Pauline Ferrand-Prévot annonce ses objectifs pour 2026 : remporter le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et un deuxième Tour de France

Au-dessus de l'or olympique, il n'y a rien de plus beau. Rien qui ne charrie autant de vagues d'enthousiasme à des milliers de kilomètres à la ronde, rien qui ne se fige autant dans le marbre. Et pourtant, Pauline Ferrand-Prévot est en train d'expérimenter l'ivresse perpétuelle dans laquelle baigne une lauréate du Tour de France. Surtout si elle s'appelle Ferrand-Prévot. Une sensation qui n'a rien à envier aux lauriers décrochés sur l'Olympe. Conviée à l'événement "Rouleur Live", vendredi dernier, la Française a pu constater que sa cote de popularité ne s'est pas un chouïa oblitérée.

Débarquée en vedette, la coureuse Visma – Lease a Bike, vainqueure du Tour de France Femmes et de Paris Roubaix pour sa première saison sur route depuis son passage en VTT, n'entend pas freiner son appétit de gloutonne. "C'est peut-être un peu prétentieux, mais si je participe à des compétitions, c'est parce que je veux gagner", a-t-elle déclaré sans ambages devant un auditoire suspendu à ses lèvres. Il faut dire que la Rémoise n'est pas une franche adepte des longues tirades publiques. La championne olympique de Paris 2024 (cross-country) préfère s'exprimer avec sa monture.

Sa saison 2025 parle en tout cas pour elle. Revenue sur le macadam avec l'objectif du Tour de France à l'esprit, la Rémoise a brûlé les étapes et revécu, plus tôt que prévu, l'adrénaline enivrante d'un succès d'une vie. "Après les Jeux olympiques, je me suis dit : 'Peut-être que je ne vivrai plus jamais ça', ce sentiment que tout le monde attend votre victoire, confie "PFP" dans des propos relayés par Cyclingnews. Mais cette dernière étape du Tour de France a été le meilleur moment pour moi, car j'ai retrouvé cette sensation."

Sensation que Ferrand-Prévot compte bien revivre en 2026. Pour cela, il a fallu opérer une cheville infectée, mettre entre parenthèses la fin de saison, prendre quelques semaines de repos, loin de l'agitation frénétique de l'été. Cette année, la Rémoise devait prendre le temps de retrouver ses sensations dans un peloton, réapprivoiser la science du placement, des efforts différents. Une montée en puissance programmée en vue du Tour, mais accélérée brusquement au printemps avec un sacre surprise sur Paris-Roubaix.

Ses principaux objectifs (déjà) en poche, "PFP" veut creuser sa versatilité, épouser de nouveaux défis, avec, en creux, l'envie de ressentir ce cocktail d'émotions si addictif. "Cette année, en revenant sur la route, j'ai connu pas mal de hauts et de bas, rembobine Ferrand-Prévot. J'ai bien performé sur le Tour, mais j'aimerais, l'an prochain, être performante plus tôt dans la saison. Je veux vraiment essayer de gagner le Tour de Flandres et Liège-Bastogne-Liège en début de saison, puis le Tour de France évidemment."

A l'instar de Tadej Pogacar chez les hommes, Pauline Ferrand-Prévot tient un livre de comptes où elle coche toutes les grandes courses qui la font rêver. La liste des cases à noircir s'amincit à vue d'œil, car "PFP" n'a aussi pas tout le temps devant elle. À 33 ans, la Rémoise sait que ses années sur le vélo sont comptées, eu égard à une préparation stakhanoviste qu'il sera de plus en plus difficile de répéter les années passant. Ce profil profondément ascétique, qui l'a conduit à perdre 4 kg pour atteindre le poids de forme prévu en juillet, avait entraîné son lot de réactions dans le peloton, par ailleurs chagriné d'observer une revenante éparpiller la concurrence avec une marge écrasante.

"Bien sûr que je veux réessayer [de gagner le Tour], prévient la Française. Je sais que ce n'est pas parce que j'ai le dernier que je dois gagner l'an prochain." Prête à se replonger dans une préparation drastique, "PFP" a déjà glissé un œil averti sur le parcours de l'édition 2026. "Il y a un contre-la-montre individuel (discipline qu'elle n'a pas encore effectuée depuis son retour sur route), mais en montée, donc ça va, analyse-t-elle. Il y a le Mont Ventoux, une ascension que j'adore et que je connais très bien. L'arrivée à Nice sera sur mes routes d'entraînement, j'ai vraiment hâte d'y être."

Avant le grand frisson estival, "PFP" s'alignera donc sur les classiques printanières, avec cette fois un organisme préparé spécifiquement pour l'occasion. "Roubaix n'était pas prévu mais j'étais en altitude et je commençais à m'ennuyer, retrace Ferrand-Prévot. C'est dingue puisque ma cheville s'est infestée avant le départ, j'étais vraiment malade. Mon entraîneur et mon directeur sportif m'ont appelée et m'ont dit 'Pauline, il n'y a aucun risque pour ta santé, tu peux courir'. J'y suis allé à l'aveugle, sans aucune reconnaissance." Un sacré coup de poker pour un dénouement sublime. Parfaitement épaulée, (Marianne Vos sera dans le coin), idéalement préparée, Pauline Ferrand-Prévot ne vise en 2026 rien de moins qu'une razzia. Interdites devant le coup de force de l'été, ses concurrentes n'ont pas fini de trembler.