L'évidence Cancellara ?

"Après une saison déjà longue de huit mois, une victoire sur le Tour de Suisse suivie d'un bon Tour de France, il m'est difficile de rester au top niveau. Mais je reste motivé parce que c'est peut-être la seule fois où j'aurais l'occasion d'être champion du monde en Suisse". Ces mots-là ont été prononcés en août dernier dans les colonnes de Vélo-Magazine par celui que tout un peuple attend ce jeudi à Mendrisio. Et Fabian Cancellara le sait: lors du contre-la-montre des Championnats du monde sur route (11h30, un autre résultat qu'un titre planétaire, chez lui, serait une déception.

Déjà sacré en 2006 à Salzbourg et en 2007 à Stuttgart, "Spartacus" vise sur ses terres une troisième médaille d'or lors de l'effort solitaire. Au sortir d'un excellent Tour d'Espagne, marqué par deux victoires d'étapes (le prologue d'Assen et le premier chrono à Valence), cinq jours avec le maillot or sur le dos, et abandonné dix jours avant l'arrivée à Madrid, Fabian Cancellara sait qu'il est LE favori de l'épreuve contre la montre. L'heure est aux derniers réglages. Depuis son arrivée dans le Tessin, il y a une semaine, le Suisse s'est entraîné avec son directeur sportif chez Saxo-Bank, Bjarne Riis, qui habite sur les hauteurs de Lugano. "Nous avons fait deux grandes sorties vendredi et samedi. Vendredi, il a roulé quatre heures et samedi nous avons effectué une sortie de 7 heures et demie (!) avec 250 kilomètres à la clé ", a expliqué le Danois.

Il y a quelques semaines, Cancellara avait pourtant avoué à ses proches vouloir privilégier la course en ligne de dimanche. Pour cela, il était même prêt à renoncer au chrono. Un sentiment confirmé par le Danois : "Lors de ses longues sorties, Fabian a surtout travaillé dans les montées et les changements de rythme. J'ai senti Fabian plus concentré sur la course en ligne de dimanche que sur le contre-la-montre". Mais quand on voit le niveau affiché par le Suisse sur les épreuves chronométrées, il aurait tort de ne pas saisir une très probable médaille d'or. "Un titre, c'est toujours bon à prendre. Si Fabian est en bonne forme, il est le meilleur coureur du monde contre le temps alors pourquoi se priver d'un titre chez lui", avance Bjarne Riis.

Son coéquipier chez Saxo-Bank, Stuart O'Grady, ne se fait pas de souci pour lui : "Le circuit du chrono (49,8km) est tout plat. Ça va aller très vite. Normalement, sur un tel parcours, il n'y a pas photo entre lui et les autres. A mon avis, il va tenter de faire le doublé", estime l'Australien. Mardi, Fabian Cancellara s'est de nouveau entraîné, passant près de quatre heures sur la selle. Le Suisse le sait sûrement : s'il s'impose jeudi puis dimanche, il deviendra le premier homme champion du monde du chrono et sur route la même année. Comme il le dit, l'occasion de marquer l'histoire dans son pays est trop belle pour ne pas être envisagée...