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Chute sur le Tour du Pays basque | La fuite en avant et la chute de trop

Christophe Gaudot

Mis à jour 05/04/2024 à 08:13 GMT+2

La chute terrible de ce jeudi sur la 4e étape du Tour du Pays basque n'est que l'énième accident qui choque le monde du cyclisme ces dernières semaines. En Espagne, en Belgique ou en France, des drames ont été évités de peu pendant que d'autres dans un passé récent n'ont pas eu cette chance. Sans une prise de conscience collective, rien ne changera.

Vingegaard, Roglic et Evenepoel à terre : l'énorme chute sur le tour du Pays Basque

Demain, il faudra se demander pourquoi. Pourquoi des coureurs professionnels ont encore manqué de perdre la vie ? La faute à pas de chance ? L'argument tiendrait si la récurrence des accidents terribles ne permettaient pas de voir des schémas qui se répètent et surtout des causes, si ce n'est indiscutablement identifiables, au moins facilement questionnables. Ce qu'il s'est passé ce jeudi sur la 4e étape du Tour du Pays basque pour Jonas Vingegaard et les autres doit pousser à la réflexion et surtout au changement.
Le drame a été évité ce jeudi sur les routes espagnoles mais Jonas Vingegaard a rejoint l'hôpital avec des blessures sérieuses, tout comme Jay Vine et d'autres. Que la Visma | Lease a Bike et la UAE-Team Emirates aient eu besoin d'annoncer que ces coureurs étaient conscients témoigne de la violence de l'incident. Si Remco Evenepoel s'en sortira probablement avec une "simple" clavicule cassée, la tête du Belge a frôlé les arbres. Et donc le pire.

Lambrecht, Mäder et les autres

Le pire, le cyclisme l'a pourtant déjà connu ces dernières années avec les décès tragiques de Gino Mäder (2023) ou Bjorn Lambrecht (2019) pour ne citer qu'eux. Le peloton a pleuré ses morts mais a-t-il pris le temps de s'arrêter ? Show must go on. Le CV doré des coureurs concernés par des incidents à très haute vitesse ces derniers jours (Wout van Aert, Jonas Vingegaard, Primoz Roglic ou Remco Evenepoel) met d'autant plus en lumière un vrai problème de fond. C'est injuste pour les autres mais ce sera peut-être salutaire.
L'Union cycliste internationale (UCI) a déjà entamé un travail de fond. Les plus anciens des professionnels regrettent que la jeune génération a oublié les codes de conduite en course et que la compétition prend trop souvent le pas sur la solidarité. C'est peut-être vrai mais il est bien impossible de comprendre ce qu'il se trame à l'intérieur de cette masse impénétrable qu'est le peloton.
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Fritsch : "Il est urgent pour les acteurs du cyclisme de se réunir"

En revanche, il apparaît désormais évident que le cyclisme ne peut plus poursuivre la fuite en avant qui est la sienne. Parce qu'il a grandi trop vite, il souffre aujourd'hui d'une crise de croissance, l'aspect sécuritaire n'ayant pas suivi le rythme des autres. L'arrivée de sponsors ambitieux et aux poches pleines a fait passer le cyclisme dans un autre monde. L'hyper professionnalisation, dont l'arrivée de talents de plus en plus précoces n'est qu'un symptôme, pousse chaque jour le curseur plus loin.

Pas coupables mais tous responsables

Préparation, entraînement, nutrition, matériel, études des parcours et tant d'autres domaines où rien ne doit être laissé au hasard. Autant de gains marginaux qui expliquent en partie pourquoi l'on roule toujours plus vite. Et les parcours, que doivent toujours réinventer les organisateurs pour éviter l'ennui, ennemi devenu mortel, ne font rien pour endiguer un phénomène dangereux.
Il n'est pas bête de penser que le peloton ne se freinera pas si on ne l'y pousse pas puisque les enjeux sont toujours plus grands. Il appartient donc à l'UCI de lancer le mouvement. Comme ailleurs on limite la vitesse (sports automobiles) ou les contacts (rugby), le cyclisme doit prendre conscience des maux qui le rongent pour éviter que les drames se multiplient. Sport à risque puisque d'extérieur et sur des terrains qu'il ne maîtrise pas, il est à la croisée des chemins.
Tout le pousse à aller toujours plus vite mais sa survie réside sans doute dans un retour en arrière que certains appellent de leur voeux. Reste à savoir si l'UCI aura les reins assez solides pour forcer les équipementiers à ralentir la cadence de la recherche, pour contraindre les organisateurs à sécuriser leur parcours, ce qui pourrait coûter des centaines de milliers d'euros, ou pour forcer la main aux coureurs à prendre moins de risques. Seule, elle ira dans le mur puisque le problème a de nombreuses facettes. Il n'y a pas de coupables dans cette histoire mais beaucoup de responsables.
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