Vuelta 2022 - Un équipier de moins et du temps de perdu : dimanche noir pour Primoz Roglic

La quête de quadruplé se complique de plus en plus. Vainqueur en 2019, 2020 et 2021, Primoz Roglic rêvait d'un nouveau sacre sur le Tour d'Espagne, quelques semaines après son abandon malheureux sur le Tour de France. Mais s'il a déjà gagné une étape à Laguardia, le Slovène de la Jumbo-Visma vit globalement une première semaine compliquée, marquée par deux défaillances en montagne, dont celle ce dimanche sur les pentes infernales de Les Praeres, au terme d'une journée noire à tous les niveaux. Encore distancé par le maillot rouge Evenepoel, mais aussi par Mas (Movistar), Ayuso (UAE Team Emirates) et Rodriguez (INEOS Grenadiers), Roglic a en plus perdu son meilleur lieutenant en montagne, Sepp Kuss. Une perte dont le Slovène a pris connaissance avant même le début de l'étape.

Déjà peu en forme samedi, l'Américain s'est finalement retrouvé fiévreux durant la nuit et n'a pas pu prendre le départ de la 9e étape. Un gros coup dur pour la Jumbo-Visma et son leader, privé de son principal soutien en montagne. "La perte de Sepp (Kuss) est un vrai inconvénient, a déclaré l'une des directeurs sportifs de l'équipe néerlandais Maarten Wynants. Il était censé être notre dernier coureur aux côtés de Roglic en haute montagne et un Sepp en grande forme est un vrai atout. Le perdre est dommage mais nous avons encore de bons coureurs pour soutenir Primoz". A condition qu'ils soient eux aussi en forme.

Et il faudra suivre attentivement les prochains jours de Mike Teunissen et Chris Harper, qui ont tous deux vécu une journée très compliquée. Le premier a été très vite distancé et a terminé bon dernier de l'étape (164e, + 33'20'') alors que le second est tombé lourdement dans l'ascension précédent Les Praeres. Il a toutefois fini (86e, + 14'19''), une des rares nouvelle positives du jour pour la Jumbo-Visma. Mais lui - pas plus que Sam Oomen ou Robert Gesink - n'a pu soutenir son leader, qui en aurait pourtant bien eu besoin, dans le final.

Lâché par Evenepoel, Mas et Ayuso au Pico Jano, Primoz Roglic avait quelque peu rassuré samedi en réussissant à tenir la roue du Belge et de l'Espagnol dans l'ascension du Collau Fancuaya. De quoi espérer une montée en puissance dans cette Vuelta et une belle performance sur la 9e étape, taillée pour son profil en théorie avec ces 3,9km à 12,9% pour finir. Sauf que le Slovène n'avait tout simplement pas les jambes. Mais n'est-ce qu'une question de jambes ? Se ressent-il toujours de son dos ? "Primoz n’est tout simplement pas à 100%", assure d'ailleurs l'autre directeur sportif Grischa Niermann. Et dans des pentes pareilles, ça ne pardonne pas.

Comme à Pico Jano, le triple tenant du titre n'a pas été en mesure de suivre le tempo imprimé par Remco Evenepoel. "Nous espérions que Primoz pourrait rester avec Remco, mais pour le moment il n’y en a que quelques-uns qui le peuvent, avoue Niermann. Nous avons essayé de limiter les dégâts. Je dois admettre que le trou avec Evenepoel était grand sur la ligne". Le problème, c'est qu'il n'a pas que le Belge devant Roglic. Deuxième homme fort de cette Vuelta pour l'instant, Enric Mas a encore devancé le Slovène de 8'' sur un terrain qui lui convient pourtant moins. Même topo pour les deux prodiges espagnols, Juan Ayuso et Carlos Rodriguez, qui ont repris respectivement 18'' et 6'' au Slovène. Derrière Evenepoel, les écarts n'ont pas été conséquents mais Roglic n'a été que le 4e homme dans la hiérarchie de Les Praeres. Un coup dur sur des pentes censées lui convenir. "Nous ne nous attendions pas à ce que Primoz s’éloigne de ses concurrents", admettait d'ailleurs Niermann.

Heureusement pour le Slovène, lundi lui offrira un jour de repos bienvenu pour se remettre la tête à l'endroit et espérer retrouver la plénitude de sa condition physique avant le contre-la-montre d'Alicante de 31km, mardi. Un autre moment primordial de sa Vuelta. Ses succès précédents sur le Tour d'Espagne, le leader de la Jumbo-Visma les a toujours construits dans l'exercice solitaire, que ce soit en 2019 (1'38'' des 2'33'' finales sur Valverde), en 2020 (49'' reprises alors qu'il n'y aura que 24'' au final) ou en 2021 (2'04'' sur les 4'42'' des Mas). Sauf que cette fois, il y a Remco Evenepoel en face.

S'il y a bien un leader capable de dominer le Slovène en chrono, c'est bien le Belge, double médaillé mondial (2019 et 2021) dans l'exercice. Mais l'important n'est pas là. "Je ne m’attends pas à un grand écart entre Remco et Primoz dans le contre-la-montre, affirme Niermann. Mais nous voulons prendre du temps aux autres leaders". Sur le papier, Primoz Roglic semble capable de rivaliser avec Evenepoel, de reprendre plus de 30'' à tous ses concurrents et plus d'une minute à Mas. Mais, sur le papier, la première semaine de la Vuelta semblait taillée pour ses qualités. Ne pas réussir un contre-la-montre positif à Alicante augurerait une Vuelta compliquée pour le Slovène. Encore plus qu'elle ne l'est déjà.