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Milan-Sanremo - Pogacar, Van Aert : des courses opposées mais la même déception

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 19/03/2022 à 20:42 GMT+1

MILAN-SANREMO - Grands favoris de la "Primavera", Tadej Pogacar et Wout Van Aert ont tous deux été surpris par Matej Mohoric dans la descente du Poggio et ont lâché une victoire que tout le monde prédisait à l’un d’eux. Même si leurs courses ont été diamétralement opposées, l’un comme l’autre ont déçu.

Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) à l'attaque dans le Poggio, suivi par Wout Van Aert (Jumbo-Visma), lors de Milan-Sanremo 2022

Crédit: Getty Images

Tadej Pogacar, Wout Van Aert, Van Aert, Pogacar… Depuis le début de la semaine, tout le monde du cyclisme n’avait que des deux coureurs à la bouche. Le premier avait gagné toutes les épreuves qu’il avait disputées cette saison (UAE Tour, Strade Bianche et Tirreno-Adriatico) et est probablement le meilleur coureur du monde actuellement. Vainqueur de Milan-SanRemo en 2020, le second a gagné l’Het Nieuwsblad pour sa reprise avant de remporter un chrono sur Paris-Nice.
Au départ de Milan, la question semblait presque plus de savoir lequel s’imposerait que de déterminer qui pouvait les priver de la victoire. Mais Matej Mohoric a mis tout le monde d’accord. Mais le Slovène aura été bien aidé par Pogacar comme par Van Aert, qui ont raté leur course à bien des égards.

Pogacar, péché d’orgueil ou manque de jambes ?

Depuis les Strade Bianche et son numéro incroyable de 50km, tout le monde n’attendait que de voir le leader d’UAE Team Emirates sur Milan-Sanremo avec l’espoir fou de le voir attaquer dès la Cipressa, ce qui n’arrive plus depuis des années. Un rêve qui sera resté une vaine chimère. Partir aussi loin n’était pas dans les plans de Pogacar, qui s’est "contenté" d’y faire travailler à bloc son équipe, battant au passage le record de la montée au 21e siècle. Les dégâts y ont été considérables mais il a aussi manqué l’occasion d’exploiter la seule véritable difficulté de la journée. Car le Poggio était trop facile et ça s’est vu.
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Turgis y a cru mais Mohoric a résisté pour un bonheur absolu : L'arrivée en vidéo

Le Slovène a pourtant tenté sa chance à quatre reprises dans l’ultime difficulté de cette "Primavera" mais il n’a jamais réussi à s’isoler. Pas une seule fois. A l’exception de la première attaque, quasi dès le pied, il n’a même jamais semblé en mesure de lâcher les sprinteurs.
D’ailleurs, c’est exactement ce qu’il s’est passé, ceux-ci n’ayant cédé que sur l’attaque de Soren Kragh Andersen (Team DSM), bien plus franche que celles de Pogacar. Le Slovène manquait-il de jambes, lui qui a souffert d’un rhume après Tirreno ? Ou a-t-il simplement péché par orgueil, pensant que sa forme extraordinaire du début de saison lui assurait de pouvoir s’isoler dans le Poggio, même avec si peu de pourcentages ? Toujours est-il qu’il n’y est pas parvenu.
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Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) passé à l'attaque dans le Poggio, lors de Milan-Sanremo 2022

Crédit: Getty Images

Très positif pour le futur
C’est même lui qui lâche la roue de Mohoric dans la descente, causant l’écart fatal. Comme un symbole, même s’il savait que suivre son compatriote serait suicidaire. "Avant la course, il m’avait dit de ne pas essayer de le suivre, et je lui avais répondu que j’étais au courant que ça serait compliqué vu que je savais qu’il était fou dès qu’il s’agissait de descente et que j’avais vu qu’il avait une tige de selle télescopique, expliquait Pogacar. Et, de toute manière, quand il est parti, j’ai vu qu’il prenait déjà énormément de risques, manquant presque de sortir donc je n’ai pas osé le suivre".
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Une descente de funambule : Comment Mohoric a fait la différence

Malgré des relais sur le plat, Mohoric ne sera jamais revu et Pogacar prendra finalement la 5e place de cette édition 2022 de Milan-Sanremo. Une performance qui satisfaisait le Slovène, très content, surtout, de la physionomie de la course. "Je suis heureux, avouait-il dans un communiqué de son équipe. Nous avons réalisé une grande performance d’équipe. Ce que nous avons montré en tant qu’équipe est très positif pour le futur".

Van Aert, une gestion d’équipe étonnante

Très attendu lui aussi, Wout Van Aert aura lui donné l’impression de passer toute la journée à coureur à contre-emploi. Lui qui était généralement passé à l’offensive dans le Poggio ces dernières années n’a cette fois pas placé la moindre attaque. La faute à Pogacar. "J'ai tiré mes meilleures flèches en le suivant, avouait-il pour VTM après la course. J'ai gaspillé trop d'énergie en répondant à ses attaques, attaquer n'était plus une option après. J'étais déjà content de pouvoir suivre. C'était toujours dur". Encore plus lorsque l’on use ses équipiers un peu à tort et à travers. Ça ne lui ait pas forcément imputable mais reste comme l’impression que la Jumbo-Visma a couru à l’envers.
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Wout Van Aert (Jumbo-Visma) fait rouler ses équipiers dans la Cipressa, lors de Milan-Sanremo 2022

Crédit: Getty Images

C’est elle qui a mené la chasse seule pendant près de 200km derrière l’échappée. Certes, seul Jos Van Emden a roulé mais, lorsque UAE Team Emirates a embrayé dans la Cipressa, pourquoi Van Aert a-t-il lui aussi sacrifié ses équipiers pour relayer la formation émiratie ? Lui qui possédait une armada autour de lui s’est retrouvé seul au sommet du Poggio alors qu’il y avait deux équipiers pour Mohoric et même un pour Démare ! L’aide qu’aura apporté Primoz Roglic au champion de Belgique ce samedi n’aura pas été visible. Notamment lorsqu’il a planté une banderille au lieu d’emmener tranquillement le groupe. Comme si Van Aert craignait de disputer un sprint et voulait s’isoler sans en avoir les jambes.
J’ai couru pour gagner mais les autres ont vite pensé au podium
Et comme souvent après une lutte aussi forte entre favoris, dès qu’un outsider parvient à s’isoler, c’est souvent terminé. Encore plus avec des cadors en chasse aussi forts que Van Aert ou Pogacar, des présences qui n’incitent pas vraiment à rouler. Une attitude dont s’est encore plaint le Belge après l’arrivée. "Il n'y avait pas beaucoup de collaboration, déplorait-il. J'ai couru pour gagner, Mathieu van der Poel aussi, mais les autres ont vite pensé au podium. C'est leur droit mais je préfère me battre." Mais ce samedi, le champion de Belgique s’est peut-être trompé dans la manière. Et il devra encore patienter pour s’offrir son deuxième Monument.
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La déception de Wout Van Aert (Jumbo-Visma) à l'arrivée de Milan-Sanremo 2022

Crédit: Getty Images

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