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Tour d'Espagne - Spectacle garanti mais écarts souvent réduits : la Vuelta au pied des mythiques Lacs de Covadonga

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 01/09/2021 à 11:33 GMT+2

VUELTA 2021 – Empruntée pour la première fois par le Tour d’Espagne en 1983, l’ascension des Lacs de Covadonga s’est très vite installée comme l’un des grands classiques de l’épreuve. Très spectaculaire, par ses paysages comme sur la route, la montée ne déçoit jamais, même s’il est rare que les écarts entre les meilleurs y soient importants.

Vista de la subida a los Lagos de Covadonga, escenario mítico de la Vuelta a España

Crédit: Getty Images

S’il y a une ascension en Espagne que l’on peut considérer comme la plus mythique, c’est bien celle-ci. Plus historiques que son voisin l’Angliru, plus durs qu’un Port d’Envalira, les Lacs de Covadonga sont bien souvent considérés comme l’Alpe d’Huez de la Vuelta. Une comparaison basée certes sur des caractéristiques assez proches mais surtout sur la répétition à laquelle on la retrouve sur le parcours du Tour d’Espagne. Depuis sa découverte en 1983, la montée asturienne a été 22 fois au programme de l’épreuve, dont pas moins de 15 fois en 17 éditions, en 1983 et 1997 (absences en 1990 et 1995).
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Lacs de Covadonga (Vuelta 2016)

Crédit: Getty Images

Comme l’Alpe d’Huez, elle est bien souvent au programme tous les deux ans désormais (comme entre 2010 et 2018). Sur le papier, les Lacs de Covadonga ne sont pourtant pas la montée la plus dure ou la plus longue que le Tour d’Espagne aime emprunter. Ses 12 km à 7% peineraient presque à en faire une ascension « Especial » (l’équivalent espagnol du Hors-Catégorie) qu’elle est pourtant largement. Il faut dire qu’il s’agit d’une montée particulièrement irrégulière, notamment sur le sommet, avec de nombreuses petites descentes (dont une de 1km avant la flamme rouge) qui faussent le pourcentage moyen des pentes de l’ascension.

2012-2014, le festival du trio Contador-Rodriguez-Valverde

Celles-ci alternent le plus clair de leur temps entre 8,7% et 16% ! Avec son pied plus difficile que sa partie finale, mais également une section - dite de La Huesera - de 15 % sur 800 mètres à 7 km du sommet, la montée des Lacs de Covadonga oblige également les favoris qui voudraient reprendre du temps à passer à l’offensive le plus tôt possible. De quoi favoriser un spectacle, souvent au rendez-vous dans cette mythique ascension.
Qui ne se souvient pas des magnifiques passes d’armes entre Alejandro Valverde, Alberto Contador et Joaquim Rodriguez en 2012 et en 2014 ? Les attaques s’étaient multipliées tout au long de l’ascension, avec près d’une dizaine de tentatives du Pistolero en 2012. En 2016, c’est en suivant le Madrilène que Nairo Quintana, intouchable cette année-là, s’envolera vers la victoire alors que Thibaut Pinot y avait décroché un succès de prestige en 2018, après une attaque à six bornes du but. Contrairement à ce qui a pu se passer cette année lors de la deuxième semaine de la Vuelta, les favoris n’escamotent jamais les Lacs de Covadonga.

Jamais plus de 25'' repris à son rival à Covadonga depuis 2010

Question de prestige bien sûr mais aussi de difficulté. Il n’est pas possible de se cacher sur une telle montée. Pourtant, il est bien rare qu’un favori y creuse des écarts conséquents. Les cinq dernières fois que le Tour d’Espagne a emprunté la mythique ascension des Asturies, les écarts entre les principaux favoris de l’épreuve ont été minimes, lorsqu’il y en a eu. A l’exception de 2016 et du "festival" de Nairo Quintana, le podium final de la Vuelta s’est toujours tenu en 12’’ ou moins sur la montée des Lacs de Covadonga.
2018 : Lopez (2e) reprend 2'' à Yates (futur vainqueur) et 6'' à Mas (3e)
2016 : Quintana (1er) creuse 25'' sur Froome (2e), et 1’02'' sur Chaves (3e)
2014 : Valverde (3e) et Rodriguez (4e) prennent 5'' sur Contador (1er) et 12'' sur Aru (5e) et Froome (2e)
2012 : Valverde (2e)-Rodriguez (3e)-Contador (1er) finissent ensemble, 35'' devant Froome (4e)
2010 : Mosquera (2e) reprend 11'' à Velits (3e), Nibali (1er) et Rodriguez (4e)
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Alejandro Valverde (Movistar), devant Alberto Contador (Tinkoff) et Joaquim Rodriguez (Katusha) lors de l'ascension des Lacs de Covadonga, sur la Vuelta 2012

Crédit: Getty Images

Perdre une dizaine de secondes irait sans doute largement à Primoz Roglic (Jumbo-Visma), qui possède une grosse marge en contre-la-montre sur ses adversaires directs, même si Enric Mas (Movistar), son rival direct, n’est pas le moins bien loti dans l’exercice. Mais il ne serait pas surprenant toutefois que, ce mercredi, les Lacs de Covadonga creusent des écarts bien plus importants qu’habituellement, vu le parcours proposé.

La Llomena pour favoriser les écarts ?

Alors que la Vuelta a longtemps abordé la montée finale sans autre ascension précédemment, ce n’est plus du tout le cas récemment, avec le Mirador del Fito (4,9km à 9,1%) emprunté en 2012, 2016 et 2018 (deux fois) ou le Puerto del Torno (8,4km à 5,6%). En 2021, la Vuelta s’offrira une double ration d’inédit avec le terrible Collada de Llomena. Avec ses 7,6km à 9,3% et des passages à 14%, c’est un immense morceau qui est rajouté sur la route du peloton du Tour d’Espagne et deux fois plutôt qu’une puisqu’il faudra se farcir ce monstre à 97 km et à 56 km de l’arrivée.
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Le profil de la 17e étape : Une nouveauté avant les Lacs de Covadonga

De quoi sérieusement entamer les organismes et priver les leaders de certains équipiers avant même le pied des Lacs de Covadonga. Il ne faut pas rêver, aucune équipe ne se lancera dans les grandes manœuvres avant la montée finale, vu les 40 kilomètres de vallée qui la précèdent. Mais l’ascension finale, elle, sera encore plus propice qu’habituellement à une bagarre entre grands d’Espagne. Sans équipe pour contrôler. Peut-être sans lieutenant pour sauver la mise. Cette fois, en plus du spectacle, les Lacs de Covadonga devraient bien créer des écarts. Et peut-être même des gros.
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