Tour d'Espagne : Angel Madrazo remporte la 5e étape, Miguel Angel Lopez nouveau leader

"Superman" retrouve sa tunique. Premier leader de cette Vuelta à l'issue du chrono par équipes de Torrevieja, Miguel Angel Lopez (Astana) avait perdu le maillot rouge dès le lendemain, sur les routes piégeuses de Calpe. Revanchard, le Colombien l'a récupéré ce mercredi lors d'une 5e étape remportée par l'improbable Angel Madrazo (Burgos-BH). Il a mis à profit les rudes pourcentages de l'Alto de Javalambre, théâtre de la première arrivée au sommet, pour distancer tous ses rivaux et se positionner comme l'homme fort de ce début de Tour d'Espagne.

Trois jours après l'inattendue bataille de Calpe, les favoris se sont expliqués de manière bien plus convenue lors de cette toute première étape de montagne. Après une longue procession qui a permis à l'échappée du jour de prendre suffisamment d'avance pour aller au bout, tout s'est joué comme prévu dans la montée finale, longue de 11,1km à 7,8%, avec cinq derniers kilomètres à plus de 10% de moyenne. Alejandro Valverde (Movistar) a lancé les hostilités à quatre kilomètres du but. Une offensive qui a logiquement fait céder celui qui était alors leader du général, Nicolas Roche (Sunweb).

Mais la plus franche attaque a été l'œuvre de Lopez, à trois kilomètres de l'arrivée. Personne n'a pu prendre son sillage. Le leader d'Astana a su creuser des écarts importants. Valverde et Primoz Roglic ont été les seuls à limiter la casse (12'' de retard). Derrière, Pogacar a concédé 42'', Quintana 54'' et Chaves 59''. Pierre Latour (AG2R-La Mondiale) a lui terminé 9e du côté des favoris (12e de l'étape), à 1'18'' de Lopez. Au général, Lopez possède désormais 14'' de marge sur Roglic, 23'' sur Quintana (qui perd ainsi l'avantage acquis à la faveur de sa victoire à Calpe), 28'' sur Valverde et 57'' sur Roche. Une bonne opération pour le Colombien avant deux nouvelles arrivées au sommet, jeudi et vendredi. Premier Français au général, Latour remonte lui au 11e rang (+1'54'').

C'était la première fois que la Vuelta arrivait à l'Observatoire d'astrophysique de Javalambre, perchée à près de 2000m. À montée inédite, vainqueur inédit. À 31 ans, Angel Madrazo ne s'était jamais imposée sur la Vuelta, ni même sur un Grand Tour. L'ancien coureur de la Movistar - passé depuis par Caja Rural et Delko Marseille - ne comptait même que deux victoires chez les pros (une étape du Tour de Bessèges et la Classique d'Ordizia). Son troisième succès est de loin le plus beau. Et vraiment, personne ne l'avait vu venir.

Déjà, sur le papier, l'échappée avait très peu de chances d'aller au bout. Mais le peloton lui a offert la victoire sur un plateau en laissant au trio de fuyards jusqu'à onze minutes d'avance à 65 kilomètres de l'arrivée. Au sein même du groupe de tête, Madrazo était celui qui offrait le moins de garanties de s'imposer. A plus de 40 kilomètres de l'arrivée, il était distancé une première fois par ses deux compagnons, à savoir son coéquipier Jetse Bol et Jose Herrada (Cofidis). On le pensait fini, complètement cuit, et déjà repu de sa journée puisqu'il avait sauvé son maillot à pois en passant en tête des deux premières ascensions. Mais non, Madrazo, a fini par revenir sur une portion de plaine, peu après.

Dans la montée finale, Madrazo a de nouveau affiché ses limites. Une fois, deux fois, trois fois… A chaque accélération ou haussement de tempo d'Herrada, Madrazo perdait prise. Mais à chaque fois, il a fini par rentrer, au courage, en profitant de l'incapacité d'Herrada à se défaire de Bol (ce qui freinait le duo). À 400m de l'arrivée, après un énième come-back, c'est lui qui a lancé le sprint, clouant sur place Herrada, à court d'énergie et sans doute désabusé par ce scénario qu'il n'imaginait pas. A la stupéfaction générale, il s'est ainsi imposé avec 10'' d'avance sur Bol (doublé incroyable pour une équipe continentale pro), 22'' sur Herrada et 47'' sur Lopez. Un vainqueur improbable. Mais qui ne l'a vraiment pas volé.