sur ces 27 premières tentatives sur le triptyque

Son bilan "avant/après" sur le mal nommé triptyque ardennais (l'Amstel se déroule dans le limbourg néerlandais, pas dans les Ardennes) est éloquent. C'est le jour et la nuit (ou plutôt l'inverse). Avant ce printemps, son bilan Amstel-Flèche-Liège se résumait à 5 top 10 sur un total de 27 courses. Il n'avait jamais fait mieux que 4e, sur l'Amstel, en 2010. Aucun podium donc. Et là, subitement, en l'espace de huit jours, il en a décroché trois, coup sur coup, grimpant à chaque fois d'une marche supplémentaire (3e de l'Amstel, 2e de la Flèche, 1er à Liège). Le Danois a surgi avec fracas sur cette scène où il était si peu à l'aise. Et avec un Alaphilippe au bout du rouleau ce dimanche, le Danois restera bel et bien comme l'homme du triptyque cette année. Personne n'aurait pu l'imaginer il y a quelques mois encore.
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Jakob Fuglsang (Astana) et Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), en discussion sur Liège-Bastogne-Liège 2019

Crédit: Getty Images

Cette campagne extraordinaire, conclue par la 3e victoire de l'histoire d'Astana sur la Doyenne (espérons qu'elle restera moins controversé que celles de ses prédécesseurs Alexandre Vinokourov et Maxime Iglinskiy), s'inscrit néanmoins dans la lignée d'un début de saison très concluant. Après avoir remporté le Tour d'Andalousie, il avait livré un premier duel d'anthologie avec Alaphilippe sur les Strade Bianche. Il l'avait perdu. Mais sa 2e place constituait déjà un événement en soi. Il s'agissait de son meilleur résultat depuis huit ans sur une course en ligne, à égalité avec celle des JO de Rio en 2016. Derrière sa prouesse en Toscane, Fuglsang a ensuite remporté un succès d'étape sur Tirreno-Adriatico (3e du général) puis est resté solide au Tour Pays Basque (4e du général). De quoi l'envisager avec un rôle important sur les Ardennaises. Mais pas non plus le tout premier rôle.

Et s'il s'affirmait enfin sur un Grand Tour ?

Qu'attendre de Fuglsang désormais ? On l'a dit, le Scandinave était jusque-là un homme de courses par étapes. Mais ce n'était pas vraiment non plus un homme de grands tours. Son seul top 10 en la matière reste une 7e place sur le Tour 2013. C'est bien maigre. Mais cette stat' tient beaucoup au rôle de l'ombre qui lui a souvent été réservé dans ses équipes respectives, de Saxo Bank à Astana. Et aussi à la malchance, comme en 2017, où il avait abandonné suite à une chute dans les Pyrénées alors qu'il était 5e du général.
La roue pourrait bien tourner. Cette année, il devrait avoir le champ libre pour le Tour de France. Il n'y a plus de Nibali et Aru pour lui barrer la route. Et Miguel Angel Lopez est concentré sur le Giro. Fuglsang n'a encore jamais brillé comme il pouvait l'espérer en juillet. Peut-être le fera-t-il cette année. Après tout, vu ce qu'il vient de nous montrer, le Danois n'a sans doute pas fini de nous surprendre.
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Jakob Fuglsang soulève son trophée de vainqueur sur Liège-Bastogne-Liège le 28 avril 2019

Crédit: Getty Images

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