Mondiaux sur route : Remco Evenepoel champion du monde du contre-la-montre, Filippo Ganna 2e

Evenepoel enfin sacré, Van Aert loin du compte. Appelé à dominer l’exercice en solitaire depuis ses débuts fracassants chez les professionnels, Remco Evenepoel a décroché le titre mondial en contre-la-montre vendredi à Stirling, en Ecosse. Forcément très attendu, Evenepoel a livré une grande bataille avec Filippo Ganna, médaillé d’argent (+12"). Âgé de seulement 19 ans, le Britannique Joshua Tarling glane le bronze (+48"), le tout lors de sa première année chez les pros. Un podium dont ne fait pas partie Wout Van Aert, qui a rapidement accusé un lourd débours (5e, +1'37''). Les efforts consentis lors de la course en ligne n’étaient, semble-t-il, pas encore digérés.

Le "ket" de Schepdaal a bien grandi. Frustré par le tracé tournant de la course en ligne, qui ne lui a pas permis de déployer sa force herculéenne, Remco Evenepoel a intelligemment conservé ses forces pour l’exercice solitaire. Déjà porteur du paletot irisé après sa victoire en Australie la saison passée, le Brabançon aurait aussi pu s’adjuger la précieuse tunique sur le chrono, sans un Tobias Foss en état de grâce. En Ecosse, la sensation se nommait Joshua Tarling. Champion de Grande-Bretagne du chrono à 19 ans seulement, le Gallois à l’allure gracile (INEOS Grenadiers) a été le premier à affoler les pointages intermédiaires.

Des temps de passage avec lesquels seuls Filippo Ganna et Evenepoel ont pu rivaliser. Profitant d’une portion rectiligne avec vent de trois-quarts face, le double champion du monde a frappé le premier, leader après 12,6 km. Placé au premier intermédiaire (+4"), Evenepoel a haussé le ton dans la deuxième partie du parcours, plus favorable aux grimpeurs (-12"). L’écart ne variera plus jusqu’à la ligne, malgré un léger mieux côté transalpin au troisième intermédiaire.

Sans surprise, l’ultime rampe pavée menant à l’arrivée n’a pas avantagé Ganna, qui, en dépit d’une passage tout en force, restera bloqué à deux couronnes mondiales. Evenepoel, lui, s'ancre davantage dans la grande histoire de la petite reine. Le Belge devient à 23 ans le deuxième coureur de l'histoire à cumuler titre mondial en ligne et sur le chrono (après l’Espagnol Abraham Olano). Une consécration de plus pour un phénomène qui n’en manquait pas. Prochain défi ? Conserver sa suprématie sur la Vuelta.

L’autre Belge engagé vendredi avait aussi rendez-vous avec l’histoire. Catalogué "beau perdant" à l’aune de ses nombreuses deuxièmes places, Wout van Aert avait en tête d’effacer des années serties de médailles d’argent. Sauf que les 270 kilomètres de la course en ligne dans le lacis des rues sinueuses de Glasgow ont coupé les jambes du Flamand, incapable d’être dans l’allure dès les premiers kilomètres (12e à 34" après 12,6 km).

Un calvaire partagé par Stefan Küng (12e à l’arrivée à 2'17'') ou Tadej Pogacar (22e, +3'05''), qui a notamment vu Ganna - parti 2'40'' après le Slovène -, le dépasser. Ce n’est donc pas anodin si les coureurs présents sur la boîte n’ont pas disputé, ou existé dans le final de la course en ligne. Orgueilleux, Van Aert a tout de même tenu à conclure l’affaire, avec un final pavé qu’il a naturellement avalé à toute vitesse. Mais l’addition reste salée pour le Belge, 5e (+1'37'') et engoncé un peu plus dans son cuissard de coureur toujours placé mais rarement gagnant.

Un mot enfin sur les Français, qui ont suivi deux stratégies différentes. Parti très fort (4e au 1er inter), Rémi Cavagna a craqué dans le final corsé (26e), alors que Bruno Armirail a plutôt dosé son effort (21e). Le clan tricolore quitte ses Mondiaux élites avec une seule médaille, l'argent sur le relais mixte.