David Gaudu, les Strade Bianche en pensant déjà fort au Giro

Avec David Gaudu, c'est un peu toujours la même histoire. Aux espoirs naissants répondent toujours une poisse qui lui colle aux basques depuis deux ans. Il avait surpris sur le Tour d'Oman en se payant Adam Yates, l'habituel lieutenant de luxe de Tadej Pogacar, sur la 3e étape. Le grand Gaudu était-il de retour ? Sa fin de saison 2024 et le début de la suivante permettaient de le croire. Une chute à l'entraînement causée par un animal errant a semé de nouveaux doutes. Il revient aux Strade Bianche ce samedi avec plusieurs idées derrière la tête.

Lui-même avait fini par douter, de lui, de sa place dans sa propre équipe aussi où il voyait les regards changer au gré des déceptions. David Gaudu fut un temps le 4e d'un Tour de France relevé (2022) et devant Jonas Vingegaard sur un Paris-Nice (2e en 2023). Sans une dernière semaine de Vuelta 2024 tout feu, tout flamme, il aurait eu à "fêter" un drôle d'anniversaire sur une Course au soleil qu'il a choisie d'éviter cette année, concentré qu'il est sur sa découverte de l'Italie en vue du Giro. Le leader de Groupama-FDJ n'avait pas attendu Oman et 2025 pour retrouver le sourire et ce fut à vrai dire une bénédiction avant l'hiver.

Il y a eu cette Vuelta donc, achevée à la 6e place et avec la certitude qu'il avait manqué la victoire d'étape d'un rien, ce succès au Luxembourg et une 9e place au Tour de Lombardie. De quoi ranger le vélo l'esprit un peu libéré. Gaudu avait pourtant la tête lourde après le Tour de France. Lourde de devoir subir continuellement la même malchance. Cette fois, c'était le Covid qui l'avait empêché d'être au premier ou deuxième rang pendant la grande messe de juillet. D'autres virus l'ont aussi embêté plus tôt dans l'année, lui-même s'est parfois compliqué la vie en chutant bêtement (Paris-Nice 2024). 

Avait suivi donc un hiver parfait achevé à Pedreguer (Espagne) en travaillant ce "double punch" qui a fait si mal à Yates à Oman en jouant avec son coéquipier, Tom Donnenwirth. C'est là, en face de la paradisiaque Ibiza, que Gaudu a achevé un hiver plus studieux que festif. Un peu malade, le seul accroc de sa préparation nous disait-on récemment dans son entourage, au bout du premier stage de la Groupama-FDJ en décembre, le Breton a fait du rab entre Noël et Jour de l'An, seul avec sa compagne en Corse. Un nouveau passage en Espagne en janvier avec deux semaines à Tenerife et une dernière à Pedreguer en chambre hypoxique comme premier jalon d'un programme changé. 

A 28 ans, Gaudu a acquis suffisamment de poids chez Groupama-FDJ pour aller découvrir le Giro. L'arrivée de Guillaume Martin, leader annoncé pour le Tour de France, a joué un rôle également mais l'ancien lieutenant de Thibaut Pinot a dû passer par les mêmes étapes que son mentor. Après des années à répéter le même modèle, avec les risques que cela comporte dans sa progression, ou plus précisément le ralentissement de celle-ci, Gaudu va voir ailleurs. C'est pourquoi il enchaînera les Strade Bianche samedi et Tirreno-Adriatico dimanche, une première dans les deux cas. 

Comme d'autres avant lui, Gaudu entend s'imprégner de l'atmosphère du cyclisme en Italie, de ces routes où il a huit fois moins rouler qu'en France. Bref, le Breton veut sentir l'air de ce pays où il espère briller en mai, probablement sans les ténors du peloton, ce qui rendra la course globalement plus ouverte. Ce samedi, il se testera aussi sur les chemins blancs qui font la réputation des sublimes Strade Bianche et qui seront aussi au programme, en format très réduit, de la 9e étape du prochain Giro. 

Quant à savoir ce qu'il peut espérer ce samedi, difficile de le juger même si Gaudu a déjà montré des choses inattendues, eu égard à son gabarit, sur les pavés. Reste que l'effort sur les chemins blancs est encore différent et qu'on ne sait pas vraiment comment il se sent quinze jours après sa chute à l'entraînement. Chez Groupama-FDJ, on le disait en très bonne forme après Oman et on prie sans doute très fort pour que cet énième accroc n'entache pas trop la bonne dynamique qui était la sienne alors que son premier objectif, Tirreno-Adriatico, est à l'horizon avant une première pause et un nouveau stage en altitude.