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Les Français, les Yates ou Valverde : la chasse à l'arc-en-ciel est plus ouverte que jamais

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 30/09/2018 à 09:02 GMT+2

MONDIAUX INNSBRUCK 2018 - Pour la première fois depuis plus de vingt ans, les championnats du monde sur route offriront aux grimpeurs une opportunité unique de décrocher la tant convoitée tunique arc-en-ciel. Mais entre les puncheurs, les coureurs de grands Tours et les purs grimpeurs, la quête du titre mondial sera sans merci. Et sans favori qui se dégage.

Michal Kwiatkowski, Julian Alaphilippe et Alejandro Valverde, les trois favoris du Mondial 2018

Crédit: Getty Images

La cote des favoris :

5 étoiles : Alejandro Valverde, Julian Alaphilippe
4 étoiles : les frères Yates, Dan Martin, Michal Kwiatkowski
3 étoiles : Primoz Roglic, Gianni Moscon, Vincenzo Nibali, Wout Poels
2 étoiles : Rigoberto Uran, Greg Van Avermaet, Romain Bardet, Peter Sagan
1 étoile : Thibaut Pinot, Emmanuel Buchmann, Patrick Konrad, Tim Wellens, Nairo Quintana, Miguel Angel Lopez, Jakob Fuglsang, Bob Jungels, Tom Dumoulin et Matej Mohoric.

Julian Alaphilippe (France, 26 ans)

Son expérience des Mondiaux : 2 participations, 10e en 2017
Sa saison : Exceptionnelle. Souvent placé mais rarement vainqueur en début de carrière, Alaphilippe a franchi le cap en 2018. A l'exception d'un Paris-Nice finalement décevant (18e), le Français s'est montré à son avantage sur toutes les courses auxquelles il a participé. Vainqueur à douze reprises cette saison, meilleur grimpeur du Tour de France, le natif de Saint-Amand-Montrond a surtout remporté les deux premières classiques majeures de sa carrière avec la Flèche Wallonne et la Clasica San Sebastian. Il affiche une très grande forme depuis début septembre à l'image de sa victoire sur le Tour de Grande-Bretagne et celui de Slovaquie.
La stat' : 5. Comme le nombre d'épreuves consécutives (Dauphiné, Tour, Clasica, Grande-Bretagne et Slovaquie) sur lesquelles le Français a levé les bras. Pour un joli total de huit succès !
La question : Tiendra-t-il les enchaînements d'ascension ? Plus puncheur que grimpeur, le Français n'a de plus jamais gagné sur une épreuve de plus de 230km.
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Julian Alaphilippe et Tony Gallopin sous le maillot de l'équipe de France

Crédit: Getty Images

Alejandro Valverde (Espagne, 38 ans)

Son expérience des Mondiaux : 11 participations, 2e en 2003 et 2005
Sa saison : En deux temps. Revenu très fort de blessure, Valverde est apparu en excellente condition jusqu’au mois d'avril, multipliant les succès (Tour de Valence, Tour d'Abu Dhabi, Tour de Catalogne) avant de marquer physiquement le pas lors des classiques ardennaises. Trop juste sur le Tour de France, l'Espagnol a toutefois retrouvé son meilleur niveau sur la Vuelta, marquée par deux succès d'étape, une 5e place au général et un sentiment amer (2e au matin de la 20e étape). Avec 72 jours de courses, il a toutefois déjà beaucoup tiré sur la corde.
La stat' : 6. Avec six podiums, l'Espagnol est le recordman de podiums sur les Mondiaux, juste devant André Darrigade (5).
La question : Aura-t-il récupéré ? Apparu exténué en fin de Vuelta, le Murcien devra être à 100% à Innsbrück pour rêver d'arc-en-ciel.
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Alejandro Valverde, lors des Mondiaux de Ponferrada 2014

Crédit: AFP

Les frères Yates (Grande-Bretagne, 26 ans)

Leurs expériences des Mondiaux : 2 participations pour Adam (57e en 2015), 1 participation pour Simon
Leur saison : Très solide sur les courses d'une semaine (4e de Tirreno, 2e du Dauphiné, Adam Yates est complètement passé au travers sur le Tour de France (29e), son objectif de l'année. Mais le Britannique a montré une grande forme lors de la dernière semaine de la Vuelta où il fut d'un soutien majeur pour son frère. Ce dernier aura parfaitement géré sa saison, montant en gamme en début d'année pour passer tout près de la victoire sur le Giro avant une monumentale défaillance, à trois jours de l'arrivée. Un revers dont il aura appris pour gérer de main de maître la Vuelta et y aura forgé son premier succès en grand Tour. En famille.
La stat' : 0. Aucun vainqueur du Tour d'Espagne n'a remporté la course en ligne des Mondiaux la même année.
La question : Au tour d'Adam ? Après avoir bénéficié de l'aide de son frère dans sa quête de Vuelta, Simon pourrait vouloir lui renvoyer l'ascenseur.
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Adam Yates (Michelton-Scott) devant son frère et porteur du maillot rouge, Simon, lors de la Vuelta 2018

Crédit: Getty Images

Dan Martin (Irlande, 32 ans)

Son expérience des Mondiaux : 6 participations, 26e en 2017
Sa saison : Très décevant jusqu'en juin, passant à côté des classiques ardennaises où il avait l'habitude de briller (vainqueur de Liège en 2013), l'Irlandais a relevé la tête sur les épreuves françaises majeures. Sans toutefois réussir à monter sur le podium, ni sur le Dauphiné (4e), ni sur le Tour de France (8e). Souvent à l'attaque mais rarement victorieux, Dan Martin a toutefois mis un terme en juin à seize mois sans succès, à Valmorel. Solide en montagne mais malchanceux - comme souvent - sur le Grande Boucle, il a quitté prématurément les routes de la Vuelta en raison de la naissance de ses jumelles, gardant ainsi pas mal de fraîcheur.
La stat' : 1. Stephen Roche reste à ce jour le seul Irlandais à avoir remporté le titre mondial, en 1987.
La question : Quand devra-t-il se débrouiller seul ? Avec seulement trois équipiers dont un seul grimpeur (Roche), Martin risque d'être très vite isolé.
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Dan Martin (UAE Emirates)

Crédit: Getty Images

Michal Kwiatkowski (Pologne, 28 ans)

Son expérience des Mondiaux : 4 participations, vainqueur en 2014
Sa saison : Énorme. Vainqueur du Tour d'Algarve, de Tirreno-Adriatico en début de saison puis en août du Tour de Pologne, Kwiatkowski a également brillé comme équipier sur le Tour et comme leader en début de Vuelta. Avant de céder irrémédiablement. Une multiplication de courses qui lui a sans doute coûté le podium lors du chrono des Mondiaux mercredi (4e). Malgré tous ses succès et une saison globalement très bonne, le Polonais a toutefois déçu lors de toutes les courses d'un jour auxquelles il a participé (11e de Milan-SanRemo comme meilleur résultat).
La stat' : 14. Aucun coureur n'a remporté - non consécutivement - deux titres de champion du monde depuis Oscar Freire en 2001 et 2004.
La question : Sera-t-il rattrapé par la fatigue ? Sans cesse sur les routes depuis début juin, il aborde la course en ligne avec 60 jours de course ces quatre derniers mois.
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Michal Kwiatkowski leads the breakaway

Crédit: Getty Images

Primoz Roglic (Slovénie, 28 ans)

Son expérience des Mondiaux : 1 participation, 121e en 2017
Sa saison : Renversante. Jusqu'ici avant tout rouleur, Roglic s'est révélé cette saison être également un grimpeur de tout premier ordre. Une évolution qui lui a notamment permis d'enchaîner les succès sur les courses par étapes d'une semaine (Pays Basque, Romandie, Slovénie) avant de passer tout près d'un podium sur le Tour de France (4e). Bien plus discret depuis, il a semblé un ton en-dessous sur le Tour de Grande-Bretagne (3e) même si cela n'était pas forcément inquiétant à un mois des Mondiaux.
La stat' : 21. Comme son meilleur résultat sur une course d'un jour en World Tour, sur la Clasica San Sebastian 2017.
La question : Comment gérera-t-il la distance ? Peu habitué aux épreuves au long cours (aucune participation à Liège, une à la Lombardie), le Slovène découvrira cette facette sur l'une des courses les plus usantes possibles.
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Primoz Roglic (Slovénie), lors du chrono des Mondiaux 2017 de Bergen

Crédit: Getty Images

Gianni Moscon (Italie, 24 ans)

Son expérience des Mondiaux : 1 participation, disqualifié en 2017
Sa saison : Il y a un mois, Moscon n'aurait probablement même pas fait partie de nos favoris. Mais, alors qu'il avait été très décevant en première partie de saison, à l'exception de sa 5e place sur Paris-Roubaix, l'Italien est incandescent depuis la mi-septembre. Vainqueur coup sur coup de la Coppa Agostini et surtout du Tour de Toscane (devant Bardet et Pozzovivo), 3e de la Coppa Sabatini, le sulfureux Transaplin a vu sa cote monter en flèche. D'autant que son profil ultra complet (bon grimpeur, bon puncheur et une solide pointe de vitesse) lui offre différents scénarii favorables.
La stat' : 9. Neuf ans sans titre mondial. L'Italie vit une période bien compliquée qui pourrait devenir dimanche, sauf victoire, la pire disette de son histoire post-deuxième Guerre Mondiale.
La question : Suivra-t-il les consignes d'équipe ? Pas forcément connu pour sa vision du collectif malgré des qualités évidentes, Moscon pourrait être tenté de la jouer en solo. Quelle que soit la forme de Nibali.
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Gianni Moscon

Crédit: Getty Images

Vincenzo Nibali (Italie, 33 ans)

Son expérience des Mondiaux : 5 participations, 4e en 2013
Sa saison : Il avait d'ores et déjà quasi sauvé sa saison en mars, en remportant Milan-SanRemo, son troisième Monument après la Lombardie en 2015 et 2017. Mais il n'a jamais semblé au top de sa forme avant le Tour de France où il a cependant été contraint à l'abandon après sa chute dans l'Alpe d'Huez. Revenu sur le Tour d'Espagne pour y parfaire sa forme, il n'y a jamais semblé en condition, même si sa récente performance sur le Memorial Pantani (18e) ont légèrement rassuré le clan italien.
La stat' : 1. Souvent vu à l'attaque dans le final des Mondiaux (2012, 2013 et 2014), l'Italien a pour autant rarement joué la gagne. Cela n'est arrivé qu'en 2013 où il a été piégé par Valverde, Rodriguez et Costa.
La question : Pourra-t-il vraiment disputer sa chance ? Sur un parcours aussi exigeant, il lui faudra retrouver plus que les "90% de ses capacités" auxquelles il s'estime être pour l'heure.
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Vincenzo Nibali (Italie) devant Alejandro valverde (Espagne), lors des Mondiaux de Florence en 2013

Crédit: Getty Images

Wout Poels (Pays-Bas, 30 ans)

Son expérience des Mondiaux : 4 participations, 42e en 2010
Sa saison : Inégale. Très souvent équipier de Froome, notamment sur le Giro (12e) et le Tour, Wout Poels a souvent brillé lorsqu'il a été promu leader, à l'image du Tour d'Andalousie (2e) ou d'un Paris-Nice dont il était 2e du général avant de chuter. S'il a déçu sur les classiques ardennaises où il avait surpris en 2016 (4e de la Flèche, 1er de Liège), il a montré une grande forme sur le Tour de Grande-Bretagne, se permettant même de battre aisément Alaphilippe au sommet du Whinlatter Pass.
La stat' : 33. Les Néerlandais ont du mal avec les Mondiaux, leur dernier titre remontant à 1985 et le maillot arc-en-ciel décroché par Joop Zootemelk à Montello. Le dernier podium date même de 1997 !
La question : Y a-t-il une hiérarchie aux Pays-Bas ? Entre Dumoulin, Keldermann, Poels voire Oomen, Kruijswijk ou Mollema, les têtes d'affiche néerlandaises sont nombreuses. Trop ?
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Battu par Poels, Alaphilippe n'a pas tout perdu

Rigoberto Uran (Colombie, 31 ans)

Son expérience des Mondiaux : 8 participations, 22e en 2012
Sa saison : Frustrante. Très bon dès le début de la saison (3e du Colombia Oro y Paz), Uran a ensuite tranquillement tourné sa saison vers le Tour de France, après des classiques ardennaises sans saveur (77e de l'Amstel, 28e de la Flèche, 54e de Liège). Mais le Colombien a été forcé d'abandonner après avoir chuté sur les pavés. Heureusement, il s'en est rapidement remis pour briller sur les routes espagnoles, à la Clasica (6e) puis sur la Vuelta (7e) où sa montée en puissance était évidente.
La stat' : 2. Seul membre de la sélection colombienne à avoir une classique World Tour au palmarès, Uran est même le seul à avoir gagné deux classiques chez les pros avec le GP de Québec 2015 et Milan-Turin 2017.
La question : Saura-t-il fédérer la sélection ? Avec Quintana, Lopez et Henao qui voient en Innsbruck la chance de leur vie de décrocher le maillot arc-en-ciel, attention à la guerre d'ego du côté de la Colombie.
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Londres 2012 - Rigoberto Uran, Alexandre Vinokourov et Alexander Kristoff

Crédit: AFP

Greg Van Avermaet (Belgique, 33 ans)

Son expérience des Mondiaux : 11 participations, 5e en 2010 et 2014
Sa saison : Le tour de Greg, l'abonné aux places d'honneur. Oui, sa saison est très bonne globalement, que ce soit sur les classiques de printemps (3e du GP E3, 5e du Tour des Flandres, 4e de Paris-Roubaix, 14e de l'Amstel) sur le Tour de France (maillot jaune pendant huit jours) ou les classiques de deuxième partie de saison (4e de la Clasica, 2e à Québec et 3e à Montréal). Mais le Belge n'a plus levé les bras depuis la 3e étape du Tour d'Oman en février. Une éternité pour un coureur de son standing.
La stat' : 0. Comme le nombre d'édition du championnat du monde ratée par Greg Van Avermaet depuis ses débuts pro. Le seul des favoris dans ce cas-là.
La question : Saura-t-il se sublimer ? Puncheur avant tout, spécialiste des flandriennes, le Belge a déjà montré dans le passé, notamment aux JO de Rio, qu'une course d'un jour montagneuse ne l'éliminait pas de la course au titre.
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Belgium's Greg Van Avermaet celebrates after winning the Men's Road cycling race in the Rio 2016 Olympic Games in Rio de Janeiro on August 6, 2016

Crédit: AFP

Romain Bardet (France, 28 ans)

Son expérience des Mondiaux : 2 participations, 28e en 2013
Sa saison : Forcément en demi-teinte. Regardée en priorité par le spectre grossissant du Tour de France, l'année 2018 de Bardet apparaît au premier abord décevante en raison de sa 6e place de juillet. D'autant qu'à l'exception de la Classic de l'Ardèche en février, il n'a pas levé les bras de la saison. Mais ce serait vite oublié sa superbe campagne printanière de classiques, marquée par des podiums sur les Strade Bianche (2e) et Liège-Bastogne-Liège (3e), ou son joli Dauphiné (3e). Deuxième du récent Tour de Toscane, il a montré qu'il abordait cette fin de saison avec pas mal de fraîcheur.
La stat' : 3. Comme sa place sur Liège-Bastogne-Liège. Avec Alaphilippe, c'est le seul Français de la sélection à être monté sur le podium d'un Monument depuis trois ans.
La question : Quelle place aura-t-il dans la hiérarchie française ? Avec Alaphilippe en leader désigné mais également Pinot voire Gallopin qui peuvent rêver du titre mondial, pas évident que Bardet puisse jouer sa carte.
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Romain Bardet à l'entraînements avant les Mondiaux de Florence en 2013

Crédit: Getty Images

Peter Sagan (Slovaquie, 28 ans)

Son expérience des Mondiaux : 7 participations, vainqueur en 2015, 2016 et 2017
Sa saison : Grandiose. Chaque année, Sagan nous sort des performances légendaires. Mais son année 2018 est tout simplement énorme. Vainqueur "simplement" à huit reprises, toujours en World Tour, le Slovaque a glané un nouveau maillot vert sur les routes du Tour de France, son sixième, et a surtout brillé au printemps en remportant Paris-Roubaix et Gent-Wevelgem. Très en vue sur la Vuelta, il n'a pas gagné (6 podiums d'étapes) mais a semblé revenir peu à peu à son meilleur niveau.
La stat' : 0. S'il venait à remporter un quatrième titre de champion du monde, le Slovaque entrerait dans l'histoire en devenant le premier coureur à réussir pareille performance.
La question : Peut-on vraiment oublier Sagan ? Avec un parcours destiné aux grimpeurs, difficile de voir le triple champion du monde en titre conserver sa couronne. Et, pourtant, il faudra comme toujours se méfier de lui.
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Peter Sagan après son troisième titre de champion du monde à Bergen

Crédit: Getty Images

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