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PARIS-NICE - Vainqueur au terme d'une semaine de rêve, Bernal n’en finit plus de grandir

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 17/03/2019 à 20:46 GMT+1

PARIS-NICE – Au terme d’une 8e et dernière étape complètement folle, Egan Bernal a remporté ce dimanche la 77e édition de Paris-Nice, son plus grand succès chez les professionnels. Le Colombien de la Sky, auteur d’une course parfaite de bout en bout, a encore une fois impressionné, sur tous les terrains et tous les plans. De quoi en faire - déjà - l’un des favoris du prochain Tour d’Italie.

Egan Bernal (Sky) dans la roue de ses équipiers lors de la 8e et dernière étape de Paris-Nice

Crédit: Getty Images

La progression est son quotidien. A seulement 22 ans, Egan Bernal ne cesse d’impressionner en franchissant chaque supposée barrière avec une insolente facilité. L’écueil du World Tour ? Il l’a fait voler en éclats l’an passé en s’imposant sur le Tour de Californie, quelques semaines après avoir décroché le podium en Romandie (2e). Le tout moins d’un mois après sa chute le dernier jour en Catalogne alors qu’il était 2e du général ! Après avoir abasourdi tout le monde sur le dernier Tour de France par son niveau en troisième semaine, le voilà qui vient de remporter Paris-Nice, l’une des plus belles courses du calendrier, une des épreuves de référence pour la Sky. Et de quelle manière.
Il se balade comme s’il avait toujours fait ça
On le savait avant même son passage chez les pros, le Colombien est l’un des meilleurs grimpeurs du peloton. Pourtant, ce n’est pas dans les ascensions de Paris-Nice que le natif de Zipaquirá aura fait la différence dans cette 77e édition. C’est partout ailleurs ! A commencer par les bordures, en début de semaine. Bluffant tout le monde par sa science du placement, sa gestion du vent et sa puissance, malgré son petit gabarit (1,75m, 60kg), à commencer par ses propres équipiers. "Je lui expliquais à peine ce matin comment remonter dans une bordure, comment courir dans le vent et, lui, il se balade comme s’il avait toujours fait ça", racontait Luke Rowe au soir de la 2e étape.
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Egan Bernal (Sky) lors des bordures sur Paris-Nice, en 2019

Crédit: Getty Images

C’est d’ailleurs à l’occasion de ce deuxième opus que le Colombien a pris ses premières secondes sur Quintana (5’’) avant de creuser l’écart sur son compatriote lors du chrono (38’’). Si les deux dernières étapes ont été plus difficiles à gérer pour la Sky avec les échappées de Gilbert puis Quintana, Bernal a toujours couru très juste, profitant de la défaillance de Kwiatkowski dans le Turini pour durcir encore l’allure et lâcher tous les grimpeurs sauf Quintana. Avant de parfaitement gérer la dernière étape malgré un Quintana impressionnant.
La victoire finale de Bernal, si elle n’a pas été spectaculaire dans les faits, l’aura été dans en terme de qualité. Il a réussi une semaine parfaite. Et, à force de franchir tous les paliers à la vitesse de la lumière, de tout faire et tout réussir plus vite que tout le monde, Egan Bernal accumule les records. Plus jeune vainqueur en World Tour l’an dernier, le Colombien vient de nouveau d’inscrire sur les tablettes d’une catégorie "plus jeune à". Alors qu’il a fêté ses 22 ans le 13 janvier dernier, le grimpeur de la Sky est devenu ce dimanche le deuxième plus jeune vainqueur de l’histoire de Paris-Nice ! Seul René Vietto, victorieux de la 3e édition en 1935 à seulement 21 ans, a fait mieux. Un autre temps.
Vainqueurs les plus jeunes de la dernière décennie, Alberto Contador et Marc Soler avaient respectivement 23 et 24 ans pour leur premier succès sur l’épreuve. A cet âge-là, Bernal défendra déjà son titre. Mais, s’il a su résister à la folle attaque de Quintana ce dimanche dans l’arrière-pays niçois, Egan Bernal le soit à ses jambes bien sûr, à son équipe aussi et surtout à sa lucidité. Et c’est peut-être ce qui est le plus marquant chez le vainqueur de cette 77e édition de Paris-Nice.
Encore beaucoup à apprendre
Il n’a que 22 ans mais on sent que le Colombien a déjà la bouteille d’un vieux briscard et une expérience qu’il ne peut réellement posséder, même avec trois saisons professionnelles dans le rétroviseur (1 chez Sky et 2 avec Androni). Chaque fois que la course aura été tendue, qu’il fallait se montrer intelligent, Bernal aura été d’une maturité impressionnante. Calme dans les bordures mais tacticien au point d’en lancer lui-même vers Bellegarde pour prendre 5’’ à Quintana, il aura parfaitement assumé l’officielle prise de leadership dans le Turini en éliminant tous ses rivaux sauf Quintana.
Ce dimanche, au lieu de courir derrière Quintana et de s’isoler avec son compatriote, un choix qu’avait fait Henao lors de la dernière étape 2016 et qui avait failli lui coûter la victoire finale, il est sagement resté dans les roues de ses coéquipiers et s’est économisé au maximum avant de bouger dans le final pour assurer son succès final. "Dans la dernière étape, il y a eu des moments difficiles, racontait-il après l’arrivée. Mais j'avais une grosse équipe avec moi, ce qui rend les choses beaucoup plus simples. Il fallait rester calme, concentré, faire attention dans les descentes." Comme un grand.
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Egan Bernal (Sky) remercie son équipier et ami Ivan Sosa après son succès au classement général de Paris-Nice 2019

Crédit: Getty Images

Car c’est ce qu’il est en train de devenir. Tourné évidemment vers les épreuves par étapes, Egan Bernal a - déjà - tout pour briller sur les Grands Tours, comme il ne le cesse de le montrer, course après course. Annoncé fin mars sur le Tour de Catalogne où il sera le grand favori, il est surtout prévu en mai sur le Tour d’Italie où il devrait être le leader de la Sky, une première pour lui sur une épreuve de trois semaines. Mais, à 22 ans, le Colombien ne veut pas se mettre de pression. "Je préfère ne pas penser au Giro, assure t-il. Le Giro, le Tour de France, sont des courses énormes. Paris-Nice est une course très difficile mais elle ne dure que huit jours. Dans le Giro, j'espère faire bien... Peut-être un top 3, un top 10. Mais je peux très bien perdre vingt minutes dans une étape. C'est complètement différent. Je ferai de mon mieux mais je n'ai que 22 ans, j'ai encore beaucoup à apprendre."

Sucesseur de Quintana puis de Froome ?

Vu la vitesse à laquelle il apprend, il risque bien d’être prêt en troisième semaine. Excellent grimpeur, rouleur plus que correct, Egan Bernal ne sera sans aucun doute l’une des attractions majeures du prochain Tour d’ Italie et l’un des grands favoris. Même si la distance kilométrique de contre-la-montre (56,5km) devrait malgré tout jouer contre lui avec des spécialistes comme Dumoulin et Roglic d’annoncés. Déjà considéré comme un cador du peloton, nul doute que le grimpeur de la Sky rêve d’imiter son ami Nairo Quintana, unique vainqueur colombien de l’histoire du Tour d’Italie, en 2014.
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Egan Bernal (Sky), lors de la 8e étape de Paris-Nice 2019

Crédit: Getty Images

Mais, du côté de la Sky, on le voit plus à terme en successeur de Christopher Froome, comme pierre angulaire du projet Sky sur les Grands Tours. Et ce n’est pas sa prestation de juillet dernier ou celle de ce Paris-Nice qui va les persuader du contraire. Mais pas question pour autant de lui brûler les ailes. D’autant que lui-même ne s’en sent pas encore prêt. "Je ne veux pas penser à la victoire dans le Tour, je ne suis pas prêt pour l'instant, expliquait-il à Nice. Il y a beaucoup de coureurs qui ont gagné des courses d'une semaine mais qui n'ont pas pu gagner un grand tour sur trois semaines." En 2019, il s’attaquera au Giro puis à la Vuelta et laissera Froome et Thomas se battre sur les routes françaises cet été. Sans doute pour la dernière fois.
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