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Sécurité dans le cyclisme | "Sanctionner les comportements dangereux, c'est l'urgence absolue"

Christophe Gaudot

Mis à jour 24/04/2024 à 10:45 GMT+2

Remis sur la table au début du mois d'avril avec la chute sur la 4e étape du Tour du Pays basque, le débat sur la sécurité est, comme souvent, un peu retombé dans l'ombre. Quelques coureurs français se sont réunis la semaine dernière pour évoquer les problèmes du cyclisme moderne. A leurs yeux, le principal n'est autre que le comportement des coureurs et l'irrespect qui règne.

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"Je trouve déplorable d'attendre que les principaux leaders se mettent dehors pour lancer le débat." D'emblée Rudy Molard a mis les pieds dans le plat. Parce qu'il a manqué une grande partie du début de saison après une grosse chute au Tour Down Under, le vétéran a le premier pris la parole lors d'une réunion entre coureurs français pour parler sécurité après les différents incidents des dernières semaines.
Causes, conséquences, solutions, pendant une heure la quinzaine de participants a échangé les idées pour arriver à un consensus : les hommes sont les premiers responsables des chutes dans le peloton.
Il y avait Molard donc, mais aussi Guillaume Martin, Pavel Sivakov, Axel Laurance, Marc Sarreau, Julien Bernard, Kevin Vauquelin, Anthony Delaplace, Louis Barré, Geoffrey Soupe, Anthony Perez, Alexis Guerin, Maël Guegan, Hugo Hofstetter et Jonathan Couanon. Matériel, parcours, instances mais aussi la caféine, tous les sujets évoqués depuis l'immense accident du Tour du Pays basque ont été abordés.

Un avant et un après Covid dans le peloton

"Il faut sanctionner les comportements dangereux, a tonné Molard (Groupama-FDJ), donnant le ton pour la suite puisque tous les intervenants sans exception sont allés dans ce sens. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. Quand je vois des mecs qui se retournent dans le dernier kilomètre pour chercher leur sprinteur, ça me rend fou." Contrairement à ce qui a pu être dit ici et là ces dernières semaines, aucun des coureurs n'a mis le matériel, la vitesse ou les routes comme cause premières des chutes.
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Julien Bernard (Lidl-Trek) a d'ailleurs daté très précisément la bascule dans le peloton : "Le nombre de chutes a augmenté ces cinq ou six dernières années. Il y a eu un avant et un après Covid. Ce sont souvent des comportements qui sont à l'origine des chutes." Anthony Perez (Cofidis) en a profité pour rappeler à Marc Sarreau (Groupama-FDJ) que l'un de ses jeunes coéquipiers avait envoyé toute une partie du peloton au sol sur la dernière Roue Tourangelle.

Des codes que plus personne ne respectent

"Aujourd'hui des mecs ne sont pas habiles, lui a répondu son compatriote. Ils viennent de Zwift, ils ont de la puissance mais ils frottent mal, ils ne savent pas faire. Avant il y avait 5% du peloton qui était renouvelé avec des jeunes. Aujourd'hui, sur certaines Coupes de France, c'est 30% ou 40% de jeunes."
Problème, si ces nouveaux venus ne connaissent parfois pas les codes du paquet, ils singent aussi les comportements des plus anciens puisqu'à écouter les participants à la réunion, une grande partie du peloton s'asseoit allègrement sur les règles tacites qui existaient dans un sport de plus en plus compétitif et aux enjeux qui grossissent eux aussi.
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D'où l'idée de sanctionner les comportements dangereux. "C'est l'urgence absolue", insiste Molard. "Il faut des avertissements, des cartons jaunes ou rouges", poursuit Bernard pendant qu'Anthony Delaplace (Arkéa - B&B Hotels) souhaite même des suspensions "de trois ou six mois". Les cartons, l'UCI y pense, comme l'avait confié son président David Lappartient début avril, évoquant même une mise en place dès cette année. Si l'on écrit des "règles claires", on pourra "se permettre" de mettre des cartons prévient Pavel Sivakov (UAE-Team Emirates).
Il faudra mettre des caméras sur le vélo, on sera fliqué
"Je prends l'exemple du mec sur le Tour des Flandres l'an dernier (Filip Maciejuk, NDLR)), c'est bien qu'il ait été suspendu mais il faut plus d'actions comme ça", a estimé Hugo Hofstetter (Israel-Premier Tech). Mais comment s'assurer que toutes les courses seront suffisamment produites pour disposer d'images claires ? Alexis Guérin (Philippe Wagner-Bazin) l'a souligné, sur le récent Tour du Doubs, "ça tombe au milieu du peloton au 4e kilomètre. Il n'y a pas de télé, on ne pourra pas mettre de cartons".
Cette réforme pourrait donc forcer l'Union cycliste internationale et les diffuseurs qui produisent les images à faire des efforts. Illusoire ? Peut-être. "Il faudra mettre des caméras sur le vélo, on sera fliqué", conclut Kevin Vauquelin (Arkéa - B&B Hotels) tandis que Bernard estime que "quatre ou cinq par équipes" suffiraient à couvrir l'ensemble du peloton, cette masse difficilement pénétrable.
"Aujourd'hui je porte des lunettes, avant je n'en avais pas. Il y aura un avant et après pour moi, rappelle Rudy Molard qui a repris la compétition au Tour de Romandie après trois mois d'arrêt. J'ai pris cinq gamelles, à chaque fois ce n'était pas de ma faute. J'en ai aussi ras le bol de toujours tomber, de pas pouvoir m'exprimer." Ce ras-le-bol est général et il exige des changements rapides et drastiques.
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