Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Milan-Sanremo | Pourquoi la Primavera échappe à la mode des attaques de loin de Pogacar, Van der Poel ou Van Aert

Christophe Gaudot

Mis à jour 18/03/2023 à 09:05 GMT+1

MILAN-SANREMO - Alors que partout, sur les courses d'un jour comme sur celles par étapes, les scénarios ne ressemblent plus à ce qu'ils étaient avant, le premier Monument de la saison reste le même. Pas d'attaques de loin parmi les leaders, pas de mouvements d'envergure et une question : Milan-Sanremo cédera-t-elle un jour à la mode des Tadej Pogacar, Mathieu Van der Poel ou Wout van Aert ?

D'Impéria vers la Via Roma : Philippe Gilbert explore le final de Milan-Sanremo

"Ils cassent les codes". Tadej Pogacar, Mathieu Van der Poel, Wout van Aert et d'autres ont changé le cyclisme. Parce qu'ils ont un talent fou et des caractères qui tranchent avec ce qu'il se faisait avant. Mais cassent-ils vraiment tous les codes ? Non, une course résiste encore et toujours aux envahisseurs. Son scénario séculaire, et par certains aspects sacré, attend encore d'être chamboulé. Milan-Sanremo n'a pas cédé à la mode des mouvements précoces. Pourquoi la Primavera ne change-t-elle pas ?
Parmi les vainqueurs récents, certains ont fait la différence dans le Poggio ou profité d'un mouvement dans celui-ci (Van Aert, Alaphilippe, Kwiatkowski…), d'autres se sont servis de la descente (Mohoric, Nibali), quant aux derniers, ils ont soit attaqué juste avant Sanremo (Stuyven) ou mis à profit un regroupement pour l'emporter au sprint (Démare, Degenkolb, Kristoff).
picture

Rétro 2022 - Mohoric le funambule : revivez son ahurissante descente du Poggio

300 kilomètres résumés en un quart d'heure

Dans cette liste, on tient les neuf derniers vainqueurs et leurs mouvements décisifs tiennent au fond en quelques kilomètres. Des pentes du Poggio à la ligne d'arrivée, dix doigts suffisent amplement pour les compter. C'est là toute la singularité du premier Monument de la saison. Il est, de loin, la course la plus longue de l'année avec ses près de 300 kilomètres mais ses 6h30 de course peuvent être résumées en un quart d'heure, pour certains le plus fou de la saison. A ce titre, la distance a de quoi faire peur… tout en ne permettant pas d'user réellement les organismes avec trois quarts de la course menés sur un rythme relativement tranquille. Drôle de paradoxe.
picture

Fritsch : "Quand Van Aert a écœuré Alaphilippe, il m'a impressionné"

A l'inverse, raconter le Paris-Roubaix de 2022 ou celui de 2021 en quelques minutes est bien plus compliqué, il en va de même avec le Tour des Flandres, celui de Lombardie ou Liège-Bastogne-Liège. Certes le scénario de cette dernière est rarement le plus inattendu mais dans ce domaine, rien ne rivalise avec Milan-Sanremo. Conserver son attrait dans ces conditions peut s'avérer difficile. Heureusement pour elle, la Primavera a une histoire plus que séculaire (première édition en 1907 remportée par le Français Lucien Petit-Breton) et un prestige jamais démenti.

Alaphilippe : "Une attaque dans la Cipressa ? Je ne sais pas…"

Mais RCS, l'organisateur de Milan-Sanremo et celui du Giro, sait que changer aurait des avantages. Critiqué, le parcours a subi des évolutions sur certaines éditions. L'ajout de la Manie par exemple entre 2008 et 2014 pour densifier le long passage entre le Turchino et les Capi. Abandonnée depuis, l'ascension durcissait la course et la rendait plus difficile pour les sprinteurs, anciens maîtres de la Classicissima, relégués aujourd'hui au second plan même si leur présence dans le Poggio est souvent décisive puisqu'elle peut bloquer la course en décourageant les attaquants.
picture

Encore une fois, Alaphilippe a attaqué dans le Poggio

Est-ce finalement la Cipressa que les coureurs ont tendance à sous-utiliser ? La deuxième participation de Tadej Pogacar en 2022 avait fait naître le fol espoir d'une attaque dans cette ascension de 3,5 kilomètres à 6,5%. Las, le Slovène avait fait rouler fort son équipe pour fatiguer la meute. "Une attaque dans la Cipressa ? On ne sait pas, nous répondait Julian Alaphilippe il y a quelques semaines. Il se passe tellement de choses, de plus en plus loin de l'arrivée…" Problème, "il y aura toujours une équipe pour rouler entre la Cipressa et le Poggio", pointe le vainqueur de l'édition 2019.

Pas assez dur, le Poggio

Et c'est là tout le nœud du problème, sans doute. Les sprinteurs qui ne passent pas un "pont de chemin de fer" selon l'expression consacrée, ont disparu depuis longtemps. En 2021, Caleb Ewan s'était baladé dans le Poggio et le meilleur sprinteur du monde, Jasper Philipsen, encaisse très bien les bosses. La mythique ultime ascension de Milan-Sanremo n'est plus assez sélective eu égard à l'évolution du peloton et sa précédente, la Cipressa, non plus. A quoi bon alors tenter de tout faire péter si c'est pour se prendre le boomerang en pleine face quelques kilomètres plus loin ?
picture

Rétro 2016 - Démare, un sprint pour une place dans l'histoire

Les Capi, alors ? Le Mele, le Servo, le Berta ? Mais quel leader prendrait le risque de sortir à 60 kilomètres de l'arrivée ? Attaquer là c'est miser sur une désorganisation du peloton. Sur quelques kilomètres, c'est envisageable. Avec une ou plusieurs difficultés dans la foulée, aussi. Sur des petites routes, enfin. Rien de tout ça sur la Primavera. Est-ce à dire que le scénario sera une nouvelle fois écrit à l'avance ? Caressons l'idée qu'avec les Pogacar ou Van der Poel, tout est possible et même l'impossible.
picture

Rétro 2019 - Le premier jour de gloire d'Alaphilippe

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité