Rescapé de la B&B Hotels, futur coéquipier de Van der Poel… Qui est Axel Laurance, nouveau champion du monde espoirs ?

A 22 ans, Axel Laurance a toute sa carrière devant lui. Le Breton vient tout de même de l'accélérer ce samedi en remportant les Mondiaux espoirs sur route. A Glasgow, il est devenu le 5e Français à décrocher ce maillot Arc-en-Ciel.

En s'imposant au courage, quelques secondes avant ses poursuivants, le gamin de Cleguer (Morbihan) a touché d'un peu plus près ses rêves dans le cyclisme. Les rêves qu'il avait déjà dans sa tête de petit enfant passionné, lorsqu'il se rendait sur les courses, chez lui en Bretagne.

"C'est ma plus grande émotion dans le vélo", a lancé Franck Laurance, le père d'Axel au Télégramme juste après le sacre mondial. La phrase est d'autant plus touchante que le papa est un ancien cycliste professionnel des années 90, reconverti en mécanicien sur le Tour de France. La famille Laurance baigne donc dans le cyclisme. C'est aussi le cas pour la sœur d'Axel, Typhaine, cycliste pro et participante au dernier Tour de France femmes.

Autant dire que dans la jeunesse du nouveau champion du monde espoirs, on devait surtout parler de vélo à table. "Mes parents faisaient du vélo tous les deux à haut-niveau, ma sœur est professionnelle elle aussi, alors c’est normal qu’on puisse le voir comme ça. Cela dit, franchement, je ne me suis jamais senti obligé d’en faire mon métier. Chacun fait ses propres choix mais en l’occurrence le vélo, c’est ma vie. Je le fais d’abord pour moi", lançait l'intéressé à Direct Vélo en 2022.

Ce touche à tout (cyclo-cross, piste, route) s'est évidemment dirigé vers les formations bretonnes pour lancer sa carrière. Stagiaire d'abord, Axel Laurance est intégré en 2022 dans l'équipe professionnelle B&B Hotels, dirigée par Jérôme Pineau. Et c'est l'année de l'explosion pour le Morbihannais.

En août 2022, il crée la surprise en terminant 2e de la Bretagne Classic (World Tour), juste derrière un certain Wout van Aert. Un mois plus tard, Laurance signe sa première et jusque-là unique victoire professionnelle sur le Tour de Croatie. Un talent qui commence à faire sa place dans le cyclisme français, avant de faire face à la dégringolade de sa formation.

En décembre 2022, B&B Hotels annonce mettre la clé sur la porte et Axel Laurance se retrouve donc sans équipe."D'un coup, je n'avais plus rien. Dans ma tête, je me suis dit que j'allais retourner en amateur. J'avais l'impression d'être puni", avait-il déclaré à l'AFP en janvier après avoir demandé à sa mère de lui financer un stage avant Noël pour garder la forme. "Après cette expérience, je me dis que tout peut aller très vite. Je pourrais être amateur aujourd'hui, comme la plupart de mes anciens coéquipiers. Je me sens un peu chanceux par rapport à cela", expliquait-il à L'Equipe en février dernier.

"Alpecin-Deceuninck, voyant que je n'avais pas d'équipe malgré plusieurs contacts, s'est présenté et ça a tout de suite accroché. Je n'ai pas eu besoin de trop réfléchir", poursuivait le cycliste de 22 ans, qui s'est engagé avec la réserve (troisième division) dans la foulée de son départ précipité de la formation Bretonne.

Trop tard pour l'inscrire avec l'équipe première, Axel Laurance continue de faire ses marques avec la formation réserve belge en 2023, avec deux victoires d'étape (1 sur le Tour d'Alsace et 1 sur le Circuit des Ardennes). Avec sa nouvelle équipe, le Breton a même connu une situation cocasse en juin dernier. Le coureur frôlant les 1m80 a participé à ses premiers championnats de France dans le Nord, en seul représentant français d'Alecin-Deceunink. "C'est marrant et plutôt sympa comme situation. Je serai 'solo' avec ma famille sur le bord de la route pour me ravitailler. Cela ne me dérange pas du tout. Je serai mon propre directeur sportif, leader et équipier", rigolait-il dans Ouest France.

Des coéquipiers, Axel Laurance devrait bien en avoir la saison prochaine et pas n'importe lesquels. Le Breton devrait logiquement intégrer l'équipe élite d'Alpecin, aux côtés d'un certain Mathieu Van der Poel ou de Jasper Philipsen. Mais avec quel rôle ? "Mon atout principal sera sûrement mon explosivité. Je me vois avant tout comme un puncheur. J’aime les courses d’un jour vallonnées, comme on en a pas mal en Bretagne. Je pense avoir un rapport poids-puissance intéressant et une bonne petite pointe de vitesse, qui peut toujours servir", se définissait-il en 2022. La quasi-totalité des étapes gagnées pour lui l'ont été au sprint. À Glasgow, ce fût surtout au panache et au courage. Un peu comme Van der Poel, lui aussi sur le toit du monde, il y a quelques jours.