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La Vuelta 2021 - Bernal et Roglic en mode offensifs vers les Lacs de Covadonga : pour le plaisir, tout simplement

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 01/09/2021 à 20:10 GMT+2

VUELTA 2021 - En sortant à plus de 60 kilomètres de l’arrivée au sommet des Lacs de Covadonga, Egan Bernal (INEOS Grenadiers) et Primoz Roglic (Jumbo-Visma) ont réalisé l’un des plus grands numéros de la saison, rendu grandiose par le succès du Slovène et les conditions climatiques compliquées. Un numéro basé sur l’instinct et sur l’envie de prendre du plaisir, tout simplement.

Egan Bernal y Primoz Roglic en la 17ª etapa de la Vuelta a España 2021

Crédit: Getty Images

Il avait pourtant prévenu. "Si je me sens bien, je bougerai, avait assuré Egan Bernal mardi après la 16e étape. Je n'ai rien à perdre, je me fiche d'être cinquième ou dixième au général". Et c’est exactement ce qu’il s’est passé sur la route des mythiques Lacs de Covadonga. Après avoir demandé à son équipier franco-russe Pavel Sivakov de durcir dans un premier temps l’allure sur les premiers kilomètres d’ascension de la Collada Llomena, le Colombien de la formation INEOS Grenadiers est passé à l’attaque.
A 61km de l’arrivée. Une distance qui paraissait folle, y compris pour les autres leaders. "Dans un premier temps, j'ai tenté d'y aller mais j'ai considéré que c'était trop loin de l'arrivée, que ça ne valait pas la peine de continuer", avouait Miguel Angel Lopez (Movistar) après l’arrivée. Mais Bernal et Primoz Roglic ne se sont pas posé la question, eux. Ils pensaient à toute autre chose.
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Roglic a décroché le jackpot, Bernal pas récompensé : le résumé d'une étape dantesque

On avait un plan mais, moi, j’avais autre chose en tête
Si les écarts ont été ce qu’ils sont à l’arrivée, si l’on a assisté à l’une des plus folles étapes de ces dernières années, c’est en grande partie en raison de la folle chevauchée lancée par le grimpeur de Zipaquira. Dans un cyclisme moderne qui prône depuis des années de compter ses coups de pédale, de garder l’œil sur ses capteurs de puissance à l’image de ce que pouvait faire Christopher Froome dans ses grandes années à la … Sky justement, de se faire la guerre à coups de seconde, l’attitude détonne. Mais, au contraire, c’est exactement le cyclisme que prône Bernal. C’est exactement comme cela qu’il aime courir. Et c’est d’ailleurs cela qu’il a osé d’aussi loin.
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Le moment où la Vuelta a basculé : la fugue de Bernal et Roglic à 61 kilomètres du terme

"Bien sûr, ce matin, au briefing, on avait un plan avec toute l’équipe, expliquait Bernal. Mais moi, j’avais autre chose en tête. Je pensais à me faire plaisir. J’ai souffert, parfois beaucoup souffert, pendant cette Vuelta… Mais aujourd’hui, j’avais enfin de bonnes jambes et je voulais durcir la course et c’est ce que j’ai fait". Depuis ses débuts professionnels, Egan Bernal n’a de toute manière jamais été avare de gros numéros. Il n’a jamais hésité, un peu à l’image de l’ensemble de la nouvelle génération (Pogacar, Evenepoel, Van der Poel), à partir dans de longs raids lorsqu’il en était capable. On se rappelle aussi qu’il avait attaqué à plus de 40km de l’arrivée pour prendre le maillot jaune sur le Tour 2019, même si les conditions l’avaient arrêté en plein raid dès la descente de l’Iseran.
Je n'ai pas vraiment réfléchi, j'ai juste décidé de faire la course
Voir Roglic prendre sa roue a bien plus surpris. Souvent qualifié d’attentiste, de calculateur, lui qui profite généralement des bonifications pour creuser l’écart avant de faire la différence en chrono, le Slovène n’avait en plus aucun intérêt à le suivre. Il avait même plus à perdre qu’à gagner. Mais le coureur de la Jumbo-Visma a lui aussi prévenu qu’il voulait gagner avec panache, qu’il allait prendre des risques pour rendre son succès final encore plus marquant. On l’avait déjà vu passer à l’attaque mardi dernier vers Rincon de la Victoria mais personne n’aurait imaginer partir avec Bernal aussi loin de l’arrivée alors qu’il possédait quatre équipiers à ses côtés. Mais Roglic n’a pas réfléchi. Il a laissé parler son instinct.
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Roglic s'est régalé : "Quand Bernal a attaqué, je me suis dit : il faut y aller"

"Je l'ai suivi si loin de l'arrivée parce que je me sentais bien, expliquait-il. Je n'ai pas vraiment réfléchi, j'ai juste décidé de faire la course et je pense que le résultat final m'a donné raison. On a longtemps fait l'effort à deux mais je gagne seul, le cyclisme est ainsi fait". Car, à force de tout donner, y compris dans la plaine, Bernal à fini par le payer, puisqu’il n’a pas pu suivre Roglic lorsque celui-ci s’est envolé vers la victoire dans l’ascension des Lacs de Covadonga. Le vainqueur du dernier Giro aura même été rattrapé par les autres favoris, sans qu’il regrette le moins du monde d’avoir autant donné.
Avec Egan, on a fait le show
"J’étais juste content de faire partie de cette histoire, racontait-il après l’arrivée. Peut-être que je l’ai aidé à s’imposer, mais c’était logique qu’il s’impose. Moi, je n’avais rien à perdre. C’était plus ou moins le leader de la course (le premier des favoris, ndlr) mais il a roulé avec moi, il m’a même emmené sur le plat. Primoz était le plus fort aujourd’hui et je suis heureux pour lui. Moi, je voulais vraiment me faire plaisir, profiter de cette étape. Je voulais juste courir comme je l’aime, c’est tout. Et j’ai pris du plaisir sur chaque kilomètre passé à l’avant, même quand c’était difficile".
Un plaisir partagé durant une cinquantaine de kilomètres avec le Slovène. "J'espère ne pas payer ces efforts demain (jeudi), mais j'ai vraiment pris du plaisir, avouait le nouveau maillot rouge de la Vuelta. Avec Egan, on a fait le show". Et pour cela, on vous dit merci messieurs !
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Egan Bernal y Primoz Roglic luchan por la victoria de etapa en la Vuelta a España 2021

Crédit: Getty Images

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