Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Paris-Roubaix : Tom Boonen pour la dernière, Peter Sagan pour une première

Nicolas Buzdugan

Mis à jour 09/04/2017 à 11:07 GMT+2

PARIS-ROUBAIX - Une course vraiment pas comme les autres. Dimanche, la Reine des classiques va marquer le point final de la carrière d'une légende : Tom Boonen. Le Belge tentera d'accrocher une cinquième victoire à Roubaix pour finir en apothéose. Mais il aura face à lui des rivaux revanchards : Peter Sagan et Greg Van Avermaet, tous deux en quête d'un premier succès sur le vélodrome.

Tom Boonen (Quick-Step) et Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) avant le départ du Grand Prix de l'Escaut

Crédit: AFP

Le contexte

"Je sais que toute la Belgique espérait un succès de Boonen mais peut-être que votre pays doit désormais me remercier. Sans moi, Tom ne serait sans doute déjà plus coureur…". Ces mots sont ceux de Mathew Hayman, lauréat surprise de l'édition 2016 de l'Enfer du Nord, au média belge La Dernière Heure. L'an passé, l'Australien de 38 ans avait devancé au sprint, sur le vélodrome de Roubaix, le Belge, quadruple vainqueur de l'épreuve. Et brisé le coeur de plus d'un fan de vélo.
Tom Boonen va donc rempiler, une ultime fois, et disputer un 14e et dernier Paris-Roubaix, en quête d'un record mythique. C'est sa course de prédilection. Celle qui l'a révélé en 2002. Celle qui a façonné sa légende. Quelle meilleure manière de boucler la boucle que de s'offrir une dernière danse sur les pavés, avant de raccrocher définitivement le vélo, dimanche soir, à 36 printemps? Quelques mois après son grand rival, Fabian Cancellara. Pour quitter la scène par la grande porte, "Tommeke" rêve bien sûr d'un cinquième sacre (après ceux de 2005, 2008, 2009 et 2012) qui ferait de lui le roi absolu de la Reine des classiques, devant son illustre compatriote Roger De Vlaeminck, quatre fois vainqueur dans les années 70 (1972, 1974, 1975, 1977). Pour une sortie en forme d'apothéose.
Mais certains ne l'entendent évidemment pas de cette oreille. Frustrés par leur terrible chute dans le final du Tour des Flandres dimanche dernier, fatale à leurs ambitions de victoire, Peter Sagan et Greg Van Avermaet auront la bave aux lèvres et devraient tenir les rôles principaux pour gâcher la fête promise à Boonen.
picture

Tom Boonen gagne un quatrième Paris-Roubaix, en 2012

Crédit: Panoramic

Les favoris

Tom Boonen peut-il aller chercher un cinquième succès historique sur les pavés du Nord avant de s'en aller ? Incontestablement, oui. Deuxième l'an passé, le Belge a encore bien préparé son affaire et il a la bonne jambe ces dernières semaines. Sa 37e place sur le Ronde, après des ennuis mécaniques lorsque la course s'est emballée, n'est pas représentative de son état de forme du moment. D'ailleurs, Boonen l'assure : sans pépin, il avait "les jambes pour faire le podium". Ses 6e et 8e places sur Gand-Wevelgem et l'E3 en attestent.
Au moment d'entrer dans le vif du sujet, après une centaine de kilomètres sans difficulté, la course pourrait se résumer à une lutte entre l'armada Quick-Step, entièrement dévouée au Belge, et le duo des costauds, Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) - Greg Van Avermaet (BMC). Avec pour objectif d'isoler, voire de piéger, ces deux gros poissons pour la formation de Patrick Lefevere, qui devrait encore imposer le tempo.
En l'absence de quelques gros bras (Sep Vanmarcke et Philippe Gilbert notamment), on peut citer dans le rôle des outsiders d'anciens vainqueurs comme John Degenkolb (Trek-Segafredo), Mathew Hayman (Orica-Scott) ou Niki Terpstra (Quick-Step), qui aura sans doute une carte à jouer si "Tommeke" est marqué de trop près. Sans oublier Oliver Naesen (AG2R), révélation de ces Flandriennes et lui aussi battu malheureux dans les roues de Sagan et Van Avermaet la semaine passée lors du Ronde.
Côté français, la meilleure carte se nomme, sur le papier, Arnaud Démare (FDJ), qui a fait de ce Monument un objectif cette saison. Sylvain Chavanel (Direct Energie) ou Yoann Offredo (Wanty-Groupe Gobert) pourraient eux tenter de tirer leur épingle du jeu en fonction de la physionomie de la course. Et il faudra également garder un oeil sur les deux coureurs de Cofidis, Christophe Laporte et Florian Sénéchal.
picture

Tom Boonen et l'équipe Quick-Step Floors lors de la reconnaissance des secteurs pavés de Paris-Roubaix

Crédit: AFP

Le parcours

257 kilomètres à parcourir, dont 55 de pavés, et quelques rendez-vous incontournables. De Compiègne - Choisy-au-Bac, lieu où sera donné le départ, au vélodrome de Roubaix, les coureurs vont vivre près de six heures sur la selle. Les deux premières devraient être plutôt calmes. Ensuite, ce sera l'enfer... La Trouée d'Arenberg, Orchies ou le Carrefour de l'Arbre seront autant d'occasions de se rappeler, comme chaque année, pourquoi cette classique est la plus mythique de toutes.
Le premier secteur pavé (le 29), de Troisvilles à Inchy (2,2 km) - avec son café et sa stèle en hommage à Jean Stablinski -, sera le véritable coup d'envoi de la course, après 97 kilomètres. Une bonne mise en bouche avant un enchaînement dantesque. Le dernier, le secteur 1 de l'Espace Crupelandt, interviendra lui dans Roubaix, après 256 kilomètres, juste avant la flamme rouge et l'entrée sur le vélodrome. Tout un programme. Seule bonne nouvelle pour les coureurs : le temps printanier et sec attendu sur tout le parcours.
picture

Pavés - Arenberg

Crédit: AFP

Les stats à avoir en tête

20. La dernière victoire française sur l'Enfer du Nord commence à sérieusement dater. C'était en 1997, lorsque Frédéric Guesdon, revenu sur Tchmil et Moncassin avec un groupe de poursuivants à l'entrée du vélodrome, avait réglé tout le monde en anticipant le sprint. 20 ans déjà...
8. Avec quatre Paris-Roubaix et trois Tour des Flandres à son palmarès, Tom Boonen s'est déjà fait une place de choix dans l'Histoire. Mais en accrochant un 8e Monument dimanche, il remonterait encore un peu dans la hiérarchie et rejoindrait Rik Van Looy. Au passage, "Tommeke" pourrait dépasser Fabian "Spartacus" Cancellara. Une petite motivation supplémentaire.
6. Peter Sagan n'a jamais vraiment brillé sur Paris-Roubaix, une course qui, pour l'instant, se refuse à lui. D'ailleurs, le double champion du monde n'a jamais fait mieux que 6e (en 2014) sur le vélodrome. Grand favori l'an passé, après ses succès sur Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres, le Slovaque n'avait pris que la 11e place.

La décla : Tom Boonen

Dans mon rêve, l'arrivée se fait après la course la plus dure possible... et je gagne au sprint sur le vélodrome devant deux-trois coureurs.

Notre avis

Cette 115e édition de Paris-Roubaix est d'ores et déjà historique. Et elle le restera, quoi qu'il arrive au soir du 9 avril. Nous allons vivre un grand moment de cyclisme dimanche après-midi. Parce que la dernière sortie d'une légende de la trempe de Boonen, encore capable de remporter un Monument comme l'Enfer du Nord au crépuscule de sa carrière, vaudra le détour. Parce que Sagan et GVA vont immanquablement tenter de faire oublier leur déconvenue du Ronde. Parce que la reine des classiques n'est jamais une course comme les autres et que son scénario, au gré des mésaventures des uns ou des autres, reste totalement imprévisible. S'il y a une course à ne surtout pas rater en ce début de saison, c'est bien celle-là.
picture

Peter Sagan et Tom Boonen réunis lors du Het Nieuwsblad, fin février

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article