Et Rodriguez s'écroula...

Anton a trompé tout son monde. Au pied de l'ascension vers Pal, le Basque a ostensiblement reculé au sein du peloton, faisant croire à un éventuel début de défaillance. Le coup de bluff a permis au grimpeur d'Euskaltel de prendre le recul nécessaire pour mieux observer les forces en présence. Et quand Mosquera a placé la première mine, Anton était miraculeusement remonté aux avant-postes pour suivre l'attaque du coureur de la Galicia. Dans un premier temps, néanmoins, il a donné l'impression de ne pas pouvoir suivre le rythme de son compatriote, pas plus que celui de Nibali ou Rodriguez, qui le lâchaient progressivement. Malin, le Basque gérait tout simplement son effort quand les autres se mettaient dans le rouge. C'est ainsi qu'il finissait par reprendre un à un tous ceux qui le précédaient pour finalement s'imposer. La tactique avait fonctionné à plein. Le désormais triple vainqueur d'étape sur la Vuelta avait pourtant prévenu avant le départ : "Je connais bien cette montée vers Pal. Cette pente n'est peut-être pas assez sélective pour créer de véritables différences. Pour ma part, je me sens bien et si une occasion se présente, je la saisirais".

VICENZO NIBALI (Liquigas)6e de l'étape à 0'23" d'Anton - 2e à 0'45" d'Anton au général Pendant quelques mètres, Vicenzo Nibali s'est vu endosser le maillot rouge. Anton et Rodriguez lâchés, l'Italien n'avait plus qu'à suivre la roue de Mosquera jusqu'à l'arrivée pour prendre la tête du classement général. Hélas pour lui, l'Italien avait présumé de ses forces. Au plus fort de la pente, il devait laisser filer son compagnon mais surtout, il voyait Anton revenir sur lui comme un bolide. Terminant cahin-caha, le leader des Liquigas limitait tant bien que mal la casse. Pointé à 45 secondes d'Anton, Nibali conserve ses chances de victoire intactes. D'autant qu'il peut se prévaloir de qualités de rouleur bien supérieures à Anton et qu'il a sûrement en tête le contre-la-montre du 17 septembre.

C'est l'autre vainqueur du jour. Troisième de l'étape, à seulement dix secondes d'Anton, l'Espagnol de Cervelo a réalisé une fin d'ascension de grande classe. En embuscade depuis quelques jours, celui qui s'était classé 9e à Xorret del Cati a fait encore mieux ce mercredi. A 31 ans, il vient de signer les deux plus belles semaines de sa carrière. Désormais troisième du général, à 1'04" du maillot rouge, Tondo semble monter en puissance. On devrait rapidement savoir s'il est capable de conserver sa place sur le podium. Il pourrait compter sur le travail de Carlos Sastre, qui sera forcé de troquer son costume de leader pour celui de simple lieutenant.

C'est le grand perdant du jour. Jusqu'à quatre kilomètres de l'arrivée, rien ne prédestinait pourtant à un tel effondrement du porteur du Maillot Rouge. C'est même lui qui avait déclenché la première hostilité en répondant à une tentative de Karpets. Rejoint par Nibali et Mosquera, il semblait néanmoins plutôt à son aise et ne montrait aucun signe de défaillance. C'est pourtant ce qui s'est passé, le coureur de Katusha se retrouvant soudainement à l'arrêt. Au courage, il s'accrochera jusqu'à la ligne d'arrivée où il concède au final plus d'une minute. Rodriguez a-t-il connu un simple passage à vide ou bien a-t-il affiché ses limites en altitude ?

Il a longtemps cru qu'il allait décrocher la première victoire de sa carrière sur le Tour d'Espagne. Auteur de l'attaque qui a fait exploser le groupe des favoris, le leader de Xacobeo est passé tout près d'un succès de prestige. Il ne l'aurait pas volé. Sur la ligne, l'Espagnol n'a concédé que trois petites secondes à Igor Anton. Repris par son compatriote à deux kilomètres de l'arrivée, Mosquera n'a rien pu faire quand le Basque a accéléré sous la flamme rouge. Ce n'est que partie remise. Mosquera a prouvé qu'il avait les jambes pour secouer le cocotier.

Privé de son frère Andy, l'aîné des Schleck sait qu'il devra se débrouiller tout seul jusqu'à la fin de la Vuelta. Incapable de suivre le rythme des meilleurs, et notamment celui d'Anton, un temps à ses côtés en fin d'étape, le Luxembourgeois n'a pu faire mieux que septième, à 23 secondes du vainqueur du jour. Le voilà au dixième rang du général, très loin des espoirs affichés en début d'épreuve. Il reste dix jours au leader de Saxo Bank pour redresser la barre. Au vu de son niveau actuel, la tâche ne s'annonce pas aisée.

Sauf tremblement de terre, Denis Menchov ne gagnera pas le troisième Tour d'Espagne de sa carrière. Dès les premiers hectomètres de la montée finale, le Russe a explosé. A l'arrivée, Menchov a concédé plus de cinq minutes à Igor Anton et est désormais pointé à 8'55" au général, à une décevante 28e place. Le leader de la Rabobank, en partance pour Geox, avait pourtant fait rouler son équipe une bonne partie de la journée pour revenir sur l'échappée. Menchov s'était visiblement vu trop beau...