Tadej Pogacar, une chute et des conséquences : "On va lui dire non pour Paris-Roubaix"

C'est une image rare. Voir Tadej Pogacar, l'un des meilleurs techniciens du peloton, au sol sans que la chute ne soit due à autre chose qu'une simple erreur de sa part, voilà qui n'est pas banal. Sur des routes qu'il connaît par cœur, le champion du monde a abordé un virage trop vite et a glissé de la roue avant pour chuter et finir dans les ronces. Une chute qui ne l'a pas empêché de l'emporter sur les Strade Bianche mais qui pourrait le priver de Paris-Roubaix selon nos consultants.

Voilà des années désormais que le trublion Pogacar s'amuse de voir le peloton l'attendre sur les routes de l'Enfer du Nord. En 2023, au lendemain de son succès sur les Tour des Flandres, il s'était pris en photo avec un grand sourire devant… la mythique Trouée d'Arenberg. Ignorait-il que, depuis la veille, les rotatives tournaient pour se demander pourquoi, puisqu'il se baladait sur les monts pavés des Flandres, ne pourrait-il pas en faire de même de l'autre côté de la frontière ? Absolument pas. Et depuis, chaque année, les questions reviennent.

En 2025, la rumeur se fait de plus en plus insistante. Du côté de l'Italie, où Pogacar a beaucoup d'attaches, la Gazzetta dello Sport assurait récemment que sa participation à Paris-Roubaix était quasi certaine alors même qu'il ne l'avait pas inscrit à son programme. Participer au troisième Monument de la saison est un risque pour lui. Les chutes y sont plus nombreuses et les conséquences parfois plus terribles. Celle de ce samedi sur les Strade Bianche n'a eu, a priori, aucune conséquence profonde mais elle pourrait bien changer la donne pour Roubaix. 

"C'est sûr que ça va jouer sur sa participation, ou non, à Paris-Roubaix, a réagi notre consultant Jacky Durand. Avec cette chute, on va lui dire non. Les dirigeants d'UAE l'ont vu en confiance dans les descentes et les chemins empierrés. S'il se lance sur Paris-Roubaix avec la même attitude et qu'il tombe, ce sera terminé des espoirs de gagner un nouveau Tour de France". Jouera-t-on la carte de la prudence dans la formation du champion du monde après avoir déjà vu le Tour 2023 être gâché par une chute sur Liège-Bastogne-Liège et un poignet fracturé ? 

"Je pense que le Tour des Flandres va plus conditionner sa participation à Roubaix mais il est clair que cette chute et la façon dont ça s'est passé, peut faire réfléchir les dirigeants de cette équipe", a abondé Audrey Cordon-Ragot pendant les Strade Bianche. Bien sûr que voir Pogacar triompher de Paris-Roubaix, l'un des deux Monuments qui manquent à son palmarès avec Milan-Sanremo, serait une sacrée bénédiction pour l'équipe émiratie qui mise l'essentiel de sa communication sur son champion du monde mais la balance risque-bénéfice a peut-être basculé ce samedi quelque part en Toscane. 

Au-delà de son programme, Pogacar lui-même va-t-il perdre un peu confiance ? Après être revenu sur Tom Pidcock (Q36.5), le Slovène a parfois eu des trajectoires surprenantes mais il a surtout pris moins de risques. Il avait connu quelques mois compliqués, notamment dans les descentes, après sa blessure au poignet en 2023 mais il avait retrouvé une pleine confiance, celle de l'un des meilleurs techniciens du peloton. Se lancera-t-il à corps perdu dans la descente du Poggio, condition sine qua non à la victoire sur Milan-Sanremo dans deux semaines ? Rien n'est moins sûr aujourd'hui…