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Milan-SanRemo - Cyclo-cross, leader atypique et audace : 6 choses à savoir sur Jasper Stuyven

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 20/03/2021 à 22:20 GMT+1

MILAN-SANREMO – Vainqueur surprise de la Primavera, Jasper Stuyven a volé la vedette aux favoris, au terme d’une attaque victorieuse dans le final. Si l’on n’attendait pas le Belge à pareille fête, le coureur de la Trek-Segafredo reste une valeur sûre du peloton, au parcours et au caractère bien à part. Voici cinq choses à savoir sur le nouveau roi de Sanremo.

Stuyven : "Je savais que je devais tenter quelque chose et j'ai fait all-in"

Lui aussi a débuté par le cyclocross

A force d’entendre parler de la polyvalence de Wout Van Aert et de Mathieu Van der Poel qui alternent hiver dans les sous-bois et reste de la saison sur route, on en oublierait presque que les deux hommes sont loin d’être les seuls coureurs du peloton actuel à avoir commencé par le cyclo-cross. Julian Alaphilippe, Peter Sagan ou Zdeněk Štybar pour ne parler que d’eux sont par exemple issus des sous-bois et c’est aussi le cas de Jasper Stuyven. Le Belge a notamment été sacré champion de la province du Brabant flamand en catégorie aspirants en 2006, à 14 ans, avant de rapidement se consacrer à la route.

Un pur produit de la Trek-Segafredo

A 28 ans, Jasper Stuyven ne fait pas encore partie des anciens du peloton mais le Belge commence à avoir de l’expérience puisqu’il est dans sa 8e saison professionnelle. Et le néo-vainqueur de Milan-SanRemo n’a connu d’autre équipe que la Trek-Segafredo depuis son passage chez les professionnels, en 2014. Mais, mieux que ça, il était déjà à moitié un membre de sa formation actuel lors des deux années précédentes puisqu’il appartenait à l’équipe Bondrager Livestrong, qui était jusqu’à son arrivée, l’équipe réserve de la Radioshack, ancêtre de la Trek-Segafredo. Certes, la Bondrager n’était plus la réserve de celle-ci lorsque Stuyven est arrivé mais cela n’a pas empêché la Trek-Segafredo de s’emparer du Belge, dernier coureur à avoir suivi cette voie.
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Une attaque au bon moment et Stuyven a piégé les favoris : le final haletant en vidéo

Un sprinteur, oui, mais tellement complet…

Lorsque les quatre premiers top 4 professionnels d’un coureur sont à l’occasion d’un sprint massif, il est facile de catégoriser ledit coureur comme un sprinteur. C’est le cas de Jasper Stuyven, très habile dans les arrivées groupées comme en témoigne sa 6e place sur les Champs-Elysées sur le Tour 2016 ou sa 2e place au classement par points sur le Giro 2017. Mais le Belge est beaucoup plus que ça et son profil est très complet.
Capable de jouer les premiers rôles sur Paris-Roubaix (4e en 2017, 5e en 2018) mais aussi de prendre la 13e place finale - devant des grimpeurs comme Bardet ou Alaphilippe - d’un Paris-Nice 2020 certes particulier, Stuyven sait absolument tout faire, à l’image de sa 9e place sur le chrono final de la Vuelta 2014 ou de sa 3e place sur le GP de Québec 2018, pourtant réservé aux puncheurs. Et c’est grâce à ce profil si complet qu’il s’était offert la 8e étape de la Vuelta, en dominant un sprint d’une quarantaine d’unités. Mais le Belge reste avant tout un coureur de classiques, avec cinq de ses neuf succès pros décrochés sur des courses d’un jour.

Audacieux, quitte à tout perdre

Rarement une victoire aura aussi si bien illustré la manière de courir d’un coureur. Pourtant rapide en sprint en petit comité, Jasper Stuyven a choisi d’attaquer à 2,8km de l’arrivée sur Milan-Sanremo, quitte à risquer de tour perdre. "Je savais que je devais anticiper, que je devais faire quelque chose, expliquait-il après la course. J'ai préféré faire all-in, mettre tout sur la table et je suis allé chercher la plus grande victoire de ma carrière". Cette audace et cette prise de risques dans l’optique de la victoire caractérisent parfaitement Stuyven.
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Le mouvement décisif : Quand Stuyven attaque le groupe des favoris

Le Belge n’a jamais hésité depuis son passage chez les professionnels à partir de loin, à anticiper, à surprendre. Surtout, il sent la course et c’est ce qui le pousse à attaquer souvent au moment opportun, à l’instar de ce qu’il s’est passé sur la Primavera. "Jasper a changé la tactique quand il a vu le groupe dans lequel il était, avec tous les sprinteurs, expliquait son coéquipier chez Trek-Segafredo Julien Bernard, qui a vu la course à la télévision. Il a vraiment placé l’attaque au bon moment". Et c’était déjà ainsi qu’il avait décroché sa première classique à Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2016, en sortant en solitaire à 17km de l’arrivée pour résister au peloton des sprinteurs.
Il avait retenté le coup un an plus tard sans la même réussite (battu au sprint par Sagan) mais Stuyven n’a jamais laissé tomber cet esprit offensif qui le pousse à prendre des risques quitte à finir loin plutôt que de d’attendre pour jouer une place d’honneur. "Il vaut mieux arriver une fois pour la victoire que faire 10 fois 10e", rappelait-il d’ailleurs à juste titre.

Sanremo, comme un souvenir de Mondiaux juniors…

Gagner en sortant dans le final avant de résister aux retours des sprinteurs est une vieille habitude pour Jasper Stuyven. Une habitude qui date même des championnats du monde juniors de Moscou en 2009. A 17 ans, le Belge fait partie du groupe de dix coureurs (ils étaient onze en tête au moment de son attaque sur Sanremo) qui se joue la victoire en Russie et, plutôt que d’attendre une arrivée groupée, il surprend les sprinteurs avec une attaque à la flamme rouge. Malgré l’effort des sprinteurs et notamment d’un certain Arnaud Démare (2e), il s’imposera finalement avec deux vélos d’avance. La marge était moindre ce samedi mais la réussite était la même.

Un leader par le caractère

Devenu par ses résultats mais aussi par la force des choses, avec la retraire de Cancellara, le leader de la Trek-Segafredo sur les classiques flandriennes en 2016, Jasper Stuyven s’est toujours efforcé d’être un leader modèle plutôt qu’un leader autoritaire. "On est un leader par sa personnalité, pas par son palmarès, expliquait-il ainsi à sportmagazine.levif.be en mars 2019. Celui-ci renforce évidemment la position d'un coureur mais on peut avoir gagné vingt classiques et avoir un caractère de chien. Un vrai leader, tel que j'essaie de l'être, encourage ceux qui travaillent pour lui, les accompagne, les rend plus forts, les incite à croire en eux, à quelque chose dont ils ne s'imaginaient pas capables. Ça doit se faire naturellement, sans rien forcer ni planifier. C'est un travail permanent, à vélo et en dehors."
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Stuyven : "Je savais que je devais tenter quelque chose et j'ai fait all-in"

C’est ainsi que le Belge s’est empressé de mettre ses partenaires en avant après son succès sur la Via Roma, partageant par exemple la bouteille de champagne du vainqueur avec Tom Skuijns ou louant les efforts de ses coéquipiers pour le garder au chaud. "Mes coéquipiers m'ont mis dans une position parfaite dans les passages importants du parcours", avouait-il. Et lui a su faire le travail, récompensant ainsi tous leurs efforts. Jasper Stuyven a peut-être changé de catégorie en remportant son premier Monument mais il ne compte changer ni sa manière d’être, ni sa façon de courir. Et il a bien raison.
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