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La reine Annemiek van Vleuten met un terme à son immense carrière au Simac Ladies Tour : merci patronne !

Fabien Esvan

Mis à jour 10/09/2023 à 11:29 GMT+2

Une légende s'en va. Après dix-sept ans à arpenter les pelotons et ramasser son lot de gloire aux quatre coins du monde, Annemiek van Vleuten ferme l'un des plus grands chapitres de l'histoire du cyclisme féminin ce dimanche. Pionnière, boulimique des succès et infatigable battante sur chacune de ses sorties, la Batave part avec le sentiment du devoir plus qu'accompli. Son héritage est colossal.

Annemiek van Vleuten, les adieux d'une reine, les souvenirs d'une patronne

Crédit: Quentin Guichard

"Il est temps de dire au revoir à ce chapitre important de ma vie (...) Je suis émue à l'idée que tant de gens aient apprécié ma façon de courir et de savoir que je vais leur manquer…" Son sourire légendaire cédera-t-il sa place à quelques larmes ce dimanche ? Après des années à dominer le circuit féminin, Annemiek van Vleuten arrive au bout du chemin. A la maison, chez elle et après dix-sept années plus que remplies, la championne va raccrocher le vélo.
Au terme d'une cuvée 2023 qu'elle a encore marquée de son empreinte, la Néerlandaise quitte le cirque du cyclisme par la très grande porte. A plus de 40 ans, "Vleuty" a continué de dicter sa loi à la jeune garde. La conséquence d'un travail de longue haleine et d'une passion qu'elle n'a cessé d'entretenir depuis son arrivée tardive chez les grandes. Au crépuscule de sa carrière, Annemiek van Vleuten peut savourer. La route a été longue, mais qu'est-ce qu'elle fut belle…

Une arrivée tardive dans le cirque de la route

Car la native de Vleuten a mis le temps avant de s'essayer aux joies de la compétition cycliste. D'abord friande de football qu'elle doit abandonner à cause de genoux capricieux, la Batave se laisse tenter par l'achat d'un vélo Jan Janssen en 2006. Le virus prend instinctivement. La licence suit au TCW'79 Wageningen, les victoires ne tardent pas à arriver.
Ses succès sur les courses locales et au Championnat des Pays-Bas universitaires tapent dans l'œil de la DSB Bank - Nederland bloeit, future Rabobank, qui l'enrôle en 2009 aux côtés d'une autre promesse, Marianne Vos. Elle y touche son premier salaire à 800€ mensuel. Loin du confort de ses études en épidémiologie, mais suffisant à son bonheur. "Le cyclisme était vraiment un cadeau pour moi", confiait-elle au média hollandais NOS cette semaine.
Prometteuse pour ses premières sorties chez les grandes, Annemiek van Vleuten se fait les dents. Elle apprend. Pour tout dévorer au tournant des années 2010. Sa cuvée 2011 la propulse sur le devant de la scène mondiale avec le Tour des Flandres et le Grand Prix de Plouay, considéré comme l'une des plus grandes courses féminines de l'époque.
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Le Tour des Flandres 2011, l'acte de naissance d'Annemiek van Vleuten

Crédit: Getty Images

L'un des plus grands palmarès de la petite reine

En près de quinze ans, Annemiek van Vleuten va tout rafler sur son passage. La machine "Vleuty" a pourtant mis du temps pour se muer en rouleau-compresseur. D'abord à la lutte avec Mara Abbott, Judith Arndt et bien évidemment l'infernal duo Marianne Vos–Anna van der Breggen, l'étudiante apprend. Lentement, mais sûrement. Jusqu'à les supplanter ou les égaler une à une.
Il lui a aussi fallu digérer les échecs notamment celui de Rio où elle a frôlé le pire pour définitivement amorcer sa domination. Depuis 2017, son palmarès donne le tournis. Cinq Grands Tours, quatre de titres de championne du monde, une médaille d'or olympique sur le chrono à Tokyo, des monuments à la pelle comme Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres, la domination a été outrageuse ou presque.
Mais parmi les 104 victoires en carrière de la championne ultra-offensive, il y en a une qui suffit à résumer presque toute sa carrière : le Tour de France Femmes 2022. Dans cette édition new-look et très attendue de la Grande Boucle, Annemiek van Vleuten marque les esprits, la quarantaine approchante. "C'est la plus grande course que j’ai pu gagner", répétait-elle au début de l'été.
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Admirée et respectée

Ses succès imposent forcément le respect. Avant le Tour de France, Aude Biannic nous faisait part de son admiration pour sa coéquipière. "Elle m'impressionne toujours. Peu de personnes font les sacrifices qu'elle fait, alors à 40 ans… Il faut avoir une sacrée force de caractère, ça lui permet de gagner de belles courses."
Une vision partagée par la championne du monde Lotte Kopecky, l'une de ses dernières rivales qui lui a ravi le maillot arc-en-ciel dans les rues de Glasgow il y a quelques semaines. "C'est quelqu'un à qui on ne peut que témoigner du respect notamment pour les sacrifices qu'elle a faits pendant si longtemps. Annemiek a toujours été très grande dans la défaite", expliquait la Belge dans un entretien à la RTBF.
Sa résistance et sa préparation en font également un personnage phare. Capable d'emmagasiner plus de 30000 kilomètres par an, friande des préparations dans les hauts plateaux colombiens, van Vleuten a tenté "sa" révolution du cyclisme. "Annemiek peut aller plus loin dans la douleur que quiconque. Elle est vraiment capable de souffrir", analyse Grace Brown, ancienne coéquipière de la championne chez Mitchelton-Scott.
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Le culte du dépassement

Aller au bout d'elle-même, voilà quelque chose qui colle bien à Annemiek van Vleuten. Ses succès en ligne lors des Mondiaux 2019 et 2022 en sont les plus beaux exemples. "Le Yorkshire, c'était vraiment épique, mais mon titre mondial à Wollongong en dit long sur mon caractère", analyse-t-elle dans sa dernière interview pour la Movistar. "J'ai surmonté mon coude cassé, j'ai essayé de le gérer du mieux possible. J'en ai encore la chair de poule quand je le revois et quand j'y repense. Cette semaine en Australie, c'est un résumé de toute ma carrière."
J'étais mariée au cyclisme et je vais maintenant retrouver un peu de liberté pour aller et faire ce que je veux.
Cette capacité à ne rien lâcher pour marquer le coup, elle la tient de sa jeunesse. "Mon père m'a toujours aidée à tirer le meilleur de moi-même. Déjà à l'école, j'essayais de décrocher les meilleures notes." Son travail mental lui a également permis de se dépasser. Elle insiste sur la nécessité de faire cet exercice. "Je croyais que je n'étais pas une grimpeuse. Travailler avec un coach mental, c'est la meilleure façon de pouvoir exploiter le meilleur de nos capacités."
Toujours pointilleuse et millimétrée, la Batave doit désormais se "trouver un nouvel objectif et ça va être un défi". Les projets ne manquent pas pourtant. Celui de se poser notamment. "Je me suis inscrite à un cours du Comité international olympique (...) Je n'ai plus à me soucier de perdre ma forme physique, ça c'est agréable. J'étais mariée au cyclisme et je vais maintenant retrouver un peu de liberté pour aller et faire ce que je veux. Je pourrai aussi avoir une vie sociale un peu plus intense", lâche-t-elle, toujours avec le sourire.
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Hissée au panthéon du cyclisme mondial, Annemiek van Vleuten a écrit l'histoire. Certains n'hésitent pas à lui conférer l'étiquette de "GOAT de la petite reine féminine". Le débat avec Anna van der Breggen et Marianne Vos reste à la libre interprétation de chacun. Une chose demeure certaine comme le souligne le boss de la Movistar Sebastián Unzué dans un entretien à Cycling Weekly : "personne ne peut remplacer Annemiek". Car oui, il n'y aura plus jamais aucune coureuse comme Annemiek van Vleuten. Merci pour tous ces moments, merci patronne.
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