Eurosport
Tour d'Espagne 2014 : Quand on ne croit plus en Contador, il flingue
Par
Publié 15/09/2014 à 01:42 GMT+2
Inconcevable il y a trois semaines, le succès d'Alberto Contador sur le Tour d'Espagne est à l'image de sa carrière : l'Espagnol se relève toujours après les coups du sort.
Alberto Contador (Tinkoff Saxo bak) à l'arrivé de l'étape 10 du Tour d'Espagne 2014
Crédit: AFP
Avec lui, tout va toujours très vite. Souvent le plus rapide sur son deux-roues, Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) est peut-être encore plus fascinant par sa faculté à passer d'homme à terre à conquistador des sommets. Il y a trois semaines, peu auraient misé sur un succès de l'Espagnol sur la Vuelta. Lui ne l'envisageait tout simplement pas : "Sincèrement, je ne pense pas avoir la condition pour me battre pour le classement général", déclarait-il alors, précisant "vouloir viser les victoires d'étape en troisième semaine." L'Espagnol a d'ailleurs tenu cet objectif. Il a bien remporté deux étapes, mais avec le classement général dans la pochette surprise.
Son troisième succès sur un Tour d'Espagne, deux mois jour pour jour après son abandon sur le Tour, relèverait presque du miracle si cela n’était pas lui. Car Contador possède une force de caractère hors du commun. "Je pense toujours à une phrase, expliquait Contador dimanche soir, après avoir entériné sa victoire à Saint-Jacques de Compostelle. Des experts m'ont dit après ma chute dans le Tour de France que je n'aurais pas le temps de récupérer. J'ai tout fait pour les contredire."
Il y n'a cru qu'à partir de Valdelinares
Sa fissure du plateau tibial, contractée le 14 juillet dans la descente du Petit Ballon, a d'abord contraint Contador au repos complet pendant une dizaine de jours. Le 23 juillet, il annonçait renoncer à son tour national. Avant de se raviser
Obstiné, il consulte un chirurgien en Suisse pour nettoyer sa plaie et reprend l'entraînement début août. Il se présente finalement affûté au grand départ andalou avec un niveau de forme qu'il juge "inconnu". Le doute ne s'éternisa pas.
Son coup de pédale et ses prises de relais appuyées lors du chrono par équipes d'ouverture n'étaient déjà plus celui d'un coureur à la condition précaire. Et dès le premier rendez-vous montagneux à la Zubia (6e étape), El Pistolero se montra à l'égal de Chris Froome et Alejandro Valverde. Avant de se montrer le plus fort au sommet d'Aramon Valdelinares (9e étape) : une montée du déclic où "pour la première fois" il s'était "dit que la victoire était possible". Deux jours plus tard, celle-ci se dessina. Profitant de l'abandon de son plus sérieux rival et leader d'alors, Nairo Quintana (Movistar), il prit le maillot maillot rouge lors de la 10e étape à Borja pour ensuite ne plus jamais le lâcher.
Ce retour express et victorieux est un peu à l'image de la carrière du Madrilène de 31 ans. Presque sa marque de fabrique. Le sort l'a rarement épargné. Mais l'homme s'est toujours relevé. En mars 2004, une rupture d'anévrisme le conduit à une chute gravissime qui menace sa vie. Son coma dure trois semaines. Dix mois plus tard, pour sa course de reprise, il remporte la 5e étape du Tour Down Under. En 2008, il signe pour Astana et son image sulfureuse, Vinokourov ayant été contrôlé positif lors de la dernière Grande Boucle, qu'avait remportée Contador. ASO ne le laissera pas défendre son titre. Mais le Tour d'Italie lui ouvre ses portes six jours avant son départ. Pas préparé, Contador s'y engouffre et remporte son deuxième grand tour.
Devant lui, Indurain, Coppi, Anquetil, Hinault et Merckx
En 2012, il signe son come-back le plus retentissant. Tombé pour dopage suite à son contrôle positif au clenbutérol lors du Tour 2010 qui lui a été retiré, Alberto Contador reprend la compétition en août après six mois de suspension. Il arrive sur la Vuelta à court de compétition mais le couteau entre les dents. Il remporte la course à quatre jours de l'arrivée grâce à sa chevauchée fantastique de Fuente Dé : peut-être le plus grand exploit de sa carrière. Contador n'a pas toujours eu besoin d'être dos au mur pour se faire violence. Mais c'est là qu'on y reconnaît les vrais champions. Et force est de constater qu'il fait partie des grands. Par son tempérament autant que son palmarès.
En remportant dimanche le Tour d'Espagne, Contador est devenu le sixième homme le plus titré en sur les Grands Tours avec six succès, derrière Merckx (11), Hinault (10), Anquetil (8), Coppi et Indurain (7). Et sans le retrait de ses victoires sur le Tour 2010 et le Giro 2011, il serait l'égal d'Anquetil au palmarès. Rien ne dit qu'il ne le deviendra pas un jour. Le temps du déclin n'a pas encore sonné pour Contador, qui à 31 ans, a encore de belles conquêtes devant lui. Ce ne sont pas ses trois dernières semaines qui laissent envisager le contraire.
Sur le même sujet
Publicité
Publicité