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Mondiaux 2023 - Christophe Laporte, la meilleure carte mais pas forcément le meilleur plan pour l'équipe de France

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 06/08/2023 à 09:00 GMT+2

Vice-champion du monde l’an passé à Wollongong et auteur d’une immense saison, Christophe Laporte s’avance comme la meilleure carte de l’équipe de France aux Championnats du monde de Glasgow. En tout cas à la pédale. Car pour espérer le titre face aux ténors, les Bleus devront sans doute sortir des sentiers battus.

Alaphilippe leader des Bleus ? "Non, pas forcément", répond Voeckler

Il est rare de pouvoir se targuer de posséder un double champion du monde dans ses rangs et qu’il ne soit même pas la carte prioritaire. C’est pourtant le cas de l’équipe de France, à l’aube des Mondiaux 2023, disputés en Grande-Bretagne. "On ne jouera pas forcément la carte Julian Alaphilippe", nous dévoilait le sélectionneur Thomas Voeckler, au moment de la présentation de la liste pour Glasgow.
Le champion du monde d’Imola en 2020 et de Louvain en 2021 sera ainsi accompagné en Ecosse de Bryan Coquard, Florian Sénéchal, Rémi Cavagna, Valentin Madouas, Olivier Le Gac, Benoit Cosnefroy et, surtout, Christophe Laporte. Car, à la lecture de cette saison 2023, la meilleure carte tricolore, c’est bien lui.
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Glasgow, le profil parfait pour Laporte

Vainqueur de deux étapes du Critérium du Dauphiné, 3e de l’Het Nieuwsblad, le Tricolore de la Jumbo-Visma s’est surtout offert Gand-Wevelgem et A Travers les Flandres au printemps, devenant ainsi le deuxième Français seulement à gagner deux épreuves World Tour la même année, après Julian Alaphilippe en 2019. Le natif de la Seyne-sur-Mer vit la plus belle saison de sa carrière et est dans la forme de sa vie. Une plénitude sportive dont Thomas Voeckler a bien conscience.
"Cela fait un moment que Christophe est reconnu dans le peloton international, mais je le place désormais parmi les tous meilleurs mondiaux, explique le sélectionneur français pour L'Equipe. C'est un vrai coureur de classique, excellent sur les courses d'un jour et capable de faire le boulot en haute montagne comme sur le dernier Tour de France. Je connais sa valeur". D’autant que le circuit convient parfaitement à ses qualités, même s'il ne plait pas à son sélectionneur. "C'est un parcours de critérium, sauf qu'on est au Championnat du monde, analyse-t-il. Il est piégeux, il y a des grandes routes qui deviennent petites, des plaques d'égout, des revêtements changeants, des trottoirs, des rétrécissements... "
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"Ça dépendra vraiment de comment ça va courir, nous déclarait-il. Ça dépendra beaucoup de la météo, aussi. Il y a 48 virages par tour, il y a 10 tours, ça fait pas loin de 500 virages… Donc c’est vraiment un circuit spécial. C’est sensiblement le même que celui des Championnats d’Europe, quand Matteo Trentin avait été sacré (en 2018) ". Un sprinter tout terrain donc, endurant et qui passe les bosses. Un profil à la Laporte en fait. "Sur un circuit comme celui de Glasgow, il sera notre meilleure carte", avoue d'ailleurs Voeckler pour L'Equipe. Et le Tricolore de la Jumbo-Visma sait répondre présent aux Championnats du monde, à l’image de sa 2e place inattendue et surprenante - par le scénario - l'an dernier à Wollongong. Mais, cette fois, son statut a changé. Il se sera attendu et tous les adversaires de l’équipe de France le surveilleront. Et c’est là que le génie tactique de Thomas Voeckler pourrait faire mouche.

Tromper l’adversaire pour mieux briller

Depuis sa prise de fonction en juin 2019, en remplacement de Cyrille Guimard, celui que l’on surnommait "Ti’Blanc" multiplie les médailles : en quatre Championnats du monde et quatre Championnats d’Europe sous ses ordres, la France a ramené 2 titres mondiaux et 4 médailles (celle de Laporte l’an passé et trois aux Europe, par Arnaud Démare (2020 et 2022) et Benoit Cosnefroy (2021)). Soit autant de médailles aux Mondiaux que depuis 20 ans et autant de titres que depuis 39 ans (depuis son arrivée). Des résultats dus autant au niveau de Julian Alaphilippe qu’à la stratégie mise en place par Voeckler.
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Souvent un peu folle vue de l’extérieur, parfois à la limite de l’absurde (Voeckler avait accueilli Alaphilippe en short en 2021 pour faire croire que la France venait en touriste), la tactique du sélectionneur tricolore vise toujours à tromper les adversaires des Bleus. "Je voulais qu’il nous prenne pour des fous", disait-il en 2021 à propos des nombreuses attaques de très loin des Français. Mais la stratégie de Voeckler, elle, est bien réfléchie. Posée. Comme le résume si bien Romain Bardet : "La manière dont a couru l'équipe de France ces dernières années, c'est juste brillant". Et souvent victorieux. Ou, en tout cas, positif pour des Bleus qui exploitent à merveille une équipe très homogène mais parfois sans LE cador. Ce sera encore le cas à Glasgow.

La stratégie de Voeckler, carte maîtresse des Bleus

Aussi fort que soit Christophe Laporte, il semble impossible de voir le Français triompher à la pédale de Wout van Aert, Mathieu van der Poel ou Tadej Pogacar. Alors, comme souvent dans l’histoire de l’équipe de France, et encore plus ces dernières années, on pourrait s’attendre à une course débridée de la part des Bleus. "Non, parce que tout le monde s'attend toujours à ce qu'on le fasse, j'en ai un peu marre, avouait en rigloant le sélectionneur pour L'Equipe. On attend toujours l'équipe de France, savoir ce qu'on va faire et, pourtant, on ne s'avance pas avec les meilleures cartes". Mais elles sont nombreuses. Le circuit est taillé pour les qualités de Coquard, les multiples relances favorisent un Cosnefroy, la pluie attendue transcende Sénéchal et Madouas, souvent là sur les courses usantes… Sans oublier Julian Alaphilippe, dont la forme reste la principale inconnue. Mais pas question de faire la course pour les autres.
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"Je n'attends plus rien des autres nations depuis l'an dernier, se navre Thomas Voeckler. On a eu l'impression que si on ne bougeait pas, rien ne se passait. Ça me saoule qu'on attende que l'équipe de France soit agressive, on n'est pas des pantins. On verra, je sais à peu près ce qu'on va faire, mais si ça ne bouge pas, ça ne bouge pas. On n'est pas là pour animer, mais on fera comme on a envie de faire. Et on ne roulera pas". La force collective de l’équipe de France est une nouvelle fois impressionnante et Christophe Laporte en est le logique fer de lance. Mais pas forcément la meilleure chance de titre. Celle-ci reste encore et toujours la stratégie que mettra en place Thomas Voeckler. Et ça promet.
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