"On est peut-être même craints" : Les Bleus, sans leader ni complexe avant la course en ligne des Mondiaux à Kigali
Thomas Voeckler n'a pas le favori des Mondiaux de Kigali - Tadej Pogacar - dans son effectif. Mais le sélectionneur de l'équipe de France va "essayer d'être champion du monde" dimanche, avec un plan qu'il suggère précis. Il compte sur la solidarité d'un groupe emmené par Julian Alaphilippe ou autre Valentin Madouas. Un Bleu pourra-t-il prendre le tant espéré coup d'avance sur les 267,5km au menu ?
Voeckler : "Je vais peut-être passer pour un con… mais on va essayer d'être champion du monde"
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Bienvenue dans la tête de Thomas Voeckler. Au moment d'élaborer une stratégie pour les Mondiaux de Kigali, le sélectionneur français a d'abord dressé ce constat : "Je n'ai pas un coureur capable de suivre Tadej Pogacar quand il va attaquer, ni donc de le contrer (…) Et il y a des coureurs derrière Pogacar qui, sur le papier, sont devant nous. On n'a pas légitimement un leader qui est sûr d'être là, à la bagarre pour la gagne, si les autres se mettent à son service."
Oubliez, donc, la perspective d'un collectif uni autour d'une tête de gondole incontournable, comme Julian Alaphilippe, sacré en 2020 et 2021, a pu l'être. Le bataillon tricolore va devoir inventer quelque chose, façon JO de Paris 2024. Ce jour-là, le succès avait été partiel mais inoubliable, Valentin Madouas et Christophe Laporte accompagnant sur le podium le champion olympique Remco Evenepoel, au détriment par exemple de Mathieu Van der Poel.
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Quelle tactique pour les Bleus ? "Si on a du grand Pogacar et qu'on attend le final, c'est mort"
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Je sais comment on va courir
Voeckler ne garantit pas de refaire le coup. Mais il a un plan. "Je sais comment on va courir. Je sais à quel moment on va essayer de faire quelque chose… et il peut y avoir un s à moment(s), a-t-il ainsi déclaré, invité de notre émission Bistrot Vélo avant ces Mondiaux. On va y aller pour essayer d'être champion du monde. Je ne sais pas faire autrement. Je préfère en avoir deux à l'arrivée, 50e et 55e, en ayant tenté quelque chose, plutôt que d'en avoir six entre 18e et 35e".
"Le plan, c'est d'anticiper. On ne peut pas se dire qu'on attend les deux derniers tours et qu'on va être champion du monde. On n'a pas les coureurs pour", le rejoint Jacky Durand… qui n'est pas vraiment optimiste : "J'ai le sentiment que ce sera dur d'anticiper, tant les Slovènes et les Belges risquent de durcir la course". Et de sourire : "A moins que les Français nous fassent le départ, mais je ne pense pas que ce soit la bonne idée sur 267,5 kilomètres avec 5 475m de dénivelé positif."
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Evenepoel est-il le "rouleur" suprême ?
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La Slovénie pourra-t-elle tout contrôler ?
"Domen Novak, Matej Mohoric, Primoz Roglic… ça va être dur de les lâcher dans les différentes ascensions, même s'ils ont fait du gros travail", poursuit notre consultant. David Moncoutié croit plus en une course en ligne débridée, ce dimanche : "Je ne suis pas sûr que l'équipe de Slovénie soit capable de rouler pendant 270 bornes. Ce serait l'équipe UAE, oui, peut-être… Sur un parcours comme celui-ci, s'il y a de la bataille loin de l'arrivée, la course devient incontrôlable."
Pour l'ancien grimpeur de la formation Cofidis, l'espoir réside dans une approche jusqu'au-boutiste de l'injonction d'anticipation. "Souvent, il y a des coureurs désignés pour bouger dans la première partie de course, d'autres dans la deuxième partie et d'autres qui sont chargés de rester pour le final, énumère-t-il. Mais rester avec Pogacar… personne ne peut vraiment le suivre (…) La stratégie sera peut-être de ne réserver aucun coureur pour le final."
C'est sans se préserver pour l'épilogue que Madouas s'est paré d'argent au pied de la tour Eiffel. Nos deux experts s'accordent pour faire de lui l'un des deux chefs de file - qui n'en portent donc pas le nom – de l'escouade française. "Valentin Madouas peut tirer son épingle du jeu sur un circuit dur comme celui-ci, estime Jacky Durand. Quand on regarde son pedigree : plus c'est long, plus c'est bon. C'est presque notre leader. Et le leader charismatique, c'est Julian Alaphilippe (dont une maladie a perturbé la préparation, ndlr)."
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Dominé sur le CLM, Pogacar a une revanche à prendre et un titre à défendre
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En termes de solidarité et de sacrifice (...) on n'est certainement pas pris pour des rigolos
"Des coureurs savent très bien qu'ils ne termineront pas les Mondiaux. Julien Bernard va être sacrifié, Pavel Sivakov peut-être aussi", ajoute le lauréat du Tour des Flandres 1992. Paul Seixas, vainqueur du Tour de l'Avenir, Jordan Jegat, 10e du Tour de France, Louis Barré, 6e du Grand Prix de Montréal et Valentin Paret-Peintre, héros du Ventoux, sont également susceptibles de bâcher… comme d'être catapultés carte maîtresse, au gré des scénarios.
Il n'y aura pas de place pour les états d'âme, au moment de trancher, assure Voeckler. "On n'a peut-être pas le nom ronflant que certaines nations ont au niveau du leadership, admet-il. Mais ce que les autres nations savent, c'est qu'en termes de solidarité et de sacrifice les uns pour les autres, je suis convaincu qu'on n'est certainement pas pris pour des rigolos et qu'on est peut-être même craints. C'est notre principale force." Parvenir à la faire prévaloir serait un exploit.
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