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Eddy Merckx, l'avenue de Grammont, Philippe Gilbert... Mes souvenirs de Paris-Tours

Béatrice Houchard

Mis à jour 09/10/2022 à 14:33 GMT+2

PARIS-TOURS - La 116e édition de Paris-Tours se déroulera dimanche. C’est l’une des trois plus vieilles courses professionnelles avec Paris-Roubaix et le Tour de Lombardie, qui a lieu samedi. En 2021, Arnaud Démare l’avait emporté sur la longue ligne droite de l’avenue de Grammont.

Philippe Gilbert 2009 Paris - Tours Tom Boonen

Crédit: Imago

Je me souviens que le vainqueur du premier Paris-Tours dont j’ai vu l’arrivée, en 1966, s’appelait Guido Reybroeck.
Je me souviens que mes parents m’avaient accompagnée, me jugeant trop jeune pour aller seule "en ville".
Je me souviens qu’en 1967, Rik Van Looy était avant-dernier d’un groupe d’échappés qu’il a remontés un à un boulevard Heurteloup avant de gagner devant Barry Hoban et José Samyn.
Je me souviens qu’après la course, les coureurs allaient prendre une douche au Palais des sports dans le quartier du Sanitas, et que l’apparition de Raymond Poulidor, protégé par les gendarmes, provoquait de véritables émeutes.
Je me souviens que, montant dans un bus de la Salvarani, carnet d’autographes en main, je me suis retrouvée en 1968 nez à nez avec Rudi Altig et Felice Gimondi.
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Felice Gimondi, 1969

Crédit: Getty Images

Je me souviens que, sur un de mes vieux films en Super 8, on voit Eddy Merckx monter dans une Mercedes gris métallisé.
Je me souviens que je lisais le compte-rendu de la course dans La Nouvelle République sous la plume de Jacques Augendre, qui fut à ma culture du cyclisme ce que furent Malet et Isaac à mon amour de l’Histoire et le Gaffiot à mon apprentissage du latin.
Je me souviens que Paris-Tours est née au XIXe siècle et qu’Eugène Prévost, en 1896, a ouvert le palmarès en l’emportant sur le vélodrome, détruit en 1962 pour construire des immeubles le long du Cher.
Je me souviens que les trois vainqueurs du Tour de France morts pendant la première guerre mondiale avait tous gagné Paris-Tours : Lucien Petit-Breton en 1906, François Faber et 1909 et 1910, Octave Lapize en 1911.
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Lucien Petit-Breton en 1912 sur Paris-Roubaix.

Crédit: Getty Images

Je me souviens que Charles Crupelandt, dont on parle chaque printemps lors de Paris-Roubaix, avait aussi gagné à Tours en 1913.
Je me souviens que Paris-Tours a eu lieu pendant l’Occupation, ne s’interrompant qu’en 1940, année où c’est le gouvernement qui s’était replié à Tours devant l’invasion allemande. Dans ses Mémoires, le général de Gaulle raconte comment il a croisé Churchill à Tours, le 13 juin, quand la capitulation était déjà écrite.
Je me souviens que la course a changé de saison (à l’origine, c’était au printemps) et souvent de nom entre 1975 et 1988, devenant Tours- Versailles, Blois-Chaville et le Grand prix d’automne avant de renouer avec Paris-Tours.
Je me souviens que la ligne d’arrivée a souvent changé aussi. J’étais trop jeune pour la côte de l’Alouette mais je suis allée boulevard Heurteloup en plein centre-ville, avenue de Florence sur les bords du Cher et enfin avenue de Grammont.
Je me souviens qu’on ridiculisait le maire de Tours, Jean Royer, parti en croisade contre le cinéma pornographique dans les années 1970, comme à peu près tout le monde cinquante ans plus tard.
Je me souviens que, tous les ans, on parlait du dernier vainqueur français, Albert Bouvet en 1956. Il a fallu attendre 1998 pour que Jacky Durand nous offre le bonheur d’une nouvelle victoire tricolore.
Je me souviens qu’en 1965, Paris-Tours s’est courue sans dérailleur et que c’est Gerben Karstens qui a gagné.
Je me souviens que de très grands noms figurent au palmarès : Eugène Christophe, Philippe Thys, Francis et Henri Pélissier, André Leducq, Joop Zoetemelk, Hermann Van Springel, Freddy Maertens, Jan Raas, Adrie Van der Poel, Johan Museeuw, Sean Kelly, Greg van Avermaet et bien sûr Arnaud Démare en 2021.
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Un long sprint et Démare résiste à tout : sa victoire en vidéo

Je me souviens que Paul Maye, Gustave Danneels, Guido Reybroeck (neveu du précédent) et Eric Zabel l’ont emporté trois fois chacun.
Je me souviens que Paris-Tours est l’une des rares courses qu’Eddy Merckx n’a pas gagnées, avec Bordeaux-Paris qu’il n’a d’ailleurs jamais disputée. Il disait : "la difficulté de Paris-Tours, c’est qu’il n’y en a pas." Il n’avait pas connu les chemins de vigne.
Je me souviens que lesdits chemins de vigne ont été critiqués voire vilipendés par les équipes et les coureurs lors de leur introduction en 2018.
Je me souviens que Paris-Tours n’est plus une course du World Tour et que le Tour de Lombardie lui dispute la veille le titre de "course aux feuilles mortes".
Je me souviens qu’à Pocé-sur-Cisse, dans les chemins de vigne, se trouve le château de la Fourchette, propriété de Mick Jagger.
Je me souviens que la ligne droite de l’avenue de Grammont est passée de près de trois kilomètres à 800 mètres à cause de la construction du tramway.
Je me souviens que peu après la flamme rouge, la course passe devant l’école où j’ai appris à lire et à écrire avec une institutrice du nom de Mme Renard.
Je me souviens de Philippe Gilbert a gagné deux fois Paris-Tours, en 2008 et 2009. Dimanche, pour ses adieux, il faudra lui faire un triomphe.
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Philippe Gilbert remporte Paris-Tours en 2008

Crédit: AFP

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