Le Mondial au crible (2/2)

Avec seulement quatre coureurs au départ alors que son rang au classement mondial des nations lui permettait d'aligner neuf hommes, le Luxembourg fait figure de colosse aux pieds d'argile. Frank Schleck ayant mis un terme à sa saison pour se faire opérer d'un genou, les espoirs du Grand Duché reposeront sur son frère cadet Andy. Très discret sur la Vuelta qu'il a abandonnée au bout d'une semaine, le dauphin d'Alberto Contador sur le dernier Tour de France se présente dans une forme incertaine. On se souvient pourtant qu'il avait réalisé une véritable démonstration sur Liège-Bastogne-Liège au mois d'avril alors qu'il n'avait pas particulièrement brillé auparavant. Dans des conditions quasi-similaires, le surdoué luxembourgeois est donc sans doute capable de refaire parler la poudre. Un gros bémol toutefois. Sa piètre pointe de vitesse le condamne à faire la différence dans les bosses car il est peu probable qu'il puisse se jouer des autres favoris en cas d'arrivée groupée. Dans son sillage, Kim Kirchen, vainqueur de la Flèche Wallonne en 2008, frustré par une saison perturbée par une grave chute survenue sur le Tour de Californie, voudra rappeler ses aptitudes à briller sur ce type de parcours.

Chez les Suisses, la donne est simple. Fabian Cancellara, auteur d'une implacable démonstration jeudi sur les 49,8 kilomètres du chrono, est désigné comme l'homme fort de la sélection helvétique. Très motivé par ces Mondiaux qu'il a cochés en (blanc et) rouge sur son agenda depuis le début de saison, Spartacus qui, comme en témoigne sa victoire à domicile sur le Tour de Suisse en juin dernier, a progressé dans les bosses peut aujourd'hui légitimement ambitionner de jouer un rôle majeur dans la course à la tunique irisée. En cas de défaillance de sa part, Michael Albasini peut s'engouffrer dans la brèche. Rapide au sprint et pas mauvais dans les bosses, le coureur de chez Columbia, vainqueur d'étape sur le Tour du Pays Basque, sur le Tour de Suisse et lauréat du Tour d'Autriche cette année, fait un suppléant tout à fait crédible.

Et si le véritable leader de la France était Laurent Jalabert ? Retraité des pelotons depuis fin 2002, le Mazamétain a été nommé cette année sélectionneur national. Toujours très au fait du peloton qu'il côtoie régulièrement de par ses activités médiatiques, le dernier vainqueur français de la Vuelta jouit d'une aura réelle auprès des coureurs tricolores. Alors qu'on avait pris l'habitude de voir nombre de nos meilleurs représentants bouder le rendez-vous de fin de saison, Jalabert est parvenu à mobiliser ses troupes pour Mendrisio. Seulement 12e au classement des nations du calendrier historique, la France ne peut toutefois aligner que six coureurs cette année. Une contrariété à laquelle il faudra remédier l'an prochain mais en attendant, les hommes de Jaja vont devoir s'accommoder de cette situation. Dans ces conditions, Pierrick Fédrigo et Sylvain Chavanel apparaissent comme les cartes maîtresses du jeu tricolore mais aucun de leur coéquipier ne doit être écarté du pronostic tant la nomination du nouveau sélectionneur semble avoir transfiguré le clan français. En pratique, les Bleus devraient se montrer prudents pour essayer de se présenter de manière homogène et avec le plus de jus possible à l'aube des quatre derniers tours. Loin d'être favorite, l'équipe de France a, sans aucun doute, les moyens de jouer les trouble-fêtes.

Très solide durant les deux premières semaines du Tour d'Espagne, Robert Gesink a été victime d'une malheureuse chute lors de l'étape de Tavalera de la Reina. Très diminué par sa blessure au genou, le prometteur grimpeur batave, alors dauphin de Valverde au classement général, a lâché prise lors de l'étape de la Navacerrada. Finalement 6e à Madrid, le protégé d'Erik Breukink a laissé beaucoup de force en dernière semaine. Initialement, les Mondiaux de Mendrisio figurait parmi ses objectifs mais dans ces conditions on peut se demander s'il sera en mesure de donner sa pleine mesure sur les deux ascensions du parcours qui conviennent pourtant très bien à ses qualités intrinsèques. S'il ne parvient pas à tenir son rang, ses coéquipiers Lars Boom, Johnny Hoogerland et Karsten Kroon peuvent le suppléer. Le coureur de chez Rabobank, vainqueur en costaud d'une étape de la Vuelta, monte en puissance tandis que l'homme fort de chez Vacansoleil, attaquant intenable, possède cette dose d'imprévisibilité qui peut rendre la course folle. Kroon, enfin, est un coureur de classique émérite. La distance et la répétition des difficultés ne l'effraient pas. Alors pourquoi ne pas rêver ?

Et aussi: Norvège (Arvesen, Boasson Hagen, Hushovd), Allemagne (Ciolek, Martin, Wegmann), Danemark (Breschel, Fuglsang), Russie (Ivanov), Grande-Bretagne (Millar), Etats-Unis (Danielson), Kazahkstan (Vinokourov), Slovénie (Brajkovic, Vajlavec), Ukraine (Popovych), Colombie (Duque, Uran), Brésil (Fischer), Slovaquie (P. Velits), Portugal (Rui Costa, Paulinho), République Tchèque (Kreuziger), Irlande (Deignan, Roche), Suède (Lövkvist), Finlande (Veikkanen).