Vuelta 2023 | Sepp Kuss et les 17 secondes, Remco Evenepoel, les Bleus : les enjeux de la 20e étape

Sur un grand tour "normal", les 17 secondes qui séparent le leader de son dauphin à la veille de l'arrivée finale exciteraient les suiveurs. Mais cette Vuelta 2023 n'a rien de normal et au contraire, ce bien mince matelas semble assez confortable pour que Sepp Kuss aborde une étape, que l'on aurait qualifiée de tous les dangers en d'autres temps, avec confiance. Et pour cause, Jonas Vingegaard et Primoz Roglic ont révélé que la victoire devait revenir à leur habituel équipier, décision d'équipe et donc implacable.

Mais jusqu'où ? Non, les deux têtes d'affiches habituelles de Jumbo-Visma n'attaqueront pas. Mais ça ne veut en aucun cas dire que Sepp Kuss va passer une journée tranquille. Vingegaard comme Roglic ont pointé qu'il restait une étape très difficile ce samedi et sur le plateau des Rois de la Pédale jeudi, Jacky Durand a appuyé le fait qu'en cas de défaillance du maillot rouge, ses coéquipiers ne l'attendraient pas. Si les autres coureurs du Top 10, et en premier lieu des Espagnols (Ayuso, Landa et Mas) se font la guerre, Kuss peut encore (un peu) trembler.

Deux succès sur le Giro en neuf jours, trois autres sur la Vuelta, Remco Evenepoel est d'ores et déjà le coureur le plus prolifique sur les grands tours cette saison, devant les quatre victoires de Jasper Philipsen et les trois de Kaden Groves et Primoz Roglic. Preuve peut-être d'ailleurs que ses qualités répondent plus à celles d'un formidable chasseur de victoires sur un jour qu'à celles d'un coureur de trois semaines, domaine dans lequel il excelle pourtant.

Avant le Tour d'Espagne, s'il y avait une journée qui paraissait taillée pour Remco Evenepoel, c'était bien cette 20e étape. Dans son aventure avec lui vers Larra Belagua, Romain Bardet avait noté qu'il était extrêmement difficile de suivre son compagnon dans les pentes intermédiaires (5-6%). Samedi, entre Manzanares El Real et Guadarrama, aucune des dix ascensions ne dépasse ces pourcentages. Alors, prêts pour un nouveau show Remco ?

Sauf retournement de situation inattendu, la Jumbo-Visma va réaliser dimanche à Madrid un triplé historique. Privées de leur rival numéro un, Remco Evenepoel, les abeilles ont privatisé la "boîte", tant et si bien que les "autres" se battent pour un accessit bien maigre : la 4e place. Ironie de l'histoire sur le Tour d'Espagne, ce sont trois Ibères qui se la disputent : Juan Ayuso, Mikel Landa et Enric Mas.

Séparés par 30 secondes à l'avantage du premier cité, les trois n'affichent ni la même forme, ni les mêmes ambitions dans cette troisième semaine. Ayuso et Landa, surtout lui, ont beaucoup tenté dans les Asturies. L'aîné des trois n'a pas réussi à débouler le benjamin, mais il a doublé un Mas que l'on trouve fatigué. Alors lequel du trio, et alors que tous ont connu le podium d'un grand tour, aura le plus de jambes et d'envie pour cette place d'honneur ?

Un maillot rouge porté pendant deux jours (Lenny Martinez), une étape remportée à la surprise générale (Geoffrey Soupe), la France a déjà réussi son Tour d'Espagne, concluant une année où elle a globalement pesé sur les grands tours avec le maillot rose de Bruno Armirail et la 5e place de Thibaut Pinot sur le Giro et le succès de Victor Lafay sur le Tour. Mais les Bleus peuvent-ils ajouter une cerise sur le beau gâteau ?

Tracée comme elle est, cette 20e étape est promise aux échappés, sauf emballement précoce des leaders, ce qui n'est jamais à exclure dans le cyclisme moderne. Aussi, deux noms ressortent : Romain Bardet (Team DSM-Firmenich) et Romain Grégoire (Groupama-FDJ). Le premier a beaucoup essayé et s'il a souvent été battu par plus fort, sa forme est là. Le second a parfois manqué les bons coups mais il dit avoir de meilleures jambes qu'en première semaine. Ce serait un sacré exploit mais il ressortirait frustré de cette Vuelta s'il n'arrivait pas à se montrer à son avantage.