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TOUR D'ESPAGNE - Barème UCI et "course aux points" : pourquoi Bryan Coquard (Cofidis) a songé à quitter la Vuelta

Julien Chesnais

Publié 02/09/2022 à 19:57 GMT+2

VUELTA 2022 - Il se murmurait que Bryan Coquard abandonnerait à l’issue de la 13e étape. La raison d’une telle décision ? Aller disputer d’autres courses pour scorer un maximum de points pour sa formation Cofidis, à la lutte pour rester en World Tour. Si le "Coq" va finalement continuer la Vuelta, le simple fait que la question se soit posée montre l’absurdité du barème mis en place par l’UCI.

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La rumeur parcourait les abords du départ à Ronda. Bryan Coquard serait sur le point de quitter la Vuelta. Un dernier sprint sur la 13e étape puis basta. Trop fatigué le "Coq" ? Raté. Un test positif au Covid-19 ? Non plus. La raison était mathématique. Du pur pragmatisme. Le responsable est la fameuse "course aux points", comme l’a indiqué l’intéressé à l’arrivée de la 13e étape - dont il s’est classé 2e. Cofidis se bat en effet pour finir dans le top 18 du classement cumulant les points des trois dernières saisons. Un top 18 synonyme de billet en World Tour pour les trois années suivantes. L’enjeu est évidemment majeur pour l’équipe française comme pour les autres qui se livrent à une bataille acharnée depuis quelques mois.
On pourrait penser que les grands tours, là où s’affrontent la crème de la crème, sont très richement dotés en points. Que c’est là où se joue, plus qu’ailleurs, le destin des formations. Eh bien, ce n’est pas vraiment le cas. Et c’est pour cette raison que s’est posée, chez Cofidis, la question du retrait de Coquard sur la Vuelta. "C’était une éventualité, a reconnu "le Coq" au micro de FX Rallet. Mais ce n’est pas cette décision qui a été prise. Je continue cette Vuelta."
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Pedersen a mis tout le monde d'accord : l'arrivée de la 13e étape en vidéo

Le seul fait que cette idée soit venue à l’esprit des dirigeants d’une équipe montre toute l’absurdité du barème mis en place par l’UCI. Pour assurer sa survie dans l’élite, mieux vaut disputer les courses d’un jour les plus modestes au niveau professionnel (1.1) que d’aller (ou de rester) sur les épreuves les plus prestigieuses. Un contre-sens sportif - même si tout le monde connaît les règles depuis trois ans. Coquard en fait lui-même la démonstration, à notre micro : “Gagner une étape sur la Vuelta (100 pts) rapporte moins que sur Cholet-Pays de Loire ou la Tourangelle (125 pts).” Et quand on creuse, c’est encore plus frappant. Une 2e place d’étape sur la Vuelta, comme l'a obtenu Coquard vendredi, ne vaut que 40 points. Bien maigre vu le prestige du Tour d’Espagne.

Un top 5 sinon rien

Ici comme au Tour de France, hormis le général, seuls les 5 premiers de chaque étape peuvent scorer. Jérémy Lecroq (B&B Hotels p/b KTM) se rappellera toute sa vie de sa 6e place aux Champs-Elysées. Mais pour l’UCI, ça ne vaut pas un clou. En revanche, 6e de la Roue Tourangelle, c’est banco. 40 points dans la besace … soit autant que la 2e place de Coquard à Montilla. Pour un sprinteur, les courses par étapes ne sont donc pas vraiment fertiles - à moins de gagner à tous les coups.
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Une échappée rattrapée et un sprint bien ficelé pour Pedersen : le résumé de la 13e étape

A un peu plus d’un mois du terme de la saison, Cofidis pointe au 14e rang. Une place moins confortable qu’elle n’en a l’air. Dans la dernière version du classement, au 2 septembre, la formation nordiste, n’a que 850 points d’avance sur le 19e et premier relégable, Lotto-Soudal. Tout peut donc encore basculer dans le mauvais sens. Chaque course compte.

De lie, machine à scorer

Chez Lotto-Soudal, on possède une arme fatale en la personne d’Arnaud de Lie. La nouvelle star du sprint belge, 20 ans, collectionne les succès pour sa première saison dans l’élite. Neuf bouquets. Tous obtenus sur des courses d’un jour 1.1, à l’exception de la 3e étape du Tour de Wallonie. Son calendrier semble clairement dessiné pour rapporter un maximum de points à son équipe. Aucune course World Tour par étapes ne figure à son programme.
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De Lie devance Girmay au sprint : revivez l'arrivée

Autre curiosité : le calcul des points se fait au cumul des 10 meilleurs coureurs par formation. Leur stratégie s’organise ainsi autour de ces "heureux" élus. En milieu de saison, un coureur nous disait sa satisfaction d’avoir bien marché les premiers mois. Bien parti pour finir parmi les 10 meilleurs éléments de sa formation, il se voyait assuré d’être leader sur la plupart des épreuves restantes. Seul hic : son désir de participer à un grand tour (son premier en carrière) ne sera pas entendu. Priorité aux points plutôt qu’à son plan de carrière.

Mal équilibré

Revenons à Coquard : "En faisant 2e à la Tourangelle (85 pts), j’ai obtenu plus de points qu’en cumulant mes succès à l’Etoile de Bessèges (20 pts), au Tour de la Provence (30 pts), et mes 2e places à Paris-Nice (30 pts) et au Tour de Suisse (30 pts)". Bon, le "Coq" se trompe ici dans son calcul. Le total des quatre résultats cités (110) dépassent les 85 pts de la Roue Tourangelle. Mais dans le fond, il a raison. Tout ça est bien mal équilibré.
Ce système fait au moins des heureux. Les organisateurs des manches de Coupe de France voient débarquer chez eux bien plus d’équipes World Tour qu’à l’accoutumée. C’est au moins ça de gagné. Coquard, lui, poursuit sa route sur le Tour d’Espagne : "Je vais quand même faire un test antigénique ce soir, comme tous les soirs, mais normalement je serai au départ demain et dimanche aussi. Et il y a un sprint mardi." Où 100 points seront à décrocher.
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